Chapitre 40

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Rentrés quelques dizaines de minutes plus tard, les deux amis se sentaient plus sereins.

« Même pas onze heures, constata Hoseok en retirant ses chaussures. Tu veux faire un truc en attendant le déjeuner ?

— Après une marche de trois quarts d'heure dans la neige, je t'avoue que je rêve d'un bruit de cascade et d'une odeur d'encens, pas toi ?

— Ouais, ça pourrait être sympa.

— Ça le sera toujours plus que ton idée...

— La bataille de boules de neige, c'était une super idée ! protesta Hoseok avec un regard hautain. Arrête de faire genre que ça t'aurait pas plu !

— Quand je disais que t'étais un vrai gosse...

— Si grandir c'est être aussi grognon, je préfère encore rester un enfant.

— Je préfère grogner que bouder, rétorqua Yoongi.

— Bon, partons : j'ai envie d'aller bouder à l'espace zen. »

L'aîné ricana et opina. Ils se changèrent, troquant leurs vêtements chauds pour des habits plus légers, et ils quittèrent leur chambre peu après. Yoongi paya à la réception et offrit à son ami une heure de tranquillité en sa compagnie. Les deux garçons n'attendirent pas une seconde de plus pour se rendre à l'endroit de leur convoitise. Ils retirèrent leurs chaussures en entrant et sans hésiter, Yoongi s'installa sur les yo au sol, un large sourire aux lèvres.

Cette pièce, du fait de sa chaleur un peu plus élevée que dans le reste de l'hôtel et de l'odeur de sauge blanche qui flottait aujourd'hui, lui donnait une sensation de cocooning indescriptible. Il attrapa un plaid – trois avaient été pliés au bout des matelas, pour ne pas déranger ceux qui ne souhaitaient pas s'emmitoufler dedans – et s'en recouvrit, puis il poussa un soupir de bien-être et jeta un regard à Hoseok qui fixait les fauteuils d'un air dubitatif.

« Tu comptes les regarder longtemps ou tu vas finir par t'asseoir dessus ? se moqua-t-il.

— Maintenant que mon dos va bien, ils me font un peu moins envie... je préfèrerais venir sur les matelas avec toi, je peux ?

— Tant que tu m'écrases pas pour t'installer, tu fais bien ce que tu veux...

— Merci, hyung !

— Mer remercie pas, c'est normal. »

Joyeux de nouveau, Hoseok enjamba son aîné avec prudence pour s'installer à son tour parmi les oreillers, et il attrapa un plaid gris. Excessivement doux, il apporta aussitôt au jeune homme une sensation de réconfort, si bien que Hoseok osa reprendre la parole.

« Hyung...

— Quoi encore ?

— Ça m'aiderait à être plus zen... de me reposer près de toi.

— Hein ? lâcha Yoongi en se retournant, stupéfait, vers son ami pour le regarder en face.

— J'ai vraiment besoin de répéter ?

— Mais... t'entends quoi par « près » ?

— Juste... comme ça. »

Et Hoseok se rapprocha sans quitter son aîné du regard, attendant de sa part un quelconque signe de refus. Parce qu'il n'en vit pas, il termina son mouvement : tous deux étendus sur le flanc, ils étaient si près l'un de l'autre qu'ils sentaient la chaleur de leur ami se mêler à la leur. Hoseok appuya le front contre le torse de Yoongi et en fut relaxé en dépit du plaid qui l'empêchait d'entendre son cœur battre. Il sourit, heureux d'être autorisé à une telle position : il savait Yoongi très vite mal à l'aise avec ce genre de marques d'affection, détail peu étonnant au vu de sa timidité, alors... il éprouvait la sensation d'être spécial.

« Je suis bien comme ça, merci, murmura le plus jeune.

— Hum... si tu le dis.

— T'aimes pas ?

— J'ai pas dit ça.

— Alors ça te plaît ?

— Je déteste pas.

— C'est une litote.

— C'est quoi ?

— « Je déteste pas », c'est une figure de style, et ça s'appelle une litote : tu dis peu pour suggérer beaucoup. Tu dis que bof, tu détestes pas, alors qu'en fait... toi aussi, ça te plaît vraiment.

— Démasqué, souffla Yoongi après de longues secondes.

— J'en étais sûr. Moi aussi, ça me plaît vraiment.

— Allez, repose-toi, maintenant. La journée risque d'être longue... »

L'autre approuva et, une fois ses paupières closes, il se sentit s'assoupir peu à peu. Sans s'inquiéter des clients de l'hôtel qui venaient profiter de cette pièce, sans s'inquiéter de ce que leur proximité signifiait, sans s'inquiéter de leur séparation prochaine... ils s'endormirent tous deux en un instant, soulagés de se rapprocher un peu plus chaque fois.

Sans les plaids, peut-être se seraient-ils rendu compte que le cœur de leur ami s'était emballé quand ils s'étaient installés l'un contre l'autre.

L'hôtel de Noël [Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant