/🐎  / Baisse ma culotte, c'est toi qui pilote

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Alors j'ai préparé mes affaires. Honnêtement je n'ai rien pour faire du camping, donc à part des fringues de rechange et de l'eau, mon sac est bien vide. Puis on est allé chez Charly. J'étais vraiment anxieuse à l'idée de tomber sur son paternel, mais il n'était pas là. Je doute qu'il soit souvent à la maison, trop occupée à chasser les Ohanzee ou à menacer les citoyens.

L'habitation n'est pas très grande. On est loin des résidences traditionnelles de la banlieue ou des logements ultramodernes du nord. Là on est sur une vieille baraque en bois rafistolée, collée à d'autres, presque identiques. Elles ont toutes un étage, ce que j'ai du mal à comprendre. Lorsque les colons sont venus s'installer, il n'y avait que de la forêt autour. Alors pourquoi s'entassaient-ils comme ça ? Je ne suis pas spécialement pour la déforestation, mais je trouve ça curieux.

L'extérieur ne paye pas de mine. Mais l'intérieur est plutôt propre. Je ne comprends toujours pas si Charly a une mère ou pas, mais quand je vois la propreté de l'endroit, j'ai du mal à croire que ce soit un militaire gorille et une guéparde bordélique qui vivent ici.

Il y a deux chambres à l'étage. Je rentre dans celle de Charly et c'est exactement ce à quoi je m'attendais. Même si je voulais faire plus cliché, je ne pense pas que je le pourrai. Des posters de groupe de musique et de filles en petite tenue, une pile de linge sale dans un coin, un lit défait et le tout dans un désordre omniprésent. Et je ne parle même pas du nombre de poils qu'il y a. De quoi tuer un allergique aux chats.

« Excuse-moi pour le bordel, j'avais pas spécialement prévu de recevoir quelqu'un, encore moins toi. »

Elle chope des vêtements aux hasards qu'elle enfourne dans son sac à dos camouflage, son talkie-walkie couvert de stickers, un rouleau de papier toilette et quelques autres gadgets. Elle se le remet sur le dos et on redescend. Elle ouvre un placard et mon cœur s'arrête un instant quand je vois la dizaine de fusils d'assauts qui attend bien sagement à l'intérieur. Mais elle se contente de prendre un énorme sac militaire avec deux sacs de couchage et une troisième grosse boule de tissu que je devine être une tente.

Je suis toujours choquée de la facilité avec laquelle elle fait tout ça tout en n'ayant pas de mains.

« Pendant que je prépare, tu peux amener le van devant la maison ? Les clés sont dans le tiroir de la commode et il est dans un garage à la porte verte un peu plus loin dans la rue.

— T'es sûre que ça dérange pas ton père ?

— Mais naaaan, il serait super content que sa p'tite fille reparte faire du camping !

— Avec moi, j'en suis pas si sûr.

— Mais non il est pas homophobe t'en fais pas ! »

Mais.

Je ne vais pas tenir autant de temps avec elle.

Je sors dehors après avoir pris les clés. Il fait complètement nuit, mais je vois étonnamment bien. Alors il y a certes les lampadaires, mais j'ai l'impression que mes yeux se sont tout de même habitués à l'obscurité. J'aperçois des détails que je n'aurai sûrement pas perçus en temps normal et je vois plus loin que d'habitude. J'imagine que ça fait partie de la transformation ça aussi...

J'ai l'habitude de l'obscurité, mais pas encore des regards tournés vers moi. Un singe sur le dos d'un rhinocéros me dévisage alors que le pas de cet homme immense fait trembler la rue entière. Une porte s'ouvre et c'est un flamant rose qui en sort. Elle manque de faire un arrêt cardiaque quand ses yeux se posent sur moi avant de se rappeler mon existence. Elle me salue puis part dans la direction opposée. Puis une fiente de piaf tombe juste à côté de moi. Je lève la tête et aperçois un rapace qui semble... me faire un doigt d'honneur avec son aile.

Là où le diable se terreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant