/🔫 / L'ouverture du zoo

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Je n'ose même pas regarder par la fenêtre alors que le ronronnement mécanique est juste devant chez moi. Paralysée, je réfléchis à toute vitesse à la plus vieille question de l'humanité :

Comment survivre ?

Car il s'agit bel et bien de survie à ce niveau-là. Vu les messages que ce malade m'a envoyés, je pense pas qu'il ait traversé tous les États-Unis pour venir s'excuser autour d'un verre. Mais ça fait combien de jours qu'il est sur la route ?! Il est taré bordel !

De vieilles douleurs réapparaissent. Je me rappelle son regard, de sa colère, de sa haine, de ses phalanges et de ses mots. Je n'arrive plus à me concentrer, tout mon corps est affolé. Fuir ? Non il m'attrapera bien plus facilement. Il faut que j'appelle la police, seuls eux pourront me protéger ! J'essaye d'attraper mon téléphone, mais je n'arrive même plus à bouger. Je le vois, juste là, sur mon lit, mais mon corps ne répond plus. Tous mes muscles sont tendus alors que je sens une goutte de sueur dévaler mon front à toute vitesse.

Le bruit de sa voiture s'arrête.

Je parviens à me libérer de ma terreur et saute sur mon portable. Je tremble, mais réussis tout de même à composer le 911 avant de voir le petit symbole en haut de l'écran : pas de réseau.

C'est pas possible ! Dites-moi que je rêve !

Toute mon âme pleure de terreur, bloquée dans mon corps tremblant.

C'est pas possible.

C'est pas possible.

C'est pas possible ! Il ne peut pas être là ! J'ai tout fait pour ne plus jamais le revoir, il ne peut pas être là, pas devant chez moi !

Mon cerveau patine, cherchant une solution tout en étant incapable de réfléchir. Je ne peux pas sortir de la maison ni appeler la police. Il faut que j'aille prendre un couteau !

Toc-toc-toc

Il est là pour moi... Je n'ose même pas me lever pour aller m'armer tant mes jambes tremblent. Je tomberais immédiatement si j'essayais de me mettre debout, écrasé par le poids de la terreur. J'aperçois alors le talkie-walkie et l'attrape presque instantanément. Je me retiens de crier pour ne pas qu'il m'entende.

« Charly ! Je t'en supplie appelle la police, j'ai pas de réseau et il est là ! Il va me tuer s'il rentre ! »

Elle répond étonnamment vite : « Qui ça ?

— Mon ex, je t'en supplie appelle la police il va me buter ! »

Une voix venue des enfers brise soudainement le silence de la nuit. Une voix qui m'a d'abord couverte d'amour pour mieux me manipuler et me rabaisser derrière. Une voix qui m'a poussé à traverser tous les États-Unis pour m'en éloigner. Mais elle m'a retrouvé.

« Emily ! Aller ouvre-moi ! On va s'expliquer ! »

Si je n'étais pas allé aux toilettes un quart d'heure avant, je me serais littéralement pissée dessus. Mes yeux s'écarquillent tandis que je sens ma pupille disparaître dans mes iris, comme pour se cacher. J'ai l'horrible sensation d'être déjà en train de mourir. Sa voix suffit à me transpercer. Elle me provoque d'horribles douleurs fantômes qui ne partiront jamais réellement.

« Aller, ne m'oblige pas à devenir méchant ! Moi je suis venu pour discuter, c'est tout ! »

Je l'entends de nouveau toquer, avec son poing et ses phalanges, véritable outil de torture dans l'esprit de ce fou furieux. Il frappe plus fort, commençant à s'impatienter devant mon silence.

Là où le diable se terreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant