3 - La veille du grand départ

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Après son cours d'art martial Neutriss appela un taxi drone pour l'adresse BH50071. Elle avait rendez-vous avec son professeur d'aïkijustsu pour un cours, officiellement d'approfondissement de l'aïkijustu, mais en pratique de maîtrise des flux énergétiques corporels et psychiques. Elle sonna à la porte et le professeur vint lui ouvrir. Elle ne comprenait pas comment celui-ci faisait pour toujours être déjà chez lui quand elle arrivait alors qu'il venait à peine de finir le cours duquel il était professeur adjoint. Il la fit entrer et elle se dirigea d'elle-même vers la salle d'entraînement personnelle du professeur. Ce dernier la rejoignit et lui dit :

– Je pense que tu maîtrises à présent suffisamment ton propre corps, nous allons passer au niveau supérieur.

– C'est à dire ? questionna Neutriss.

– Tu vas devoir déplacer des objets inertes grâce aux forces que tu possèdes en toi.

– Très bien, comment fait-on ? continua Neutriss tout à fait sûre d'elle.

– Tout d'abord il va falloir te concentrer sur ta propre énergie, déclara le maître amusé par l'arrogance princière de la jeune fille. Ensuite tu devras observer l'énergie dégagée par chaque objet de cette pièce, alors, je placerai une goutte d'eau sur un plat et tu l'obligeras à se déplacer selon les mouvements que je te dicterai.

– Cela ne me paraît pas inaccessible, conclut la jeune fille.

– Alors montre-moi, continua ironiquement le maître, sur le même terrain.

Neutriss s'assit en tailleur sur le parquet, ferma les yeux et se concentra. Au bout de quelques longues minutes personne n'avait bougé et Neutriss, impatiente demanda :

 – Pourquoi n'avez-vous pas encore apporté le plateau ?

– À ton avis ? dit le professeur, lui retournant la question.

– Vous allez encore me dire que je ne suis pas prête, ou pas assez concentrée, répondit-elle l'air exaspérée.

– Exactement ! Allez, rassieds-toi, concentre-toi. Tu vas y arriver cette fois-ci !

L'élève obtempéra, on sentait la tension monter dans la pièce tandis que la jeune fille harmonisait ses énergies intérieures. Akira Tanenseï ouvrit une armoire, en sortit un plateau parfaitement plat, le posa à même le sol et une goutte d'eau apparut d'elle-même à sa surface. Celle-ci se mit à trembler sous l'effort de Neutriss. Tout à coup, dans le même temps que la goutte se raplatissait sur le plateau, toute la tension disparut. Le professeur, étonné lui demanda :

– Qu'est-ce qu'il y a Neutriss ? Tu y étais presque et d'un coup tu as tout relâché comme si quelque chose t'avait perturbée. Y a-t-il quelque chose qui ne va pas ?

– Non, non tout va bien, assura-t-elle.

– Tu es sûre ? insista le professeur.

– Oui ! Ne vous inquiétez pas, affirma-t-elle d'un ton rude.

– Bien, tu recommences encore une fois s'il te plaît, demanda le maître.

Neutriss se rassit, essaya de se concentrer. Elle resta de longues minutes transpirant sous l'effort, ne parvenant qu'à faire trembler la goutte d'eau qui frémissait de plus en plus au milieu du plateau. Petit à petit la goutte s'échauffa, s'évapora et disparut tandis que l'air ondoyait autour de l'adolescente sous l'effet de la chaleur dégagée par celle-ci. Akira Tanenseï lui ordonna de s'arrêter car elle devenait dangereuse mais dans la rage de ne pas avoir réussi elle dégagea une onde de chaleur telle que ses vêtement se mirent à noircir en fumant.Le maître hurla « Neutriss, arrête ça tout de suite, maîtrise-toi! ». C'est alors que contre toute attente la jeune fille s'évanouit.

Lorsque qu'elle reprit ses esprits, elle demanda ce qu'il s'était passé l'air désorientée. Il lui répondit qu'elle s'était emportée, qu'elle s'était épuisée et s'était donc évanouie à bout de force. Elle s'étonna que cela soit arrivé si rapidement. Il lui dit alors qu'elle avait transformé beaucoup d'énergie vitale en chaleur et que ses vêtements s'étaient carbonisés, il avait donc dû lui procurer un nouveau kimono. Elle s'étonna encore une fois :

– Quoi ? J'ai détruit mon kimono ? Ce n'est pas possible, c'était mon préféré. Excusez-moi maître Tanenseï, je me maîtriserai la prochaine fois, enfin, j'essaierai.

– Ce n'est pas grave Neutriss, il faut bien apprendre de ses erreurs. Il va être l'heure, tu devrais rentrer chez toi.

– Oui, bien sûr. Je voulais juste vous dire, avant de partir, que c'était sans doute notre dernière leçon.

– Pourquoi cela ? Tes parents t'attendent pour dans plus d'un mois.

– Cela est bien le problème, je ne pense pas pouvoir supporter le retour sur Okratum, je partirai demain à bord d'un croiseur à destination de Proximapolis β. Je compte sur vous pour ne rien dire à personne.

– C'est donc cela qui te tracassait. Bonne chance alors. Je te conseille quand même de prévenir tes parents. Au revoir Neutriss.

Elle sortit de l'appartement en remerciant le professeur et rentra chez elle pour accomplir les derniers préparatifs avant le voyage.

Le maître Tanenseï était la seule personne qu'elle avait prévenue de son départ vers Proximapolis β. Elle était à la fois excitée et anxieuse. C'était la première fois qu'elle ferait un si long voyage seule. De plus, si un problème apparaissait elle ne saurait pas vers qui se tourner.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle s'endormit après avoir fini de préparer ses bagages et réglé les dernières formalités administratives.

Le sang des Numuris - I L'ArmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant