« I'm on the hiiiiiiighwaaay to hell !
On the hiiiiiiighwaaay to hell !
Hiiiiiiighwaaay to hell !
I'm on the hiiiiiiighwaaay to hell ! »
On hurle comme des folles, les fenêtres grandes ouvertes, en roulant aussi vite que cette merde en ferraille nous le permet. Les arbres défilent à toute vitesse, ne formant plus qu'une bouillie floue et noire. Nos mains, nos pieds et nos pattes tapent le rythme endiablé sur tout ce qu'ils trouvent alors que la cassette fait trembler le van tant le volume est fort.
C'est une mine d'or qu'on a trouvée dans la boite à gants. Tout un tas de cassettes des années 60, 70 et 80 avec que des classiques ! Queen, Beatles, Rollings Stones, Elvis Presley et bien sûr beaucoup d'AC/DC ! Beaucoup de musiques que j'ai en vinyle et que j'écoute depuis mon enfance finalement.
On se regarde de temps en temps, de grands sourires sur nos visages. C'est l'un des moments qu'on ne peut réellement décrire, car ils doivent se vivre. Le bonheur se sent dans l'air, comme si nos âmes respectives se mélangent et dansent ensemble dans l'habitacle. Une synchronisation par le rythme, l'ambiance et les paroles.
L'ivresse de la vitesse, de la musique et de la liberté se mélangent pour faire un cocktail de bien-être explosif. Et lorsqu'enfin, on voit le panneau qui indique qu'on quitte Demon Wood, on ralentit certes notre allure, mais pas nos hurlements de joie.
Après que le capitaine nous ait laissées seules, on n'est pas tout de suite partis dans cette folie chantante. J'ai d'abord réussi à tirer les vers du nez de la guéparde.
« Susie c'est une femme qui est capable de dire aux adolescents en quel animal ils vont se transformer. Et là tu as deux types de personnes dans la ville : ceux qui ne veulent surtout pas qu'elle s'approche de leurs enfants pour garder la surprise. Et ceux qui veulent savoir à tout prix.
— Et pourquoi tu ne voulais pas me parler d'elle ? J'croyais qu'on arrêtait les mensonges !
— J'ai pas menti, j'en ai juste pas parlé ! Parce que le problème, c'est que les familles qui lui demandent, des fois elles apprennent que leur môme va se transformer en un truc pas terrible qui les empêcheront de vivre. Soit un animal vraiment trop grand, comme un éléphant ou une girafe. Soit un animal marin qui devra donc vivre toutes les nuits dans l'eau... Et s'ils ont pas de chance, les deux. On raconte qu'un habitant s'était transformé en baleine dans les années 60...
— Et tu as peur de ce que je vais apprendre c'est ça ?
— Déjà que tu as envie de partir alors que tu ne connais même pas ta forme animale. Alors si tu apprends que tu es une créature aquatique ou un animal qui ne peut pas vivre dans la ville, tu vas t'en aller bien plus vite. »
Quand elle m'a dit ça, je dois avouer que j'ai eu un pincement au cœur. Je me suis vu faire mes affaires et quitter la ville pour ne plus jamais revenir. J'en ai presque eu les larmes aux yeux...
« Si ça peut te rassurer... J'ai des poils.
— Bof épilée ou pas tu sais–
— EN FORME ANIMALE.
— Oh. Au moins t'es pas un animal marin alors, c'et déjà une bonne nouvelle !
— J'crois qu'ils étaient plutôt sablés... Avec des tâches peut-être ?
— Tu ne peux pas te fier aux couleurs pour le moment ni aux paternes. Ça peut encore changer. »
C'est en me disant qu'au moins je ne serai pas un poison ou un éléphant qu'on est parti sur les chapeaux de roue. Après avoir quitté Demon Wood, on s'est retrouvé sur la route 101 qui longe la côte pacifique des États-Unis où on a roulé un petit bout de temps, puis on a pris une petite sortie au milieu de nulle part. Mais le trajet est passé vite, parce qu'on a certes des goûts très différents en termes de musique, mais elle connait ses classiques. On s'est bien éclaté à s'arracher la voix sur les sons de nos enfances !
VOUS LISEZ
Là où le diable se terre
ParanormalEmily va accepter un poste de bibliothécaire de l'autre côté des États-Unis, dans une petite ville portuaire de l'Oregon pour prendre un nouveau départ. Alors qu'elle y emménage avec l'intention de vivre une petite vie paisible, loin des tumultes de...