Chapitre VII

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La première semaine se passa affreusement mal. Les repas étaient devenu un lieu de guerre. Je devais intervenir à presque tous les cours, entre les absents, les bagarres, les insultes, les coups bas. Sans compter la tonne de paperasse, les comptes rendus à Henrick et les discussions, ou plutôt les disputes sans fin avec Dovey. Je ne voyais presque pas Lesso. Elle se satisfaisait visiblement du chaos ambiant.

La deuxième semaine fut pire encore, on eut trois blessés graves et deux gamins amochés. Je commençais à saturer terriblement. La fin de semaine approchait et j'écrivais une nouvelle lettre catastrophique à l'intention du doyen de l'école des contes d'Allemagne. Mais je fus rapidement distraite par la plume en train d'écrire avec passion. Je me levais de ma chaise pour lire ce qu'elle écrivait. J'eu droit à un ou deux coup de plume pour me repousser et qui me firent raller, avant qu'elle ne me laisse enfin lire. La surprise me fit rester sur place un long moment, ce que le Storian ne manqua pas de relever.

Je rangeais mes feuilles et mon stylos et quittait mon bureau. Sur le chemin, je croisais Dovey, visiblement presque aussi épuisée que moi.

- Ava ! Il faut que je te parles, ce n'est plus possible.

- Non Dovey pas maintenant.

Elle me fit m'arrêter avec ses pouvoirs, ce qui ne manqua pas de me mettre dans une colère noire. Je me servis des miens pour la repousser violement. Ses yeux s'emplirent de larmes. Je m'en voulais, mais je ne le montrai pas, hors de question. La sensation de pouvoir absolu était grisante, j'avais la puissante envie de la blesser. Mais je refoulais le mal inscrit en moi.

- ça ne marche pas Ava. ça ne va pas marcher c'est impossible.

- Ok, tu veux parler, on va parler. Vous ne mettez aucune volonté dans le projet. Je me tue à vous aider et vous, vous n'essayez même pas !

- On essaie mais .. .

- Non ! Ne me mens pas princesse.

Je l'avais visiblement blessé. Ses yeux brillants de larmes s'étaient écarquillés mais elle ne s'indigna pas. Parce que j'avais raison.

- Alors fais un effort. Faites tous un effort. Après ce que vous avez vécus, vous devriez vouloir tout faire pour ne plus jamais être divisés.

La femme fronça les sourcils et fit demi-tour sans un mot, alors que j'essayais tant bien que mal de faire refluer la colère qui m'avait gagné.

Quand je me fut enfin calmée, je repris mon chemin vers l'école du mal, droit vers le bureau de Lesso. Le souffle court, je me forçais à me calmer et avant de toquer. Le choc de mes phalanges contre le bois résonna bien trop fort à mon goût. Au bout d'une longue minute, la porte s'entrebâilla légèrement et le visage de Lesso m'apparut. Comme je l'avais vue, elle était visiblement perturbée.

- Qu'est-ce que tu veux Ava ? Que je te remercie pour le chaos que tu as créé ici ? Merci !

Son ton était agressif, elle voulait me blesser. Je poussais la porte pour entrer et la claquait dans mon dos.

- Mais je t'en prie entre !

Mon regard balaya la pièce et tomba sur un couteau, posé sur son bureau, la pointe recouverte de sang. Je me tournais vers la femme qui avait retrouvé son air supérieur et suffisant. Je pris finalement la parole :

- Je te laisse le choix. On parle de l'école, et de ce que tu vas faire pour que les choses fonctionnent enfin. Ou alors on parle de ça.

Je désignait le couteau ensanglanté. Je la vis se raidir et tentais de masquer ma satisfaction. Elle cessait enfin d'avoir le contrôle. Elle allait devoir réagir. Son regard assassin ne fit que renforcer mon sentiment de toute puissance.

- Mais les choses fonctionnent parfaitement bien dans cette école. Répondit enfin la rousse.

- Non Lesso. Rien ne fonctionne et tu le sais parfaitement. Mais tu sais aussi comment arranger les choses. Et tu vas le faire. Je répondis avec un sourire satisfait.

Elle ne répondit pas, mais je sentais que j'étais à deux doigts de gagner. Je surenchéri donc :

- Parfait. On fait comme ça du coup.

- Je n'ai jamais dis que je t'aiderai.

Je me dirigeais vers la porte, passant devant la rousse au passage. Mon regard descendit de ses yeux au haut de sa chemise entrouverte.

- Merci beaucoup Lesso. Oh et, tu feras attention tu as une tâche juste ici.

Mes doigts se posèrent sur sa chemise, tachée de sang. Ses poings se serrèrent, je l'avais enfin acculée. Elle devait aller dans mon sens, elle n'avait plus le choix. Je lâchait son haut pour planter à nouveau mon regard dans le siens et un sourire victorieux se dessina sur mes lèvres.

- A demain.

Je quittais la pièce d'un pas assuré. Et oui, je m'étais servie de ce qu'avait écrit la plume pour faire chanter Lesso. Et oui j'avais eu mal en tombant. Je suis une jamais après tout.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant