Le prince Erain II foulait d'un pas léger les pavés qui entouraient le jardin intérieur. Il n'admirait pas spécialement les jacinthes en fleur sous l'ombre épaisse des lauriers. Son esprit était préoccupé. Il était las. Bien qu'il appréciait la théorie des stratégies commerciales et de la négociation politique, il était parfois désespéré par les réunions avec ses conseillers qui s'éternisaient sans consensus ni décisions claires à la clé. Chacun défendait sa position bec et ongles. Certains ne pouvaient pas concevoir une augmentation des taxes pour financer la guerre contre la république Oÿnosienne. Ils disaient que cela affaiblirait son capital politique et augmenterait la défiance du peuple envers l'Empire. Mais d'un autre côté on lui quémandait une protection accrue des routes commerciales dans la crainte d'une résurgence de la piraterie à cause de la guerre.
Il comprenait bien que les conseillers défendaient ceux qu'ils représentaient. Il n'en pouvait juste plus de ces politiciens qui faisaient semblant de ne pas comprendre qu'ils n'étaient pas toujours la première des priorités et que leurs intérêts n'étaient pas les seuls qui valaient la peine d'être défendus.
Il s'assit sur un banc de granit brut, tentant de se calmer par de lentes et profondes inspirations. Se concentrer sur l'essentiel. Il pouvait peut-être changer le monde, mais pas la nature humaine. Se concentrer sur ce qu'il pouvait faire et pas sur ce qu'il subissait.
L'esprit plus clair il se dirigea vers son bureau. Il salua Aurèle, récupéra la pile de dossier qui s'étaient accumulés pendant sa courte absence, poussa le lourd battant de bois puis s'assit sur la chaise d'olivier richement sculptée. En peu de temps il avait classé les dossiers par ordre d'importance et réglé les affaires urgentes. Il fallait maintenant qu'il discute avec la cheffe des renseignements, le sujet était urgent après les révélations scandaleuses autour de l'animacorpatum qui avaient enflammé la sphère médiatique. Il appela discrètement son secrétaire :
– Aurèle, pourriez-vous faire venir Anthéa, la cheffe des renseignements populaires, s'il vous plaît ? Dès qu'elle est disponible, j'aurais besoin de m'entretenir sur des sujets urgents.
– Tout de suite mon prince.
Et le secrétaire, à l'allure quelconque, sans âge et à la chevelure grisonnante, s'était déjà évanouit au détour d'un couloir.
Le prince retournait à ses dossiers. La prochaine résolution de programmation économique occupait tout son esprit. Il décida de s'y consacrer en attendant Anthéa. Il analysait les différents amendements proposés. Il y aurait nécessairement des modifications, la guerre l'imposait.
Aurèle s'annonça, accompagné de la cheffe des renseignements populaires.
– Soyez la bienvenue Anthéa. Merci de vous être rendue disponible si rapidement.
– C'est un honneur mon prince. En quoi puis-je vous être utile, répondit-elle d'un ton sincère.
– Que dit-on sur l'animacorpatum ? Les média se sont-ils calmés ? C'est une chance que mon mariage ait été prévu au même moment, j'espère qu'il aura détourné l'attention de cette affaire regrettable.
– Je n'en serais pas si certaine à votre place. Le scandale est bien réel, le peuple semble attendre des mesures radicales. Et la rumeur enfle que votre mariage n'ait été programmé que pour dissimuler le scandale.
– Ce que vous dites est grave, merci d'être sincère.
– Je ne veux pas vous alerter trop vite, mais il semblerait que des cellules révolutionnaires soient en formation. Rien de très dangereux à l'heure actuelle, mais elles s'épanouissent dans la critique de l'administration impériale.
– J'imagine, ça ne m'étonne pas tant que cela. Depuis des décennies, des groupes fomentent des complots inoffensifs dans les franges de l'Empire. Ils sont nécessaires d'une certaine manière. Il faut juste s'assurer qu'ils n'acquière pas plus de pouvoir, et surtout pas le soutient du peuple, conclu Erain.
