La bataille fait rage. Les tirs fusent à l'étage et agressent mes pauvres tympans protégés par mes mains. L'air est devenu horriblement lourd, une odeur ferreuse l'a envahie et m'écrase au sol. Je parviens tout de même à me lever et me dirige vers la fenêtre. La pluie s'est légèrement calmée, j'arrive à apercevoir la lisière de la forêt où se passe l'action. Une forme en sort et disparait dans une explosion qui secoue les arbres. Un pick-up avec une mitrailleuse montée à l'arrière passe et tire quelques rafales dans l'obscurité avant de disparaitre.
Je doute que cette pluie soit très bonne pour la santé. J'espère que les Wakizas s'abritent autant qu'ils le peuvent... Ça doit être le cadet de leurs soucis.
J'ai beau réfléchir, je ne comprends pas comment on peut encore gagner. S'ils cessent de voir Charly comme l'une des leurs, plus rien ne les empêche de nous anéantir. La seule chose que je peux faire, c'est prier que ce ne soit pas l'attaque finale. Qu'on ait encore un peu de temps pour tester notre hypothèse. Et si jamais elle échoue, qu'on ait le temps de convaincre les habitants de s'enfuir avant qu'Oddly Bay ne se transforme en charnier.
Les cris pourfendent l'air de plus belle, annonçant une nouvelle charge. Les balles les suivent et j'aperçois plusieurs Ohanzees s'effondrer en sortant des arbres. A cette distance avec cette pluie torrentielle, je n'aperçois que les plus gros. Ce qui m'angoisse, ce sont plutôt les petits qui peuvent se faufiler partout...
Une nouvelle explosion. Du bois craque, comme un os qui se fend et un épicéa entame une chute frénétique vers le sol qu'il frappe avec une violence inouïe, provoquant une secousse que je ressens jusqu'ici.
La pluie baisse en intensité. J'espère que cela annonce la fin de l'attaque ! Des bruits dans les escaliers me font sursauter. Ce n'est qu'Adam qui vient chercher des munitions. Il ne me calcule même pas, complètement happé par l'angoisse et l'action.
La vitre derrière moi explose. Je baisse la tête par réflexe et aperçois une petite boule noire passer par-dessus mon épaule suivie d'un cri de terreur.
Je rouvre les yeux et vois un Ohanzee renard s'approcher de mon ami qui presse frénétiquement sa queue de détente, ne produisant qu'un "clic" pathétique, symbole qu'il n'y a plus aucune balle à chambrer. Mes poings se serrent et mes jambes parviennent à bouger. En quelques enjambées j'atteins la créature. Mon instinct me hurle de lancer mon pied à toute vitesse dans ses côtes, mais je ne peux m'y résigner et me contente de m'interposer entre elle et Adam, figé par la peur.
Je le pousse en arrière avec mon bassin et fais face à la créature qui change radicalement d'expression en posant ses yeux sur moi. Je n'en étais pas encore sûre, mais l'Ohanzee ne m'attaque pas. Je perçois de la tristesse et une grosse quantité de remords dans son esprit troublé. J'hésite un instant à me pour approcher ma main de cette petite chose, mais réalise bien vite ma stupidité. Je ne dois pas oublier qu'il s'agit d'une créature démoniaque qui peut me tuer si l'envie l'en prend.
Deux forces distinctes se battent en elle. Une essaye de s'enfuir, l'autre de m'arracher la gorge. C'est bien cette deuxième partie qui me terrifie, d'autant plus qu'elle semble prendre le contrôle petit à petit. Sa mâchoire claque frénétiquement et une patte s'avance dans ma direction, symbole que sa résistance inexplicable ne pourra pas durer éternellement.
Le capitaine descend les escaliers à ce moment précis et met la créature en joue. Elle aperçoit le canon du coin de l'œil et opère un demi-tour avant de bondir par la fenêtre brisée qui laisse rentrer l'immonde eau de pluie. Cette dernière s'arrête presque au même moment, aussi rapidement qu'elle s'est déchainée. Une partie des nuages semble s'en aller, mais pas suffisamment pour apercevoir le soleil.
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Là où le diable se terre
ParanormalEmily va accepter un poste de bibliothécaire de l'autre côté des États-Unis, dans une petite ville portuaire de l'Oregon pour prendre un nouveau départ. Alors qu'elle y emménage avec l'intention de vivre une petite vie paisible, loin des tumultes de...