Je me retrouve obligée de retirer mon sweat orange tant la chaleur a envahi la maison. Je finis en t-shirt noir avec le blason de Poufsouffle et mon jean. Même si j'ai encore du mal à dire que cette maison est la mienne, ce lit est complètement à moi. La baguette choisit son sorcier, le lit choisit son dormeur. Je m'écroule sur ce dernier, incroyablement confortable, probablement grâce à l'ancien possesseur qui a dû faire travailler les ressorts. Je dis ça par rapport à son poids, bien entendu.
Je me sens en sécurité dans la chambre. Dans toute la maison, mais SURTOUT dans ma chambre. Les murs sont tout blanc et l'ampoule est entourée d'un abat-jour des plus classique. Cela manque clairement d'originalité, on se croirait dans une location AirBnB. Il faudrait que je m'occupe de peindre ou de mettre du papier un jour. Rendre cet endroit plus personnel et intime. Je verrai bien du rouge... Ou du violet ! Et pourquoi pas du orange.
Peu importe. Je sors un livre de ma table de chevet, un roman policier dans un univers futuriste et rentre dans ce monde de robots et de gratte-ciel volants en attendant patiemment que la nuit tombe pour appeler Charly. Je garde son talkiewalkie près de moi sur la bonne fréquence, au cas où elle m'appellerait, prise d'une insomnie.
***
Après deux bonnes heures de lecture, je décide de travailler sur la couverture de mon nouveau roman. Pour ce faire, j'allume mon téléphone et me fais un partage de connexion sur mon ordinateur.
« Sale pute de merde je vais te choper et t'éclater
J'vais te retrouver connasse
Pour qui tu te prends tu m'appartiens sale merde »
Mais j'avais pas bloqué son numéro à lui ? Ah si, il utilise un autre téléphone. Ses messages me donnent des sueurs froides devant la possibilité qu'il vienne réellement ici, pour moi. Des flashbacks me frappent : des insultes, des coups de poing, des coups de pieds, et bien d'autres. Je réalise que je me suis mise inconsciemment en boule dans mon lit, comme pour me protéger de ce malade. Comme je l'ai fais tant de fois alors qu'il se déchainait...
Je touche ma cicatrice par reflex. Peut-être pour vérifier que tout cet enfer a bien eu lieu ? Peut-être pour réaliser qu'il n'est pas si loin que ça...
Je retire régulièrement la puce de mon téléphone... Je n'ai dit à personne que je venais ici, même pas à ma famille. Personne n'est au courant. Je ne vois vraiment pas comment il pourrait me retrouver. Mais ses messages... Je me mets à genoux sur mon lit et regarde le voisinage par la fenêtre, pour m'assurer que personne n'est là. La rue est totalement vide et les maisons ont toujours leurs volets fermés. Rien n'a changé. Je pousse un soupir de soulagement en sentant une larme se frayer un chemin entre mes cils pour ensuite glisser sur ma joue. J'ai traversé tous les états de ce pays pour m'éloigner de ce malade, pour le supprimer définitivement de ma vie. Et ce chien veut tout de même me retrouver après tout ça.
On peut dire ce que l'on veut, mais pouvoir communiquer avec n'importe qui de n'importe où, ça n'a vraiment pas que des aspects positifs...
Quel psychopathe. En me remémorant son sourire sadique, tous mes muscles se remettent à trembler. Je peux presque le voir au-dessus de moi et...
Aller ! Je dois me calmer ! Il n'a pas de moyen de me retrouver ! C'est décidé ! Je supprime tous ses messages puis bloque son nouveau numéro ! J'hésite avant d'appuyer sur l'écran, mais finis par le faire. Il va bien finir par se lasser.
Je retire la puce et me replonge dans ma lecture, troublée. Le revers de ma main essuie ma joue, symbole qui résumerait facilement mes deux années avec lui.
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Là où le diable se terre
ParanormalEmily va accepter un poste de bibliothécaire de l'autre côté des États-Unis, dans une petite ville portuaire de l'Oregon pour prendre un nouveau départ. Alors qu'elle y emménage avec l'intention de vivre une petite vie paisible, loin des tumultes de...