Le guépard s'avance vers le capitaine de police équidé. Elle se met immédiatement à boiter alors que le couteau est encore planté dans son pelage jaune tacheté. Tous les animaux s'attroupent alors autour d'elle et commencent eux aussi... à parler. Avec des voix complètement humaines. Ils semblent s'inquiéter pour le félin qui a du sang sur son museau et ses moustaches, mais heureusement pas le sien.
Cette scène est irréelle. Elle pourrait très bien provenir d'une série fantastique ou d'une peinture, comme le fameux tableau avec les chiens qui jouent au poker. C'est insensé et pourtant, tout semble si normal pour eux que mon subconscient accepte étrangement rapidement la folie de cette situation. Charly me regarde et me sourit, avant d'être emmenée dans la maison d'un de mes voisins, probablement pour être soignée. Il ne reste que quelques badauds qui observent le cadavre aux yeux exorbités et échangent un regard avec mes yeux complètement perdus.
Le capitaine de police se rapproche du corps pour l'observer plus en détail. Il se tourne ensuite vers moi. Ce dernier ne semble pas bien sûr de comment réagir, en plus de ne pas tout comprendre.
Il finit par s'approcher de ma fenêtre par laquelle je passe la tête pour... lui parler. Je suis presque étonnée de voir mes bras et mes mains toujours humains maintenant que je suis dans un monde d'animaux qui parlent... C'est vraiment n'importe quoi.
« Madame Turner... Vous ne pouvez pas dire que je ne vous avais pas prévenu. »
Je reste sans voix devant ce grand étalon gris qui me parle, exactement comme le capitaine de police m'avait parlé lors de mon arrivée dans le village. J'ai probablement la bouche entre-ouverte et les yeux légèrement écarquillés devant ce phénomène que même la plus fumeuse des théories ne pourrait expliquer. Sans parler de mes yeux bouffis à cause des pleurs.
« Je comprends que vous soyez en état de choc, mais j'ai besoin de votre aide. J'aimerais bien comprendre ce qu'il s'est passé avec cet... étranger. »
Un mot parvient à s'extirper de ma bouche, alors que je dois lever légèrement la tête pour le regarder dans les yeux, toujours à genou sur mon lit.
« Très bien. Vous pourriez me dire ce que vous avez vu ? Depuis le début ? »
Mes mots sortent difficilement. Chacun d'entre eux me demande un effort titanesque pour être formulé. Mes paroles semblent hésitantes tant moi même j'ai du mal à croire ce que j'ai vu.
« Hé bien... Mon... Il est arrivé en voiture et je l'ai entendu descendre. Puis je l'ai entendu hurler, et tout d'un coup il y a eu tous ces animaux autour de lui... Et il s'est énervé et a sorti une arme avant de me pointer et... »
Je regarde l'impact de la balle dans ma fenêtre, à une dizaine de pouces de ma tête. J'aperçois en même temps que cette dernière a fini sa course dans le mur de ma chambre.
« Et donc là le guépard... Charly, je crois... Lui a bondi dessus et l'a mordu... Puis il lui a planté un couteau dans les côtes, et alors elle lui a mordu le cou et vous êtes arrivés... Vous pensez qu'elle va bien ?
— Je laisse les habitants s'occuper d'elle. Ils l'ont emmené chez Monsieur et Madame Murphy, juste un peu plus loin. Ce sont les médecins du quartier, ne vous en faites pas. »
Je parle à un cheval.
« Vous connaissiez l'individu si j'ai bien compris ?
— Oui, c'est mon ancien petit-ami...
— Et je présume qu'il ne venait pas pour ressasser les bons souvenirs n'est-ce pas ? »
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Là où le diable se terre
ParanormalEmily va accepter un poste de bibliothécaire de l'autre côté des États-Unis, dans une petite ville portuaire de l'Oregon pour prendre un nouveau départ. Alors qu'elle y emménage avec l'intention de vivre une petite vie paisible, loin des tumultes de...