9 - Li Ernesis

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Le spatioport de Trundariv semblait être l'un des seuls espaces modernes de cette ville aux aspects d'un autre temps. C'était une haute tour en nanofibres parsemée de verre, sa base était aussi imposante que sa silhouette s'effilait en hauteur. Des nombreuses terrasses d'où décollaient les engins aériens, de longues guirlandes végétales descendaient en cascades donnant un style exotique à l'édifice. Depuis les hautes fenêtres du spatioport on avait une vue sur toute la ville qui étendait ses tentacules sur les forêts alentours.

La plupart des habitations étaient composées d'une base de pierre, agencement d'obsidienne et d'autres pierres volcaniques et se prolongeaient par une structure de bois noirs typique des conifères que l'on retrouvait dans cette région de Neoba, tandis que les toits étaient parés de tuiles irisées fabriquées à partir de différentes résines que l'on extrayait des plantes variées recouvrant les sols de la planète. Ces toits de couleurs vives et éclatantes, cendrés par la neige légère qui tranchait avec la noirceur des murs des bâtiments dépeignaient ce tableau si unique de la ville de Trundariv.

Le maître et ses deux élèves observaient au travers des vitres de l'ascenseur le panorama que leur offrait la hauteur, coupé de temps à autre par une terrasse, suivie de la végétation extravagante, explosion de couleurs et de formes aussi somptueuses que délicates. Une fois parvenus au rez de chaussées ils demandèrent où ils pourraient trouver une caravane en direction de Hir'dogu.

Nachram était paysan, il cultivait la terre fertile de Neoba. Ce matin il s'était levé tôt pour aller chercher sa nièce au spatioport de Trundariv. En attendant l'arrivée de la navette de sa nièce il s'était arrêté dans le hall de l'immense tour pour se renseigner sur l'actualité planétaire quand un inconnu accompagné de deux jeunes personnes lui avait demandé où ils pourraient trouver des bagalis pour se rendre à Hir'dogu. Il avait été étonné par les voyageurs qui détonnaient, notamment par leurs tenues vestimentaires. Pourquoi ces personnes là venaient sur Neoba alors que ce n'était qu'une vulgaire planète, au milieu de nulle part. Il se replongea dans sa lecture de l'actualité et remarqua que l'on parlait d'une mystérieuse arme de destruction massive développée par la République Oÿnosienne. Le nom de l'état en question lui rappelait quelque chose, mais il ne savait plus quoi, il finit par se dire que la presse avait dû en parler il n'y a pas si longtemps. Il jeta un coup d'œil à l'écran des arrivées et se dirigea vers l'ascenseur d'accès aux terrasses.

Akira Tanenseï avait réussi à dénicher le loueur de bagalis, coincé au fond d'une ruelle. Il lui avait fallu suivre à la lettre les instructions du paysan qu'ils avaient interpellé, il avait ensuite dû négocier avec finesse pour faire comprendre au commerçant qu'il n'était pas un simple touriste à qui l'on pouvait extorquer une somme considérable sans la moindre contestation. De plus, il avait obtenu de rendre les bagalis à un autre commerçant à Hir'dogu sans quoi il aurait dû payer la location sur toute la durée de leur séjours chez la tante Li.

La petite troupe trottait depuis déjà un bon quart d'heure quand les maisons commencèrent à se faire plus rares et laisser doucement la place aux arbres. Neutriss voulait demander à Kaïton comment il s'était retrouvé à la suivre avec le professeur Akira Tanenseï. Elle sentait cependant qu'elle ferait mieux d'attendre d'être seule avec le jeune homme. Elle savait que le professeur ne répondrait pas à sa question et lui dirait qu'elle n'avait pas à le savoir pour le moment.

Ils avançaient dans un silence léger d'admiration du paysage comme Kaïton adressa la parole à Neutriss :

– Tu nous as dit que tu voulais aller sur Proximapolis β, une fois là-bas tu voudrais faire quoi ?

– Je ne sais pas trop, répondit-elle, j'ai surtout décidé de partir pour bien faire comprendre à mes parents que je ne m'accorderai jamais à la vie de château. Je ne suis pas contre retourner sur Okratum mais...

Le sang des Numuris - I L'ArmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant