L'hôtel de Noël [Sope]

Chapitre 18

Yoongi avait toujours clamé aimer rester seul. Il détestait le bruit, l'agitation, et une légère anxiété sociale au cours de son adolescence avait accentué son amour du calme. Or, ce silence-là lui paraissait tout sauf calme. Électrique, dérangeant, c'était le plus assourdissant des silences.

Du fait de sa tendance à stresser parmi la foule, Yoongi avait vécu une journée difficile au magasin des Kim. Épuisé une fois le soir arrivé, il n'avait pas cherché à fournir le moindre effort avec Hoseok, dont il reconnaissait volontiers qu'il l'avait traité comme un idiot – et il regrettait. Par la suite, il avait tenté de se faire pardonner sans oser trop s'approcher de lui pour autant, et... désormais il comprenait pourquoi il avait des réserves concernant ce garçon : il était son exact opposé. Quand Yoongi se cachait dans son appartement, Hoseok sortait du sien pour passer du temps avec son entourage. Quand Yoongi s'astreignait à obéir à son père quitte à détester son métier, Hoseok reprenait des études pour travailler dans son domaine favori.

Personne n'attendait Yoongi, il ne souhaitait rentrer que pour retrouver le confort de sa propre chambre. Il n'avait rien prévu pour Noël. Pas de célébration entre amis, entre amoureux, ni même en famille. Noël, ce serait juste lui, à son bureau, en mâchonnant un sucre d'orge pour se convaincre que cette journée revêtait un petit goût de fêtes malgré tout.

Il imagina les festivités de Hoseok, pareil à celles qu'il avait connues auprès de sa mère, qui invitait toujours des proches pour le Réveillon – auquel son père n'assistait jamais, puisqu'il travaillait. La convivialité, la chaleur, les rires, la joie, et les cadeaux qui, même s'ils ne coûtaient pas grand-chose, signifiaient beaucoup.

Yoongi se pinça les lèvres, se passa les mains sur les yeux pour en chasser les larmes qui menaçaient, et il attrapa son ordinateur. Il ne souhaitait pas penser à son passé. La solitude lui réussissait, il gagnait bien sa vie et exerçait un métier stable et respectable.

Il n'avait pas besoin du reste.

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Hoseok descendit s'installer dans le salon zen. Son portable en main, il ne se sentait pas capable de lire : quand il était énervé, impossible pour lui de se concentrer sur quoi que ce soit. De fait, il se contenta de se promener sur les réseaux sociaux, jusqu'à ce qu'il décide d'envoyer un message à son aîné.

Hoseok – Je viens à peine de me réveiller que j'ai envie de buter ton actionnaire à la con. Sérieux, comment t'as pu me demander de le raccompagner en sachant que c'était un tel connard ! Moi, ton meilleur ami ! Je me sens trahi, félon ! T-T

Il tenait Seokjin au courant de ce qui se passait, notamment en ce qui concernait un potentiel dépannage de la limousine. Il en profitait aussi pour lui raconter le calvaire que représentaient ses interminables journées au côté du grand méchant Yoongi.

Par chance, Seokjin était levé.

Seokjin – T'auras droit à un gros câlin de la part de tout le monde quand tu reviendras, promis ! ♥

Hoseok – Ce serait bien le minimum !

Seokjin – Mais j'y pense, ça se passait pas un peu mieux, pourtant, hier ?

Hoseok – Si, et puis cette nuit également, mais ce matin, je sais pas, monsieur m'a pété sa crise. Insupportable...

Seokjin – Sans raison ?

Hoseok – Ouais.

Seokjin – T'as rien dit qui pourrait le vexer ?

Hoseok – Je lui ai dit que j'appréciais son geste (il m'a apporté le petit déj), et que j'espérais qu'on devienne amis (ouais j'avoue, j'ai été con, comment j'ai pu espérer être pote avec lui ?). Et lui, il m'a bien fait comprendre qu'il avait aucune envie qu'on se rapproche. Mais il l'a dit sur un ton si dédaigneux que c'était juste dégueulasse.

Seokjin – Peut-être que tu l'intimides ?

Hoseok – Moi ?

Seokjin – T'es quelqu'un de souriant, avenant, gentil et désintéressé. Tu crois qu'il en rencontre souvent, des gens comme toi, qui ont la naïveté de chercher une amitié sincère avec lui ? Je t'adore, Hoseok, mais pour le coup je peux comprendre qu'il se méfie, même s'il a mal réagi.

Hoseok – Tu vas quand même pas prendre sa défense !

Seokjin – J'ai pas dit ça. Juste... au magasin, il avait l'air froid et hautain, mais il avait l'air aussi très réservé – trop, même, si tu vois où je veux en venir. J'ai cru que c'était juste un type aigri qui détestait la foule, mais avec ce que tu m'as raconté hier, je me demande si ça cache pas quelque chose d'autre. S'il a été super gentil depuis hier soir et que d'un coup il se montre aussi méprisant, y a forcément une raison.

Hoseok – Je vois... T'as peut-être raison.

Seokjin – Tiens-moi au courant, je veux savoir si vous réussirez à devenir potes ! *.*

Hoseok – Mdr ça va devenir ton feuilleton de Noël.

Seokjin – Grave ! XD

Amusé, Hoseok reposa son téléphone puis poussa un soupir.

Oui... peut-être que Seokjin avait raison...