Un quartier jeune ? Quel drôle de concept.
On finit par y arriver après une vingtaine de minutes de marche. On a parlé de plein de choses : mon salaire, du fait que tout le monde utilise le cash ici ou bien de comment la lune influence leurs instincts d'animaux. Il m'a également fait l'éloge une bonne dizaine de fois des gardiens, visiblement pour me rassurer. Et je dois avouer qu'il a plutôt bien réussi. Ils semblent être à la pointe de technologie. Je ne comprends pas comment un si petit village peut avoir autant de moyens, surtout sans connexions au monde extérieur. Et cette question devient encore plus pertinente lorsqu'on arrive dans ce nouveau quartier.
Les bâtiments plus anciens s'estompent pour laisser place à une modernité à laquelle je ne m'attendais pas vraiment.
Les maisons pavillonnaires de plain-pied de mon quartier semblent bien lointaines quand je vois ces grandes habitations toutes modernes. Elles ont toutes de nombreuses grandes fenêtres, des toits plus pointus, pas de carré d'herbe ni de porche devant la maison. Et tandis que certaines ont un étage, d'autres se content d'être de plain-pied, à croire que chaque habitation est unique. Je devine derrière des terrasses qui s'ouvrent grâce à d'immenses baies vitrées et des séparations végétales entre les jardins. Je dirai que c'est un style plus européen, mais toujours avec la folie des grandeurs typiques des Étatsuniens.
Ce n'est pas seulement les styles des maisons qui changent, mais aussi l'ambiance. Les quelques badauds semblent plus jeunes, avec des écouteurs et des sacs à dos. Je me sens déjà plus à ma place ici que de l'autre côté du village, ça c'est clair. C'est probablement parce que cela me rappelle les grandes villes ultramodernes où j'ai vécu toute ma vie. Mais en version miniature.
« Comme vous avez pu le voir, on a une ville très ancrée dans les traditions. Très vieille, pour le dire de manière crue. Et concrètement, nos jeunes s'ennuyaient et certains sont même partis. Je ne peux pas leur en vouloir, quand on voit l'agitation des métropoles, à leurs âges, ça donne forcément envie. Donc on a décidé de redynamiser un petit peu tout ça. Nouvelles habitations ultramodernes, un bar qui fait boite de nuit, un petit supermarché plus proche d'eux. On a aussi créé une nouvelle salle de cinéma avec deux pistes de bowling, un fast-food...
— M'enfin... C'est... C'est pas un petit peu démesuré pour si peu d'habitants ? Je veux dire, ça doit coûter des millions !
— Disons qu'on a certains résidents qui nous rapportent beaucoup d'argent. Vous vous doutez bien qu'en tant qu'animaux à mi-temps, nous avons certains avantages sur le reste de nos congénères.
— Forcément, ça aide. »
J'ai quand même du mal à imaginer ce qui peut rapporter autant de fric. À part traire les vaches et vendre la laine des moutons, je ne vois pas vraiment en quoi être des animaux peut les aider à devenir riches.
« Et comment ça se fait que vous réussissiez à être si discrets ? Avec tout ça ?
— Aux yeux de la loi, nous sommes une organisation religieuse. C'est un statut très particulier. Le gouvernement nous voit comme une sorte de communauté de mormons. Et nous faisons très attention à ce qu'aucune information à notre sujet ne fuite sur internet. Si vous cherchez le nom de la ville sur Google, c'est exactement comme si nous n'existions pas.
J'imagine que vous avez été arrêtée à votre arrivée chez nous pas vrai ?
— Eh bien, par le capitaine oui.
— La seule véritable route référencée qui mène à nous passe devant une petite habitation où vit Capitaine William. Et grâce à quelques détecteurs de mouvements, il est alerté dès qu'un intrus roule vers notre direction. »
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Là où le diable se terre
ParanormalEmily va accepter un poste de bibliothécaire de l'autre côté des États-Unis, dans une petite ville portuaire de l'Oregon pour prendre un nouveau départ. Alors qu'elle y emménage avec l'intention de vivre une petite vie paisible, loin des tumultes de...