L'hôtel de Noël [Sope]

Chapitre 9

Arrivé à la chambre, Yoongi laissa tomber le yo sur le sol, sans la moindre considération. Il retira ses chaussures et alla s'asseoir sur le lit. Hoseok enleva les siennes, attrapa son matelas de fortune qu'il déplia à l'autre bout de la pièce. Lui qui éprouvait toujours quelques douleurs dans le bas du dos après sa matinée de ménage, il était convaincu de passer une nuit atroce...

Yoongi sortit de son sac son portable qu'il connecta au réseau internet de l'hôtel. Il en profita ensuite pour téléphoner.

« Allô... Oui, c'est monsieur Min. J'aurais besoin d'un chauffeur avec une voiture. »

Il expliqua l'incident et indiqua le nom de l'établissement. Après quelques dizaines de secondes, Yoongi pâlit et son visage se décomposa.

« Pardon ! Une semaine ! C'est une blague ! »

À l'entente de cette exclamation, Hoseok écarquilla les yeux. Quelques instants passèrent.

« Et des pneus neige ? Un hélico ? Merde, je vais pas faire la réunion de demain en visio ! »

Nouveau soupir, et Yoongi prit un air résigné.

« On peut pas envoyer de dépanneuse pour la limousine ? »

Yoongi finit par remercier son correspondant et raccrocher.

« Les alentours sont paralysés par la neige, expliqua-t-il à Hoseok. Impossible d'accéder à l'hôtel ou au village le plus proche. La réceptionniste avait raison : on va devoir rester là plus d'une nuit. J'ai demandé une voiture équipée en conséquence, mais on m'a répondu que la région était trop dangereuse. T'es vraiment passé par l'endroit le plus merdique pour rejoindre Daegu, bravo.

— Pour rejoindre Daegu ? T'es drôle, toi : je te rappelle qu'à cause de toi qui voulais absolument avancer, j'ai roulé une heure sans GPS et sans rien voir autour de moi. Il suffit que je me sois planté à la première intersection pour aller plus à l'ouest que prévu et boum, direction les montagnes.

— T'es vraiment un chauffeur de pacotille.

— Toi en revanche, t'es un emmerdeur professionnel. Je t'avais dit que le GPS ne fonctionnait plus. Tu m'as demandé de continuer quand même, t'assumes.

— Qu'est-ce que t'es chiant... Bon, je vais me changer et me coucher, t'as pas intérêt à ronfler.

— Toi non plus.

— Je ronfle si je veux, moi.

— Ah vraiment ?

— Oui, parce qu'aux dernières nouvelles, on va rester ici au moins une semaine, et toi t'as pas un rond pour payer. Je paie, je ronfle. C'est tout.

— Connard. »

Le rictus victorieux de Yoongi laissa à Hoseok un goût amer quand il le vit se lever pour se rendre dans la salle de bains. Agacé, le jeune homme attrapa son propre smartphone. Il lui restait peu de batteries, par chance il avait pris l'habitude de toujours garder son chargeur avec lui, bien au chaud dans la poche intérieure de son manteau imperméable – plus d'une fois il en avait eu besoin au cours d'un trajet un peu long.

Yoongi sortit quelques instants plus tard de la pièce attenante. Il ne portait plus que son t-shirt et un caleçon, tenue qui dévoilait ses jambes pâles et d'une maigreur surprenante. Hoseok ne parvint pas à s'empêcher d'y fixer son regard quelques brèves secondes.

« J'y pense : t'as quel âge ? s'enquit Yoongi tandis qu'il rangeait ses affaires.

— Euh... vingt-quatre, pourquoi ?

— Juste pour savoir.

— Et toi ?

— Vingt-six, c'est moi l'aîné.

— Super...

— Un peu de respect.

— Je ne respecte que ceux qui méritent de l'être. Je vais me changer. »

Yoongi n'avait même pas formulé de réponse que déjà Hoseok passait devant lui, l'air fier, le menton droit, preuve du mépris qu'il lui accordait. L'autre esquissa un rictus, sidéré puis amusé par sa réaction. Quitte à rester enfermé ici pendant une semaine, au moins une chose lui paraissait évidente : il ne risquait pas de s'ennuyer...

Quand Hoseok sortit, il ne manqua pas le regard de Yoongi sur son corps. Vêtu lui aussi d'un t-shirt et d'un caleçon, il ouvrit sous les yeux de son aîné l'armoire de la pièce pour en tirer les couvertures qui lui serviraient cette nuit. Gêné du regard insistant qu'il sentait sur lui, il se retourna pour planter ses yeux agacés dans ceux de Yoongi.

« C'est bon, t'as fini de me mater ?

— Pas encore.

— Pardon ?

— Tu me mates, je te mate, t'es pas le seul à avoir le droit de profiter un peu.

— Non mais j'en reviens pas...

— Que je t'aie surpris en train de me fixer bien lourdement ? le taquina Yoongi.

— Non, que t'en profites pour te rincer l'œil.

— Donc ça veut dire que je ne peux plus regarder ton joli petit fessier ?

— Mais tu te fous de ma gueule !

— Même pas. Je constate, c'est tout.

— C'est bon, je m'excuse. Content ? Tu vas arrêter de me fixer ? râla Hoseok.

— Ça me va, excuses acceptées, » opina son aîné avec un rictus.

Hoseok poussa un soupir soulagé quand l'autre détourna de lui son regard insistant. Il frémit sans savoir pourquoi et termina de préparer son lit pour s'y coucher. Le matelas s'avérait confortable, mais encore trop fin pour lui qui aurait bien besoin de quelque chose de plus épais.

Il maudit Yoongi tandis que ce dernier, après avoir éteint la lumière, s'allongeait à son tour et s'endormait.