Le sang des Numuris - I L'Arme

30 - Retour au bercail

Le voyage en croiseur avait été un repos plus que bienvenu. Cependant, Akira Tanenseï supportait difficilement ce temps d'oisiveté imposé et faisait tout pour remettre la main sur la princesse disparue. Sur Kodhéli, il avait essayé en vain de remonter la trace de ses agresseurs. La cité marine et ces coutumes opaques avaient immédiatement brouillées les pistes. L'idée s'était rapidement imposée à son esprit qu'il serait plus efficace à Quanvin, en disposant du matériel et des renseignements de l'Union de la Lumière. Il s'en voulait terriblement d'avoir échoué. Il espérait sincèrement que Neutriss s'en sorte. Au cours de ces longues semaines sur Neoba il avait appris à apprécier la jeune femme et il sentait maintenant qu'il s'y était presque attaché.

Une autre raison l'avait poussé à reprendre le chemin de Quanvin. Il fallait qu'il parle de Kaïton. Cela faisait un moment qu'il avait repéré les capacités du jeune homme. Sur Okratum déjà, lorsqu'il était un simple professeur d'aïkijutsu. Il en avait la certitude maintenant. Il fallait qu'il en parle mais il ne pourrait pas tout dire.

Le croiseur venait de se poser. Bientôt il foulerait de nouveau le sol de cette terre qu'il appréciait tant. Ses affaires empaquetées il quitta sa cabine et se mêla au flot de voyageur. Déjà il sentait l'atmosphère sèche et parfumée de la ville Lumière pénétrer les couloirs du croiseurs. D'anciens souvenirs revenaient à sa mémoire.

C'était une autre époque, un pan sombre de sa vie. Il se souvenait de ce moment étrange où il avait divagué dans les ruelles de la ville Lumière, les dernières phrases de son capitaine tournant en boucle dans son esprit torturé. La lumière vive l'agressait, il évoluait à l'ombre des murs de terre. Il ne pouvait pas admirer l'architecture authentique. Son esprit était colonisé par ce sentiment d'abandon total. Il avait perdu sa famille, sa compagnie. Toute la stabilité qu'il avait lentement construite pendant ces longues années était définitivement perdue. Mais un espoir persistait. Son capitaine lui avait dit de rejoindre l'Union de la Lumière. « Je t'ai fait confiance comme à personne d'autre, ils te feront confiance ». Encore fallait-il les trouver. Telle avait été la raison de son errance dans le dédale qui constituait la ville historique. Alors que plusieurs jours étaient passés il s'était à peine rendu compte que la lumière de déclinait jamais dans la torride Quanvin tant il était désespéré. L'espion déchu avait passé tant d'heure a arpenter les rues à épier le moindre comportement suspect, à dénicher ce qu'il espérait être une porte dérobée vers un avenir meilleur. Il n'avait rien trouvé de tout cela. Alors qu'il avait cessé d'espérer, qu'il se disait que peut-être il devrait prendre la route des terres des ombres, ce désert glacé qui recouvrait l'autre pôle de la planète où disait-on erraient les âmes damnées. Disparaître à jamais dans les ténèbres lui paraissait une solution de plus en plus envisageable.

Akira se souvenait de ce moment où, assis sur un banc de terre séchée par le Soleil, assoiffé, harassé par le chaleur sans cœur, une femme s'était assise à ses côtés.

« Que cherches-tu ? » avaient été ses mots.

« Le repos » avait-il répondu.

« Si c'est vraiment ce que tu cherches alors reste ici » sa réponse cinglante. Elle s'était levée. Il avait levé les yeux vers elle mais n'avait pu voir son visage dissimulé par une large capuche. Alors qu'elle partait d'un pas déterminé il l'avait suivi vers son avenir.

« Pourquoi me suis-tu si tu cherches le repos ? » avait-elle demandée après plusieurs minutes où il peinait à la suivre tant il était abattu par la fatigue.

Il n'avait pas répondu.

« Quel est ton nom ? » l'avait-elle finalement interrogé.

« Taki, Mitsuho » avait-il articulé, la bouche sèche.