2 - Le maître Tanenseï

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Il était 6h du matin, Kaïton était sur la terrasse indiquée par Akira Tanenseï. Kaïton avait longtemps hésité avant de venir. La veille quand il avait reçu l'étrange message il avait essayé de rappeler le professeur, il était tombé sur le répondeur de la messagerie.

Il avait ensuite décidé d'en apprendre plus sur le personnage et il avait donc arpenté tout l'hypercom à la recherche d'informations sur son mystérieux professeur, sans succès. Il avait même piraté son profil de messagerie rétinale, avait accédé aux bases de données sécurisées des archives civiles, mais tout ce qu'il avait trouvé qui répondait au nom d'Akira Tanenseï étaient les mesures communes biométriques, sa profession et tout une liste de choses inintéressantes. Par contre il fut étonné par l'âge de son maître d'art martial, il s'était attendu à plus de 700 ans au vu de l'apparence plutôt âgée du maître. Or il se trouvait que celui-ci atteignait à peine les 280 ans, mais après tout, peut-être ne suivait-il pas ces fameuses cures de jeunesse comme la plupart de ses contemporains.

Il avait déjà préparé un message de démission pour son stage mais voulait s'assurer d'abord de l'intégrité et de la fiabilité d'Akira Tanenseï. Il avait prévu suffisamment de temps pour d'abord se rendre à l'adresse indiquée et ensuite retrouver son maître de stage comme à son habitude si le professeur ne se révélait pas digne de confiance. Il était maintenant entouré de hautes tours parsemées de multiples terrasses. Il appuya sur la sonnette de l'appartement. Trois minutes plus tard rien n'avait bougé, il appuya de nouveau, attendit encore cinq minutes. Toujours rien. Il décida d'utiliser le bouton d'appel d'urgence, et tant pis s'il réveillait son maître d'aïkijustu. Il entendit un son strident à travers les vitres de l'habitation et quelques minutes plus tard la porte s'ouvrait. Akira Tanenseï apparut dans l'embrasure de la porte.

« Qui ose me déranger à cette heure-là! » C'est à ce moment qu'il aperçut Kaïton.

« Excuse moi je ne t'avais pas vu. Je ne pensais pas que tu viendrais. Mais ça fait dix minutes que tu aurais dû être là ! réprimanda le maître. Je vois que tu as amené tes affaires, j'espère que tu es déterminé car suivre Neutriss ne sera pas du moindre repos. Entre donc ! »

Kaïton découvrit une pièce à peine plus spacieuse que son propre studio et s'étonna du peu de mobilier présent. Le maître continua :

– Je ne pense pas que tu auras besoin de toutes ces affaires, nous n'aurons pas beaucoup de place dans le vaisseau.

– Excusez-moi professeur Tanenseï, commença Kaïton, sûr de lui, mais je ne vous connais presque pas et vous semblez tout savoir sur moi. Comment savez-vous également que Neutriss part sur un croiseur interstellaire ce soir ?

– Il suffit juste de t'observer un peu pendant les cours d'aïkijustsu pour te voir jeter des coups d'œil incessant vers Neutriss. Et puis, un mage ne dévoile jamais tous ses secrets.

– Pourquoi vous me proposez de vous accompagner ? Vous n'y avez aucun intérêt si je ne me trompe ? continua-t-il.

– La seule chose que je peux te dire est que je dois surveiller Neutriss où qu'elle aille et que j'aurais sans doute besoin d'aide dans cette tâche. Je ne t'en dirai pas plus.

– Comment ça la surveiller ? Vous êtes un espion ? Et puis, qu'a-t-elle de si particulier pour qu'on demande à ce qu'un vieux professeur d'art martiaux la surveille ?insista Kaïton.

Le professeur gardait le silence tout en s'affairant à différentes tâches dans l'appartement, comme si son élève avait disparu.

– Et pourquoi moi ? Pourquoi m'avez-vous choisi pour vous accompagner ? » essaya Kaïton, toujours dans l'espoir d'une réponse.

Soudain le maître Tanenseï déclara : « La première chose qu'il te faudra apprendre, avant toute autre, est la patience. » Kaïton se tut, l'air désespéré, mais déterminé à obtenir des éclaircissements.

Akira Tanenseï reprit la parole « Tu devrais aller te reposer avant le départ car nous partirons ce soir et que nous risquons de ne pas dormir avant un certain temps. Mais avant j'aimerais te montrer quelque chose... » dit-il d'un ton énigmatique. Il le conduisit dans une pièce assez spacieuse dont la totalité de l'espace était occupé par un vaisseau spatial.

– C'est à bord de ce bijou que nous partirons tout à l'heure ! Je tenais à te le montrer, s'exclama Akira Tanenseï.

– Quoi ? C'est à bord de cette vieille épave que nous allons faire un voyage de plusieurs dizaines d'années lumière ? s'écria Kaïton, surpris par l'aspect désuet et dépassé de l'astronef.

– Ne t'inquiète pas, il est totalement en état de fonctionnement, il ne paie pas de mine mais il est très performant, c'est un Opsak 36, rassura Akira en désignant l'engin en sommeil sous une fine pellicule de poussière.

– Ça ne me rassure pas beaucoup, mais si vous le dites. Le nom me dit quelque chose mais je ne me souviens plus de ce que c'est.

– Ce type de vaisseau était très utilisé il y a quelques décennies car il est très rapide, agile et relativement léger.

– Ah, c'est ça ! Il n'était pas utilisé par les services d'espionnage ? se souvint Kaïton.

– Va te reposer, suggéra le maître.

Kaïton se dirigea vers le module de sommeil accéléré et demanda à son professeur dans combien de temps il devrait se réveiller. Ce dernier lui répondit qu'il pouvait dormir une bonne heure et qu'après il faudrait charger les bagages dans le vaisseau et finir de préparer les différents aspects du voyage.

Le sang des Numuris - I L'ArmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant