L'hôtel de Noël [Sope]

Chapitre 25

Yoongi le regarda de travers, mais Hoseok ne se démonta pas.

« Je suis moi-même, pourquoi ? répliqua-t-il d'un ton froid.

— Alors t'es vraiment un garçon distant, froid, moqueur, et qui n'apprécie rien ? Laisse-moi rire...

— Et pourquoi j'aurais pas le droit de l'être ?

— J'ai jamais dit ça. Je dis juste que c'est quand même dommage : t'as bien le droit d'être comme tu veux... mais tu te sentirais beaucoup mieux si tu t'autorisais à agir selon ton cœur.

— Qui te dit que j'en ai un ? souffla Yoongi en baissant les yeux.

— Je l'ai senti battre quand t'as dormi contre moi.

— Il bat juste pour que je vive.

— Mais est-ce que tu vis vraiment ?

— Je respire.

— Ça ne suffit pas pour vivre.

— Ça me suffit, à moi.

— T'en es vraiment sûr ?

— Je suis sûr que je vis, répliqua Yoongi.

— Alors profites-en, pour une fois.

— J'en profite à ma manière.

— C'est vrai ?

— Ça doit l'être.

— Mais est-ce que ça l'est ? T'as vraiment l'impression de profiter ?

— Peu importe, rétorqua encore Yoongi que cette conversation sans queue ni tête commençait à ennuyer.

— Moi, ça m'importe.

— Pourquoi ?

— J'aimerais que tu sois heureux.

— Pourquoi ?

— Faut croire que je t'apprécie et que je souhaite juste ton bonheur...

— Pourquoi tu m'apprécies après tout ce que je t'ai fait ?

— Justement parce que je sens que t'es pas toi-même, et que je suis convaincu que la personne que tu es vraiment est bien plus douce et gentille que celle qui se tient devant moi.

— Et si tu te trompais ?

— Je me trompe pas, affirma Hoseok, et tu le sais aussi bien que moi.

— J'ai besoin de nouvelles chaussures. »

Un sourire naquit sur les lèvres de Hoseok quand son ami jeta un regard circulaire avant de filer en direction du magasin qu'il cherchait. Piètre tentative de changer de sujet, mais au moins la théorie du jeune homme se vérifiait : Yoongi dissimulait sa personnalité, il en avait honte. Quel dommage qu'il refuse de dévoiler sa vraie nature...

Dans la boutique, l'aîné trouva sans grand mal des bottes épaisses, rembourrées et étanches, afin que le trajet du retour ressemble à une banale promenade de santé. Une fois son achat payé, Yoongi se débarrassa de ses chaussures mouillées et glacées, et à peine eut-il enfilé sa nouvelle paire qu'il poussa un soupir de satisfaction : quel bonheur !

Hoseok sourit devant son visage apaisé et il lui tendit la main pour l'aider à se relever du banc sur lequel il s'était assis.

« Il est bientôt midi, on va déjeuner ? proposa-t-il.

— Ouais, je commence à avoir faim moi aussi. »

Ravis, les deux garçons se rendirent dans le restaurant duquel s'échappait un savoureux fumet. Il s'agissait d'une petite enseigne à la décoration sobre mais moderne. Elle proposait une poignée de plats traditionnels entre lesquels Yoongi et Hoseok hésitèrent une fois installés à table.

« Tout me fait envie, c'est dramatique, soupira le cadet.

— Choisis au hasard.

— Tu vas prendre quoi, toi ?

— Ça pourrait t'aider à choisir de savoir ce que je vais prendre ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Parce que je sais qu'il faudra pas que je prenne la même chose.

— Et pourquoi ?

— Parce que de toute façon, je pourrai t'en piquer.

— Ah tu crois ça ? ricana Yoongi d'un ton mauvais.

— Ouais. Tu voudrais pas que je fasse un scandale dans le restau, hein ?

— T'es vraiment un gamin...

— Je sais, hyung ! se réjouit Hoseok. Alors, tu prends quoi ?

— Je te le dirai pas, commande d'abord.

— Je peux aussi bien le faire maintenant, mon scandale, t'es prêt ?

— Je voulais prendre le bœuf pour un barbecue, content ? râla Yoongi en désignant du menton le grill sur leur table. Et un assortiment d'entrées, pour nous deux.

— Oh... donc de base tu comptais partager ?

— Ouais.

— Alors dans ce cas je vais commander du porc pour le barbecue, et un assortiment de desserts ! Comme ça, ce sera complémentaire et on va se régaler ! »

La mine jusque-là assombrie de Yoongi laissa place à un air plus serein, accompagné même par un léger sourire. Hoseok se sentit sur un petit nuage, et dès lors qu'ils eurent commandé, la conversation reprit. L'aîné n'appréciait pas beaucoup parler, mais... il aimait bien écouter son cadet déballer mille informations à la fois, s'emmêler les pinceaux puis passer à autre chose de manière tout à fait naturelle. Il trouvait ça mignon.