L'hôtel de Noël [Sope]

Chapitre 28

« Hyung, hyung, regarde ! J'adore ce genre de pulls !

— Des pulls moches ? grimaça Yoongi devant le vêtement qu'il jugeait hideux.

— Oui, c'est marrant ! Tu connais pas ? Aux États-Unis, c'est carrément revenu à la mode les pulls moches de Noël !

— Normal, les Américains n'ont aucun goût.

— Ah parce que t'en as, toi, du goût ?

— J'aime la sobriété, tout simplement.

— C'est nul, rétorqua Hoseok. Faut un peu de couleurs !

— Les plus grands couturiers sont presque toujours habillés en noir, la couleur, c'est passé de mode.

— Le noir, c'est déprimant.

— Donc tu trouves ma tenue déprimante ? » résuma Yoongi.

Son cadet le toisa : outre sa doudoune qu'il tenait à la main depuis qu'ils étaient rentrés dans la galerie marchande, le jeune homme avait enfilé un pull noir près du corps avec un jean slim de la même couleur. Il s'agissait des vêtements achetés par Hoseok quelques jours auparavant pour son aîné, dont il savait qu'il ne portait presque que cette couleur.

« Je trouve la couleur de ta tenue déprimante, précisa Hoseok.

— Ah ?

— Ouais. La tenue, elle, elle est carrément sexy.

— Hein ?

— Bah quoi ?

— Ma tenue n'est pas sexy ! se défendit Yoongi.

— C'est quoi le problème ? T'aurais préféré que je te dise que t'étais moche et que tu ressemblais à un sac ?

— C'est un pull et un pantalon, ça peut pas être sexy !

— Ceux-là, sur toi, ils le sont.

— C'est ridicule, grommela Yoongi de qui le regard fuyant traduisait l'embarras.

— Si tu le dis. »

Dans un haussement d'épaules, Hoseok se concentra de nouveau sur les pulls qu'il observait jusque-là. De la laine épaisse, des couleurs pétantes, des designs amusants : tout ce qu'il adorait ! Il en trouva même un qui représentait un renne dont le bout du museau s'allumait grâce à un minuscule interrupteur relié à une petite LED rouge.

« Je crois que je vais me le prendre, gloussa-t-il en attrapant le cintre, je suis trop fan !

— C'est vrai que ça t'irait bien, admit Yoongi.

— Je dois bien le prendre ? C'est pas toi qui disais qu'il fallait avoir aucun goût pour aimer ça ?

— Ouais, mais t'as aucun goût, justement.

— Oh va te faire foutre... »

Le sourire qui étira alors les lèvres du garçon valut bien l'outrage qu'il avait subi. Yoongi devenait adorable dès lors que son rictus dévoilait ses gencives, il paraissait innocent, presque candide.

Hoseok néanmoins préféra ne pas le lui faire remarquer, conscient que Yoongi s'en sentirait gêné. Il se contenta de reporter son attention sur son pull moche, rouge et vert avec un renne dessus, et il décida de passer à la caisse.

« Tu vas vraiment le porter ? s'étonna Yoongi alors qu'ils quittaient le magasin.

— Bah ouais, carrément ! C'est amusant !

— C'est humiliant, surtout.

— Faut pas toujours tout prendre au sérieux, hein ? T'as aussi le droit à un peu de fantaisie. Je suis sûr que ce pull va faire un tabac à l'hôtel, ça fera marrer les gosses et leurs parents.

— Et t'as pas honte ?

— Ils riront avec moi, pas de moi.

— Hum, je te le souhaite.

— Crois-moi : porter un truc con, quand on n'a pas confiance en soi, c'est normal que ça effraie, mais quand on le porte avec fierté et que les autres sentent que c'est juste pour rire, y a pas de mauvais jugement. C'est pas « il a l'air con avec ce pull », mais « ouah, ce pull est moche, c'est trop drôle » !

— Tu penses vraiment que les gens puissent être aussi cléments ?

— À l'approche de Noël, oui. Et ceux qui ne le sont pas, ce sont des cons. Oui, voilà : ce pull est un révélateur de personnes aigries. Et toi, hyung, t'es aigri.

— Je suis pas aigri ! s'emporta Yoongi avec un air outré.

— Si, t'es aigri : tu t'amuses jamais, tu juges tous ceux qui, eux, s'éclatent, et tu me casses toujours tous mes délires. Après... je pense que t'es pas non plus un vrai aigri.

— C'est quoi encore ce délire ?

— Ça se voit que t'es juste quelqu'un d'introverti, alors... c'est pas surprenant que t'aimes pas l'idée de te mettre en avant. Mais c'est pas grave, c'est ton caractère, et ça t'empêche pas d'être mignon.

— Je suis pas mignon, râla Yoongi.

— Moi je trouve que si ! »