Neutriss était assise en tailleur sur l'épais tapis au pied de son lit. Elle était en méditation profonde. Sa conscience en son refuge secret. Le temps était long dans sa captivité et elle avait trouvé ce moyen pour ne pas devenir folle. Elle aurait préféré pouvoir s'entraîner à améliorer sa maîtrise dans la réalité, mais avec toutes les caméras et autres capteurs qui observaient sa chambre, elle sentait bien que ce n'était pas une bonne idée. Elle se réfugiait dans le seul endroit qu'elle considérait vraiment comme étant chez elle. Là elle était libre de s'entraîner, de réfléchir, d'envisager un avenir meilleur.
Dans ces moments de concentration intense, de temps à autre, Neutriss mettait toute son attention dans l'analyse sensorielle de son environnement physique. Depuis peu elle arrivait à percevoir les personnes qui évoluaient autour de sa chambre. Elle percevait également les flux de chaleur dans la pièce et au travers des murs, les câbles électriques. Il lui semblait à présent que quelqu'un s'approchait de sa chambre, elle percevait une aura, entendait les pas dans le couloirs. C'était très certainement Inaya, la gère d'Oumaya, celle qui l'avait achetée aux négociants d'esclaves.
La porte s'ouvrit, dévoilant Inaya et son regard réprobateur, du moins, une expression faciale que Neutriss supposait être un regard réprobateur. Elle n'avait pas a se justifier d'être assise sur son tapis.
– Natirielle, Oumaya t'attend pour son déjeuner. Elle a une nouvelle à t'annoncer.
Neutriss suivi la maîtresse de maison sans un mot jusque dans la salle à manger où Oumaya était attablée devant un magnifique buffet digne des cuisines impériales Amgondéa.
– Natirielle, j'aimerais que tu me montres comment je dois déguster ces délicieux mets selon les coutumes Amgondes.
– À votre service, Oumaya. Par quel plat souhaitez-vous commencer ?
Neutriss fit de son mieux pour montrer l'exemple et adapter les usages à la morphologie itchima. La nourriture délicieuse offrait une consolation plus que bienvenue dans sa captivité. Oumaya n'était pas méchante et traitait Neutriss avec un respect dont elle lui était reconnaissante. Mais elle n'était pas non plus une amie. Natirielle était la servante d'Oumaya, rien de plus.
Alors qu'Oumaya venait d'achever avec élégance la dégustation d'une pâtisserie, elle annonça à Neutriss :
– Natirielle, j'ai une grande annonce à te faire ! Ce soir, pour la première fois nous assisterons à un combat d'anima-corpatum !
Neutriss ne savait pas comment réagir, elle était curieuse de ce à quoi ce genre de spectacle pouvait ressembler mais d'un autre côté elle en redoutait la barbarie. Surtout, elle savait qu'y assister était un acte puni en Amgondéa, mais elle n'avait pas le choix. Elle fini par répondre après une légère pause :
– C'est un grand honneur pour moi Oumaya que de vous accompagner en de telles circonstances !
– Gère Inaya te demande de me conseiller dans mon comportement tout au long de ce voyage.
– Je ne doute pas que vous soyez exemplaire, et soyez assurée de pourvoir compter sur mes conseils en toute situation.
– Je t'en remercie Natirielle. Nous prendrons le départ en début de soirée.
Après le cours de dégustation, Neutriss accompagna Oumaya auprès de son couturier personnel afin de faire ajuster une tenue qui serait digne de l'occasion. Elle opta finalement pour un ensemble aux couleurs de la maison d'Oumaya : un large pantalon et une veste ajustée de toile bleu nuit aux reflets violacés dont les coutures étaient en fils d'argent.
Alors que le couturier prenait ses mesures elle repensait à cet instant étrange et terrifiant qu'elle avait vécu dans le marché clandestin de Kodhéli aux mains de Boty. Et puis ses pensées s'évadaient loin, vers sa famille qui lui manquait, ses amis qu'elle ne parvenait plus à contacter depuis qu'on avait brouillé sa micropuce. Peut-être que cette sortie serait l'occasion d'établir un contact. Elle l'espérait tout en sachant que c'était très certainement une illusion. Si les itchima lui permettaient de les accompagner sur Dalam, c'est qu'ils estimaient que les risques qu'elles rencontrent une ancienne connaissance ou qu'elle puisse appeler à l'aide étaient quasiment nuls. En effet, les lois amgondes interdisaient la planète de l'anima-corpatum à ses citoyens, jugeant cette pratique immorale.
VOUS LISEZ
Le sang des Numuris - I L'Arme
Science FictionLa première station martienne autonome perd tout contact avec la Terre. Sa responsabilité : faire perdurer l'humanité. Plusieurs millénaires plus tard deux jeunes adultes, Neutriss et Kaïton devront faire face à leur destin pour éviter au monde une...