Après s'être fait un bol de cornflakes et avoir redémarré le feu grâce aux braises, on est partie chercher du bois mort pour l'entretenir. Je dois avouer que faire du camping la nuit manque un petit peu d'intérêt, on ne peut même pas admirer le paysage. Et pour trouver quoi que ce soit, on est obligé de prendre la lampe torche. J'ai l'impression d'être une aventurière à la recherche d'un trésor. Sauf qu'à la place des pièces d'or, je prends juste des branches cassées.
Charly a vomi un peu plus tôt. Quand le soleil a disparu, elle a couru vers les arbres. Et vu que j'ai eu peur qu'elle se retransforme, j'ai fermé les yeux de toutes mes forces et j'ai détourné le regard. Mais non. Juste le repas du midi qui est parti nourrir le gazon. On pense que c'est son corps qui ne comprend pas pourquoi il ne se transforme pas. Elle m'a expliqué qu'elle se sent toute bizarre, comme s'il lui manquait quelque chose. Apparemment c'est surtout sa queue qui lui manque, mais vu le clin d'œil qu'elle m'a lancé après, je n'arrive pas à savoir si c'était une blague ou pas.
On revient à peu près en même temps avec nos provisions de bois. Charly a dégoté quelques gros morceaux qu'elle positionne d'une manière bien particulière. Après une dizaine de minutes, on a le droit à un petit feu de joie qui éclaire plutôt bien cette minuscule crique. C'est vraiment agréable de profiter de cette chaleur parce que mine de rien, il fait pas si chaud que ça la nuit.
« Alors... ?
— Mmhm ?
— Tu veux toujours quitter Oddly Bay ? »
La fameuse question. J'avais presque oublié qu'on était venu ici pour me convaincre de rester.
« Tout ça, c'est beaucoup pour moi. Beaucoup d'un coup... Je crois que j'ai peur. Ces Ohanzees... J'ai l'impression qu'ils me veulent quelque chose.
— Comment ça ?
— Il y a eu la vision l'autre jour, quand t'es arrivée. Même avant, je les avais entendus, dans la forêt. Et quand les gardiens en avaient trimballé un dans les rues, j'ai senti dans son regard qu'il me voulait quelque chose ! D'ailleurs je sais plus si je t'avais demandé. Quand on s'est rencontré, qu'est-ce qu'ils foutaient à le tirer comme ça ?
— C'est une tradition. Quand ils en capturent un, ils traversent Oddly Bay en l'accrochant à leur bagnole jusqu'à leur base. Pour montrer aux habitants qu'ils ne risquent rien, tu vois ?
— Leur base ? Le commissariat ?
— Non non, ils ont un endroit rien que pour eux. Un espèce de vieil entrepôt de docker tout au sud, hors de la ville.
— Mais ils en font quoi après ?
— Bah ils les tuent et brûlent leurs corps. Tu veux qu'ils en fassent quoi, du pâté ? »
Ces gardiens sont vraiment des barbares d'un autre temps...
« Pour le cri, c'est pas impossible que tu en aies entendu un, ça arrive. Mais pour l'autre coup, c'était une hallucination. La ville doit jouer sur tes hormones et vu que t'en as pas l'habitude, ça t'a fait avoir un cauchemar, c'est tout !
— Même, j'ai pas envie de me transformer en cochon d'Inde ou en putois moi !
— On ira voir Susie à notre retour et elle te dira quel animal tu vas être, comme ça s'il te plait pas, tu pourras toujours quitter la ville !
— Mais même... J'ai pas envie que mon corps disparaisse, que tout le monde puisse voir mon âme, pour ensuite être matérialisé dans un corps d'animal... J'en reviens même pas que je dise une phrase pareille.
— On a un jeu pour détendre les enfants qui ont peur de se transformer. C'est essayer de deviner l'animal que tu serras.
— En quoi ça va me faire moins peur ?
VOUS LISEZ
Là où le diable se terre
ParanormalEmily va accepter un poste de bibliothécaire de l'autre côté des États-Unis, dans une petite ville portuaire de l'Oregon pour prendre un nouveau départ. Alors qu'elle y emménage avec l'intention de vivre une petite vie paisible, loin des tumultes de...