/🚙/ Vroom

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 Le convoi est énorme.

L'élément principal est un camion qui tire une remorque, montant le nombre de roues à six de chaque côté. C'est le seul véhicule qui n'est pas complètement blindé. Je vois qu'il était floqué d'un logo fut une époque, mais il a été recouvert par de la peinture blanche pour rendre le tout aussi neutre que possible.

Devant et derrière, trois véhicules couverts de plaques en ferraille posent, l'air menaçant, arborant une grosse mitrailleuse qui est soit installée au travers du toit de l'habitacle, soit à l'arrière des pick-up. Des monstres d'aciers comme notre pays sait si bien les faire, crachant des quantités parfaitement absurdes de chevaux allant de pair avec ce délicieux dioxyde de carbone qui cause bien plus de morts chaque année que le terrorisme.

Pour une fois, leur puissance démesurée aura une réelle utilité.

Juste derrière le camion se trouve notre fourgonnette. J'ai du mal à comprendre comment son moteur peut rivaliser avec celui de ces monstres, mais connaissant la passion du capitaine pour les voitures —il n'a littéralement parlé que de ça hier— je pense que tout a été prévu pour tenir la cadence. De toute manière, les "raptors" comme les appellent les Wakizas doivent suivre le rythme du camion pour le protéger. Et j'espère que cela nous inclut dans le lot.

On est à l'entrée du village. Face à nous, la route s'élance, droite et infinie. Celle-là même que j'ai empruntée il y a de cela deux semaines pour arriver ici. Elle avait plus de courbes dans ma mémoire.

Le calme est pesant. Tout le monde se met en place. Trois wakizas par raptor, deux dans le poids lourd et nous quatre accompagné du capitaine. Je m'avance vers la fourgonnette, mais c'était sans compter sur Charly qui tire ma main pour me faire tourner et saute dans mes bras. Je l'enlace et tombe par malheur sur le regard de son père qui a l'air étonnamment heureux de voir notre démonstration d'affection. Peut-être est-il content pour elle finalement.

Ou peut-être espère-t-il que je ne revienne pas vivante.

« Tu as intérêt à revenir !

— Mais oui, j'te le promets.

— Croix de bois ?

— Croix de bois, croix de fer, si je mens j'te paye une bière. »

Elle sourit de toutes ses dents et me donne enfin ma liberté. Je monte à l'arrière de la fourgonnette où des sièges sont installés. Juste avant, j'aperçois le capitaine de la police et celui des wakizas s'échanger un regard. J'espère pendant un instant les voir hocher la tête, promesse silencieuse que tout va bien se passer. Mais non, ils finissent par détourner les yeux en gardant leur air sérieux qui me glace le sang.

Aucun Ohanzee à l'horizon. Ce qui peut s'apparenter à une bonne nouvelle pour notre départ sonne comme un piège. A en juger par les gueules d'enterrement que tirent les wakizas, je pense qu'ils partagent mon avis. Ils me font penser à ces militaires qu'on voit dans les films en Afghanistan ou en Irak. Le visage dur, sans aucune émotion pour ne pas trahir de faiblesse. On pourrait jurer que la peur ne fait pas partie de leur vocabulaire, que la possibilité de ne plus jamais revoir le soleil n'a aucun impact sur leur moral, qu'ils attendent le combat avec une certaine impatience comme pour relâcher la pression emmagasinée par des jours de silence.

Les moteurs démarrent simultanément tandis que des voix se font entendre dans le talkie-walkie de notre chauffeur. On est tous les quatre à l'arrière et un regard circule. La peur nous tient du cou jusqu'au ventre. J'aimerai tellement que Charly vienne avec nous...

Là où le diable se terreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant