Chapitre 37

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Une fois le total des points terminé, il apparut que Yoongi et Hoseok dominaient le classement. Les deux amis reçurent donc la médaille d'or que l'aîné laissa à son cadet, de même que la peluche. Bons joueurs, tous les autres applaudirent, et les garçons passèrent un moment à discuter ensemble avant de remonter à leur chambre, le ventre et le cœur remplis.

« C'était une soirée géniale ! s'extasia Hoseok. Ouah, hyung, j'avais rarement fait des trucs aussi cools sur le thème de Noël, j'ai adoré !

— C'était sympa, oui, et puis on rentre pas les mains vides.

— D'ailleurs, t'es vraiment sûr que tu veux pas au moins la médaille ?

— Non, non, garde-la. T'en prendras plus soin que moi.

— Bon... comme tu le sens. »

Hoseok bâilla et décida d'aller se coucher. Il se changea pour son pyjama confortable et s'allongea après avoir éteint la grande lumière. L'autre l'imita, ne laissant que leur lampe de chevet allumée.

« Bonne nuit, souffla Hoseok.

— Bonne nuit. Ça va, t'as pas mal au dos ?

— Non, je me sens super bien, je te rassure. Quand je suis pas affalé, y a vraiment aucun souci, et depuis cet après-midi, ça va encore mieux. »

Tous deux étendus face à face sans se voir, ils fermèrent les paupières. Sous les couvertures, la chaleur de leur cœur égalait celle de leur corps. Hoseok, pourtant, si Yoongi le lui avait autorisé, n'aurait pas hésité à se blottir dans son étreinte. Il dormait peu avec d'autres personnes ; il avait déjà connu une courte aventure – une relation d'une semaine – et si quelque chose l'avait marqué, c'était bel et bien qu'il adorait se prélasser dans les bras de...

Dans les bras de quelqu'un qu'il aimait.

Dans un mouvement brusque, Hoseok se tourna dos à son aîné, les joues cramoisies. Mais à quoi venait-il de songer, bon sang ! Comment avait-il pu oser penser à Yoongi de cette façon ? S'il existait bien un garçon qui ne risquait pas de l'aimer un jour, c'était bien lui. Et à quoi bon, de toute façon ? Dès le lendemain, ils se sépareraient pour ne jamais se revoir !

Dépité mais incapable de raisonner ses sentiments, Hoseok poussa un soupir muet : de l'attirance, il en avait vite éprouvé pour ce beau jeune homme à la peau aussi pâle que la neige, mais... qu'il se sente aimanté tant par son physique que par sa personnalité, il ne l'aurait pas imaginé. Yoongi pourtant s'était peu à peu révélé bien différent du riche égocentrique que Hoseok s'était d'abord figuré dans la limousine.

Il était un garçon qui avait attendu qu'autrui ose le premier pas, ce pas que lui-même ne parvenait pas à faire. Il était un garçon qui, devant la malveillance dont on avait témoigné à son encontre, avait fini par devenir celui qu'on lui avait fait croire qu'il était, sans pour autant que son cœur change. En surface, il paraissait donc dur et méprisable, cependant il avait gardé sa bonté et sa générosité.

« Hyung... t'es vraiment sûr que tu voudras pas venir au réveillon des Kim ?

— Je pense pas qu'ils seraient ravis de me voir.

— Moi je pense qu'au contraire ils seraient très heureux de constater que tu te joindrais à nous avec plaisir.

— C'est des clients de notre société, j'aurais peur que ça les mette mal à l'aise.

— T'en fais pas pour ça : Soekjin et Taehyung acceptent tout le monde à leur table, tant qu'il s'agit de personnes bienveillantes venues là avec l'intention de fêter Noël dans la joie.

— Je peux pas venir, de toute façon.

— À cause de la neige ? hasarda Hoseok.

— Non. J'ai reçu un message de mon père en fin d'après-midi. Chaque année, le vingt-quatre au soir, notre entreprise organise un gala de Noël, mais j'y participe jamais, j'aime pas voir autant de monde. Sauf que cette année, mon père compte annoncer que je reprendrai la société et que je suis dès maintenant PDG adjoint. Alors j'y suis attendu, c'est obligatoire.

— Oh... je comprends. Et... j'imagine que ça doit te faire plaisir de reprendre la société de ton père.

— Ouais, passer de quarante-cinq à soixante-dix heures de taf par semaine, j'en rêve, ironisa Yoongi.

— Ah merde... et tu peux pas juste refuser ?

— J'ai essayé des dizaines de fois, mais il refuse de m'écouter. J'imagine que c'est pas si mal, finalement : je vais avoir un job super bien payé, de l'argent, et je serai dans les magazines d'économie.

— Et ça te fait plaisir ?

— Je sais pas.

— T'en feras quoi, de tout cet argent, si t'as pas le temps d'en profiter ?

— Je l'économiserai pour le jour où je rencontrerai un autre chauffeur un peu empoté qui m'obligera à passer une semaine dans un hôtel paumé au milieu des montagnes. Et peut-être que cette fois, je me l'achèterai, ce pull moche de Noël. »

L'hôtel de Noël [Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant