Muo, un ami de Neutriss vit avec deux amis en colocation à Namëora. Nuon est cyber-détective et on a appris que le compagnon de Fraé est engagé dans l'armée, dans la guerre contre la République Oÿnosienne. Dans son travail, Muo s'évertue à limiter des conséquence du scandale autour de l'anima-corpatum pour l'entreprise qui organise ces combats. Cette tâche lui rebute et va à l'encontre de son éthique.
– Muo, toi tu en penses quoi du mariage du prince Erain II ?
– Pourquoi irais-tu penser que ça m'intéresse, Fraé? Ça t'intéresse toi Nuon ?
– Non, c'est vrai ça ne m'intéresse pas plus que ça, mais bon, comme tout le monde en parle en ce moment finalement je trouve que c'est une bonne distraction.
– Tu vois Muo ! Il n'y a que toi qui n'en a rien à faire ! renchérit Fraé.
Les trois amis dégustaient tranquillement une paro dans l'espace commun de leur colocation. C'était une espèce de grande tarte faite avec une épaisse pâte d'algues rousses garnie d'un onctueux mélange de crème, d'épices et de légumes de saisons. La pièce était remplie de la bonne odeur de la paro qui rendait l'atmosphère calme et chaleureuse.
– Tant que j'y pense ce serait chouette de regarder leur dernière parade nuptiale, proposa Fraé, j'allume le réagraphe.
– Bonne idée ! continua Nuon. C'est dans la province d'Engaterb, je crois même que la parade aura lieu dans une des cités traditionnelles de la planète Erètsinif, ça doit être magnifique !
– Franchement ? On n'a pas mieux à faire que de voir le prince et sa fiancée se pavaner devant la cours impériale au milieu du peuple qui n'a rien demandé de tel ? réagit Muo.
Le réagraphe venait de s'allumer et au travers des pairs de lentilles numérique de chacun des amis de la pièce il faisait apparaître un gigantesque écran mural, véritable fenêtre sur les premières loges de la parade nuptiale. Taranis, le soleil local, brillait de sa lumière blanche éclatante au milieu d'un ciel azur.
– Bon je vous laisse, profitez bien, lança Muo, déçu, avant d'aller s'enfermer dans sa chambre.
Les caméras montraient le somptueux cortège défiler depuis le palais consulaire d'Aldoneb, la capitale planétaire. Des danseurs aux longues robes outremer menaient la parade. À chacun de leurs pas, les voiles voletaient dans un seul mouvement. Venait ensuite la cavalerie de l'armée impériale d'Erètsinif composée de mammouths laineux montés par leur cavaliers et cavalières en tenus d'apparat. Le futur couple impérial suivait, engagé dans une danse aérienne sur leur plateforme de lévitation.
De temps à autre, lors d'une passe particulièrement impressionnante, le réagraphe passait en gros plan sur les futurs mariés. Ils resplendissaient de joie dans leur légèreté virtuose. La fanfare qui accompagnait la procession rythmait chacun des gestes de la danse nuptiale traditionnelle. C'était un spectacle à couper le souffle.
On voyait sur les abords de la grande avenue, toute la cour impériale, invitée pour l'occasion. Derrière on apercevait la ville qui étendait ses maisons granitiques sur la plaine.
Alors que le cortège avait atteint une grande place ovale, les danseurs se déployèrent majestueusement en un large cercle. La cavalerie de mammouths formait un cercle plus petit au centre duquel se tenait le futur couple impérial, immobile sur leurs plateformes. La fanfare qui s'était tue, repartit d'un rythme lent aux harmonies pesantes. Alors qu'Erain II Amgondéa et Éloinaure Dontait restaient figés comme des statues de marbre, les danseurs commencèrent à se mouvoir lentement. Leur étoffes d'un bleu profond se joignaient comme les vagues de la haute mer. La musique accélérait progressivement. Les cavaliers rejoignirent le mouvement des danseurs en guidant leurs bêtes de telle manière que leur cercle semblait se briser et se reformer comme les vagues sur un rivage de galets. Sous le rythme qui devenait frénétique, les voiles outremer se déchaînaient à présent comme une véritable tempête. Quand la danse marine sembla atteindre son apogée, tout s'arrêta brusquement. Seul un unique instrument, à la note aiguë et au timbre doux persistait dans ce calme soudain. Alors que l'instrument entonnait une langoureuse mélodie, le prince et sa promise s'animèrent par des gestes mesurés, comme se réveillant d'un long sommeil. Il s'engagèrent dans une valse passionnée, peu à peu soutenue par l'ensemble du cortège.
Muo, qui visiblement n'en pouvait plus, fit son entrée dans la pièce :
– Vraiment, vous n'en avez pas marre de toute cette indécence ? Vous vous rendez-compte qu'en ce moment-même c'est la guerre, que dans certaines provinces de l'Empire le peuple s'enfonce dans la misère ? Et pour couronner le tout on distrait le peuple par des parades nuptiale.
– Muo, s'il te plaît, intervint Nuon, pour tenter de le raisonner. Tu sais bien qu'on pense à la guerre tout les jours. S'il te plaît pense à Fraé, il a peut-être envie de se distraire et d'entendre parlé d'autre chose que cette guerre dans lequel son homme est engagé.
– Je suis désolé, mais je n'en peu plus de tout ça, fit-il en désignant le réagraphe.
– Si tu ne veux pas voir tu peux juste déconnecter tes lentilles, asséna Fraé, sur un ton des plus secs.
Un silence gêné s'installa dans la pièce. Muo s'en voulait d'avoir affecté son colocataire. Nuon proposa alors :
– On peut regarder autre chose sinon, je suis sûre qu'il y a des nouvelles intéressantes quelque part. Muo tu veux rester avec nous ?
Le réagraphe se mit alors à transmettre une émission sur les dessous de la politique, connue pour ses prises de position parfois polémique.
Vous avez sans-doute déjà entendu parler du scandale dans lequel s'est embourbé notre cher ministre de la régulation commerciale. Heureusement qu'il n'était pas régulateur éthique de notre cher Empire, sinon nous aurions depuis longtemps perdu notre morale.
Ne se satisfaisant plus de seulement assister aux combats d'animacorpatum, notre cher ministre a décidé de soutenir une ligue entière. Qui aurait pu reprocher à notre cher régulateur de dilapider des fonds publics ? Il le faisait très certainement pour le prestige de notre Empire.
Muo ne faisait aucun commentaire, il n'en pensait pas moins pour autant. Il était satisfait de voir cette vérité éclater au grand jour. Même si sa mission consistait à minimiser les conséquences de ce scandale, il supportait de moins en moins de voir ces puissants au dessus des lois et se délectait de la critique de l'émission.
Fraé était plus volubile, critiquant vivement le cynisme des politiques corrompus.
La présentatrice continua sa rengaine à l'humour parfois douteux tandis que l'image montrait ledit ministre s'extasiant devant un spectacle sordide depuis une place privilégié d'une arène de la tristement célèbre Dalam.
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Le sang des Numuris - I L'Arme
Ficção CientíficaLa première station martienne autonome perd tout contact avec la Terre. Sa responsabilité : faire perdurer l'humanité. Plusieurs millénaires plus tard deux jeunes adultes, Neutriss et Kaïton devront faire face à leur destin pour éviter au monde une...