Le sang des Numuris - I L'Arme

42 - Retour aux réalités

Résumé des chapitres précédents.

Après la captivité de Neutriss dans une famille d'Itchima, elle fut enlevé par la république Oÿnosienne. Pour se protéger d'une entité manipulatrice, Neutriss choisi de verrouiller l'ensemble de ses souvenirs. Lorsque Neutriss se réveille, elle est une nouvelle personne, au service d'Oÿnos. Elle se met alors à travailler pour décrypter la stratégie militaire amgonde. Cela était sans compter sur l'intervention de Dhéo et d'Akira qui parviennent à aborder le vaisseau militaire. Par hasard, Dhéo prononce le mot qui déverrouille la mémoire de la princesse. Celle-ci est perdue, ne sachant plus pour qui elle doit prendre parti. Elle fini par rentrer secourir Dhéo qu'elle a elle-même blessée, l'emmène au vaisseau de l'Union de la lumière. Cependant, l'abordage n'est pas passé inaperçu. Pour être sûr de pouvoir s'en sortir, Dhéo et Neutriss rentre dans une capsule dérivante en stase tandis qu'Akira se sacrifie en restant à bord du vaisseau.

– Merci docteur, tout va bien, je me sens très bien, répondit Neutriss, reconnaissante.

La jeune femme sortait de la salle d'examen médicale du palais impériale. Elle ne savait toujours pas qui elle était vraiment, mais un autre sentiment prenait le dessus en cet instant. Le soulagement. Certes, quelques mois plus tôt, il y a une éternité, elle avait tout fait pour ne jamais revenir ici. Mais à présent, elle savait qu'elle était de retour chez elle. Elle ne voulait penser à rien d'autre que ce soulagement, ce sentiment de sécurité.

L'air était doux, discrètement humide sans être lourd. Une atmosphère de légèreté enveloppait le jardin dans lequel montait une odeur de printemps. Neutriss foulait lentement les pavées de l'allée qui entourait le jardin intérieur. Leur couleur et leur grain lui rappelait son enfance. Elle s'assit sur un banc, respirant lentement pour tenter d'écarter les inquiétudes qui se frayaient un chemin dans son esprit. Elle savait qu'elle devrait se confronter à sa famille. Les retrouvailles, lorsqu'on l'avait sorti de la stase, avaient été brèves, annonçant que la discussion aurait lieu plus tard. Comme le voulait l'art de vivre Amgond lors d'un retour lointain, on lui laisserait une journée pour atterrir, au-delà de laquelle elle devrait répondre de ses actes.

Les bourgeons des lilas étaient en train d'éclore. Neutriss aurait souhaité être sereine, à l'écoute des pépiements d'oiseaux, mais elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender la confrontation avec son frère, Erain. Lui qui l'avait quittée de ce regard plein de jugement envers celle qui abandonnait ses responsabilités. Elle savait qu'il lui en voudrait toujours d'avoir quitté le palais familiale, de s'être dérobée au régime impérial.

Après s'être promené dans les jardins du palais, la princesse fini par rejoindre sa chambre. Cette chambre qui avait si peu changé en dix années. Le lambris avait gardé la même teinte claire, parsemé d'aquarelles, dont certaines qu'elle avait réalisée elle-même dans son enfance. D'autres œuvres provenaient de son grand-père. Plonger son regard dans les paysages de côtes battues par la tempête, de plaines aux arbres crépitant dans le crépuscule vermeil, lui rappelait ces précieux moment qu'elle avait passé avec son aïeul. Passé le temps du pouvoir, il s'était découvert une vocation d'artiste, capturant les paysages des quatre coins de l'Empire.

La jeune fille se sentait perdue. Sa chambre lui rappelait les instants d'innocence de son enfance. Une partie d'elle souhaitait revenir vivre dans ces souvenirs fantasmés. Elle savait cela impossible. Elle n'était plus la même personne. Qui était elle, cela restait un mystère. Par moment, sa propre vie, ses propres souvenirs lui paraissaient étrangers, en dehors d'elle-même. Dans certains flashs, elle se sentait en territoire ennemi, se demandait comment récolter des informations pour la victoire d'Oÿnos. Cette partie d'elle-même l'horrifiait, elle ne parvenait pas à saisir l'ampleur de la manipulation à laquelle elle avait été soumise. Elle ne pouvait pas chercher à comprendre pour ne pas déchirer son intégrité personnelle, du moins pour le moment.