– J'adhère à votre analyse. Je tiens à vous rassurer, la guerre devrait souder le peuple contre notre seul ennemi, la République Oÿnosienne , assura Anthéa.
Le prince avait l'air légèrement soulagé. La cheffe des renseignement continua :
– Par contre, je dois vous prévenir, on parle de plus en plus de votre sœur.
– Neutriss ?
– Oui, il était annoncée qu'elle reviendrait pour la cérémonie du passage de ses 19 années mais elle n'est toujours pas revenue. Les rumeurs de sa disparition prennent de l'ampleur.
Erain enrageait. Il n'appréciait pas du tout lorsque les humeurs de sa sœur affectaient la stabilité de l'Empire.
– J'espère que ses caprices ont au moins le bénéfice de distraire le peuple ! asséna-t-il.
– Soyez assuré que nos services font tout ce qui est en leur pouvoir pour retrouver sa trace, mon prince.
– Merci Anthéa, vos informations me sont toujours aussi précieuses. Vous pouvez disposez.
Tandis qu'Anthéa s'éloignait, Erain se replongeait dans la résolution de programmation économique. Il serait extrêmement complexe de parvenir à un texte qui satisferait d'une part les besoins qu'ils jugeaient essentiels, d'autre part l'ensemble des gouverneurs provinciaux. Il poursuivait sa lecture de manière attentive, afin de déceler toute subtilité qui lui aurait échappée. Il connaissait ses conseillers et savaient que certains pouvaient s'avérer particulièrement retors.
Le prince travaillait depuis plusieurs heure sur les ajustement de la politique économique quand son secrétaire s'annonça.
– Mon prince, c'est la cheffe des renseignements, elle voudrait vous parler à nouveau.
– Faites la entrer, Aurèle.
Anthéa, toujours aussi grande et élancée entra alors dans un mouvement discret mais sans grâce.
– Mon prince, je ne devrais pas être là, ce que je vous dit ne doit pas se savoir.
– Qu'y a-t-il donc de si important ? demanda Erain, soudain intrigué.
– J'étais auprès de votre mère à l'instant quand l'un de vos ministre est entrée en précipitation. Je suis resté en retrait, je ne suis pas sûre qu'il est pris acte de ma présence, mais voici ce qu'il a dit.
« Grande dame Nabamé, Impératrice Amgondéa, je vous remercie profondément d'avoir accepté cette entrevue. Je reviens de la planète Dalam avec des nouvelles de votre fille Neutriss. J'implore votre pardon, je me suis laissé tenter par la distraction de l'animacorpatum, mais cela m'a permis de rencontrer votre fille. Je ne l'ai pas rencontré depuis de nombreuses années. J'avais l'habitude de la voir souvent gambader dans le palais lorsqu'elle était encore enfant. Je n'ai pas pu me tromper. En sortant de l'arène, j'ai bousculé une jeune fille de son âge exactement, elle s'est retournée et je l'ai vu. C'était elle, Neutriss. Elle était accompagnée par ces répugnant Itchimas, vous savez, ces êtres repoussant... »
– Merci beaucoup la coupa Erain, qui était ce ministre Anthéa ?
– Je ne préfère pas le révéler si vous accepter bien-sûr, il sera bien temps de le punir plus tard, mais il serait dangereux de menacer ceux qui peuvent nous informer.
– Oui je comprends. C'est une situation curieuse. Pensez-vous que ma sœur est au main des itchimas ?
– Il est trop tôt pour le dire mon prince. C'est une hypothèse probable.
– Mais pourquoi donc lui as-t-on imposer d'assister à ce spectacle criminel ?
– Je ne sais pas mon prince, les possibilités sont multiples. Je ne voudrais pas m'avancer trop vite.
– Tenez-moi vite au courant de vos avancées Anthéa, je vous remercie pour ces renseignements.Faites en sorte de la rapatrier au plus vite.
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Le sang des Numuris - I L'Arme
Science FictionLa première station martienne autonome perd tout contact avec la Terre. Sa responsabilité : faire perdurer l'humanité. Plusieurs millénaires plus tard deux jeunes adultes, Neutriss et Kaïton devront faire face à leur destin pour éviter au monde une...