Stupéfait par le répondant de son conducteur, Yoongi demeura immobile un instant. Hoseok s'éloignait déjà, et même s'il le haïssait, il se voyait mal rester seul dans le véhicule, surtout s'il devait patienter au moins jusqu'au lever du soleil ! Il serra les dents, mit sa fierté de côté, et fila à la limousine récupérer ses affaires. Il rejoignit ensuite l'autre garçon dont il ne distinguait plus la silhouette du fait de la tempête qui continuait de hurler. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il tourna un regard mauvais vers lui.
« Environ trois kilomètres, vous avez dit, c'est bien ça ? s'enquit-il.
— Oui.
— À notre rythme de marche, on y sera d'ici au moins une demi-heure. Vous êtes sûr qu'il vaut pas mieux attendre dans la limousine ?
— Vous voulez mourir ?
— Il y fait pas si froid, répliqua Yoongi.
— Non, mais si on reste au même endroit, je risque de vous étriper. »
Yoongi s'écarta de quelques centimètres sans même s'en apercevoir, réflexe qui tira un rictus à Hoseok. Découvrir que ce garçon froid et mauvais le craignait lui apportait une étrange fierté. Pour une fois que la balle changeait de camp ! Hoseok ne parvenait tout simplement pas à se laisser marcher sur les pieds ; il l'avait trop fait, et vivre avec les Kim lui avait appris qu'il avait le droit d'avancer le menton haut, quel que soit son métier ou son statut social. Il méritait le respect qu'on devait à chaque être humain.
« Vous êtes pas sérieux, répliqua Yoongi.
— Oh si, très. Vous avez de la chance que je vous laisse m'accompagner. Faut croire que j'ai pas perdu toute trace de bonté, moi.
— Et moi si ?
— Non, vous n'en avez sûrement jamais eu. Et désolé de vous l'apprendre, mais ça, ça s'achète pas.
— Je vous emmerde, siffla Yoongi.
— C'est réciproque. »
La conversation s'arrêta là, avec un soupir exagéré de Yoongi qui fit esquisser un nouveau sourire à Hoseok : il lui avait accordé le dernier mot, une fois de plus. Il éprouvait la sensation, par ce biais, de prendre le dessus sur cet idiot, et la satisfaction qu'il en retirait dépassait l'entendement ! Ravi de cette joute verbale dont il sortait victorieux, le chauffeur s'assura de se tenir bien droit, de fixer l'horizon devant lui et d'avancer d'un pas aussi sûr que fier. Déterminé à ne pas se laisser marcher sur les pieds, il progressa plus vite que Yoongi qui, pour sa part, restait le nez dans sa doudoune. Hoseok se moquait du froid, les efforts qu'il déployait pour effectuer la moindre foulée le réchauffaient. Il ne se démontait pas, préférant ne pas laisser son infâme passager comprendre qu'il était frigorifié.
Juste une demi-heure, il n'en mourrait pas.
Un quart d'heure s'était écoulé quand Yoongi ralentit de manière prononcée, si bien que Hoseok jeta un regard par-dessus son épaule : il détestait cet homme, mais jamais il ne l'abandonnerait au milieu de nulle part, une nuit où grondait la tempête. Dans un soupir, il se stoppa.
« Bon, vous vous dépêchez, râla-t-il, vous êtes lent.
— Je fais ce que je peux, idiot, je ralentis pas pour le plaisir.
— Bah encore heureux. Et pourquoi est-ce que vous ralentissez, alors ?
— J'ai mal aux jambes, j'ai les pieds gelés, et j'ai rien mangé depuis midi.
— Oh, pauvre chou, je suis dans la même situation que vous. J'ai juste eu le temps de grignoter un fruit en milieu d'après-midi. Sauf que moi, j'ai passé ma matinée dans le ménage, pas à me balader dans un magasin. Bougez-vous, et arrêtez de faire l'enfant.
— Je vous emmerde, feula Yoongi.
— Vous voyez : vous m'insultez, mais c'est moi qui dois vous tirer pour avancer, pas l'inverse. »
Et sur ces mots, alors que son ennemi juré venait de le rattraper, Hoseok agrippa son bras et reprit son chemin. Surpris, Yoongi se laissa faire sans répliquer, et ses pas lui semblèrent plus légers qu'auparavant. Hoseok en revanche peinait plus que de raison : il s'épuisait à tirer son aîné en même temps qu'il luttait contre la tempête, et après quelques minutes, même si le thermomètre affichait des négatifs affolants, de grosses gouttes de sueur se mirent à perler sur le front et dans la nuque du jeune homme. Chaque coup de vent qui y soufflait le rafraîchissait un peu, mais très vite ce fut à son tour de ralentir, tandis que Yoongi avait repris des forces.
Hoseok le lâcha, et l'autre lui jeta un discret regard pour évaluer son état.
« On devrait arriver d'ici cinq minutes, affirma Yoongi. Allez, on y est presque.
— Faites attention, je vais croire que vous cherchez à m'encourager, se moqua Hoseok.
— Vous avez pas l'air en bon état, j'ai juste pas envie d'avoir à vous tirer sur le reste du chemin, j'en aurais pas la force, je préfère vous le dire tout de suite.
— Je sais, ça se voit au premier regard.
— Connard. »
Hoseok répliqua par un rictus moqueur et une étincelle joueuse dans le regard.
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L'hôtel de Noël [Sope]
Fanfiction[Terminé] Chauffeur de la famille Kim depuis quelques années, Hoseok avait toujours été traité comme un membre de la famille et respecté par Seokjin et Taehyung, désormais propriétaires du magasin que Namjoon et Jimin les aidaient à gérer. Il avait...