26 - Une petite histoire

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C'était un doux matin, l'air était frai, le ciel laiteux. Il avait plut sans doute, ou n'était-ce que la rosée ? Il y avait une jolie toile d'araignée, tendue sous un toit. Ses fils aériens étaient parés de perles de rosée, ces gouttes plus fascinantes que le diamant rendait l'édifice incroyable. Lerhim aimait s'émerveiller des petites beautés de la rue. Il partait travailler. Il était livreur de matériel informatique, un métier certes simple et à la portée de beaucoup de monde mais qu'il appréciait pour le contact humain et les rencontres qu'il impliquait. Lerhim marchait tranquillement, il habitait à deux pas du hangar de dépôt. Le jeune Néobien avait décroché cet emploi, quelques mois plus tôt, alors qu'il venait d'avoir vingt et un ans.

La journée commençait bien. Comme à son habitude, il était monté au volant de la camionnette, prêt à enchaîner les livraisons. L'usine faisait la fierté de la région. Ailleurs on disait sans-doute que la technologie Neobienne était plus qu'arriérée, mais cela suffisait. Le peuple Neobien vivait paisiblement sur sa planète, tentant de garder son autonomie dans ce monde tourbillonnant sous l'influence de la volonté de quelques-uns. Le siège de la camionnette était toujours aussi confortable. Lerhim devait d'abord passer chez Hautelum, une boutique d'instruments de musique qui tenait également une petite scène où se produisaient des artistes locaux. C'était un endroit où il aimait passer du temps. Ils avaient besoin de changer leur gestionnaire de commande à impulsions analogiques, il leur en apportait un nouveau le temps de réparer l'ancien.

Une quinzaine de minutes plus tard, le gestionnaire défectueux dans le coffre le jeune homme partait vers le spatioport, le plus gros client de son entreprise. Les passants s'écartaient sur son passage. Il y avait peu de véhicules motorisés à Trundariv, personne n'en voyait la réelle utilité, mis à part pour transporter de lourdes charges.

Il débarquait donc, cinq postes sur son charriot, dans la nouvelle section informatique du spatioport. C'était étrange de voir une telle pièce ainsi vide. Il laissait les postes ici, comme on lui avait dit de le faire, puis il revenait avec d'autres.

Quand Lerhim fut de retour dans la salle il était là. Un autre jeune homme. Il ne l'avait jamais vu. Il portait un ample pantalon de toile ocre. Une tunique sans manche, d'un blanc cassé couvrait son torse. Il avait relevé ses cheveux par un bandeau de tissu bordeaux qui s'alliait à merveille avec le teint halé de son visage.

Lerhim le saluait. Ils discutaient, il était nouveau dans le service. Apparemment ça ne faisait pas longtemps qu'il était sur Trundariv, Lerhim cru même comprendre qu'il venait d'une autre planète. Il lui parlait un peu du pays. Le Neobien en vînt à mentionner la conteuse, le mal était fait, il l'emmenait le soir même à la taverne de Dihmna. Ils s'était installés, le nouveau était très sympa, il lui avait raconté son histoire. Lerhim avait cru que la conteuse ne viendrait jamais.

Elle était venue finalement, cette fameuse conteuse. Elle commençait son récit :

« Ursilham était une jeune fille presque normale. Vous savez, à son âge, elle aimait passer du bon temps entre copines, discuter des histoires plus ou moins légendaires des ancêtres du coin.

Elle habitait dans un hameau, aux alentours de Niva, sous les montagnes noires. Son grand-père allait pêcher la dorane dans les lacs d'altitude, elle l'aidait à préparer les appâts. Elle faisait beaucoup d'autres choses mais je ne me souviens plus de tout.

Ursilham avait un secret. Ce n'était pas vraiment un secret, c'est plutôt que personne ne voulait l'écouter. Vous savez, il y a des choses comme ça. Depuis toute petite elle voyait ces voiles pâles, ces silhouettes diaphanes. Ils étaient partout où l'humain vivait. Elle n'y faisait plus vraiment attention maintenant. Ils étaient du paysage, faisaient partie de la nature. Parfois elle échangeait avec eux. Ce n'était jamais long, ni très fréquent. Ils ne parlaient pas, ce n'étaient pas des mots, mais des pensées, des émanations directes d'une conscience étrangère. Elle les comprenait, leur répondait parfois.

Le sang des Numuris - I L'ArmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant