Chapitre XVIII

73 11 1
                                    

Un bruit trouble le silence de ma tour. Pour la première fois depuis des jours, je me lèves de ma chaise pour en chercher la source. Je m'avance vers les escaliers lorsque le bruit reprend. Des coups, violents, frappés contre la porte. Je ne réagis pas. Personne ne peux entrer, les maléfices bloquent toujours efficacement toutes les entrées. Enfin je suppose. La voix de Lesso résonne alors entre les murs de pierre.

- OUVRE CETTE PORTE IMMEDIATEMENT GOTHEL OU JE DEMONTE CETTE TOUR PIERRE PAR PIERRE POUR T'EN SORTIR !

Je sens la rage émaner de sa voix comme une promesse de mort. Je sens quelque chose en moi se vriller. Quelque part je m'en veux d'avoir brisé son bras comme ça. Mais elle m'avais poussé à bout. Et aujourd'hui encore elle est contre moi. Les coups continuent, encore et encore. Je n'ai plus la force de lutter. Je descends les marches. Ce faisant, je passe devant ma chambre et croise mon reflet dans le miroir. Je porte un pantalon noir trop ample, une chemise noire qui flotte autour de mon corps et n'a plus aucune forme digne de ce nom. Mes cheveux ont bouclés et mon visage s'est terriblement creusé. J'ai l'air presque morte. C'est plutôt cohérent finalement. Une fois devant la porte, je pose ma main sur le bois froid, puis mon front.

- Bonjour Lesso. Qu'est-ce que tu veux ?

- Sors de là Ava. Répondit-elle d'un ton agressif.

- Moi aussi je vais bien merci, et toi ?

Je tente un ton ironique qui se solde par un échec. Ma voix est marqué par l'épuisement. Il y a un long silence, durant lequel j'ose à peine respirer, avant que je ne l'entende à nouveau :

- On a retrouvé Tedros.

- Je sais.

- Il faut que tu sortes.

- Pourquoi je ferai ça ?

- Il n'est plus question de te livrer au royaume de Raiponse Ava.

- Vraiment ? Je demandais sans conviction.

- Vraiment. Tedros est revenu avec des nouvelles très grave. Il prétend que tu l'a enlevé et torturé.

- Moi ? Mais je ne connais même pas ce garçon.

- Il nous a dit que l'absence de nouveaux contes était de ta faute aussi. tu es venu ici, et tu nous as tous mit en danger. J'apprécie l'effort. Mais il va falloir sortir maintenant.

Je ne réponds pas. Alors comme ça elle croit toutes ces conneries ? Bien sûr, la vilaine Gothel est forcément venue tout détruire sur son passage. Je soupire et me redresse.

- Ava je ne rigolais pas, je vais .. .

Je ne la laisse pas finir sa phrase et ouvre la porte. Elle est là, devant moi, les yeux écarquillés de surprise. Son regard se ferme rapidement et elle me fait signe de la suivre. Je le fais sans résister le moins du monde. Nous entrons dans le château des Jamais et avançons dans les couloirs sans autre bruit que ses talons claquant sur les dalles et le frottement de mes semelles. Nous entrons dans une pièce que je sais être la salle d'amendement. Lesso m'indique le siège qui y trône et je m'y assieds. Froidement, elle prend les chaines qui traînaient sur le sol et les attache à mes poignets, les serrant bien trop fort pour l'absence de résistance dont je fais preuve. Son regard m'esquive, et elle quitte la pièce.

Je reste là, seule encore une fois, dans la pénombre et le froid. Jusqu'à ce qu'Anémone entre, accompagnée des professeurs du mal et du bien.

- Bien. Ravie de voir que tu te décide enfin à te confronter à ce que tu as fais. Lâche-t-elle sèchement.

- Je n'ai rien fais. Je réponds d'un ton faible et détaché.

- Ca suffis Ava. Tedros nous a tout dit. Tu n'étais pas là pour nous aider, mais pour nous détruire.

- Arrêtez. Vous voyez bien que c'est ridicule.

- Tu vas parler Ava. Je peux te l'assurer.

Je ne réponds pas. C'est inutile. Les femmes sortent et me laissent seul, encore.

La suite des évènements se passe dans un étrange flou, certainement lié au fait que je n'ai rien mangé depuis des jours et qu'elles passent leurs temps à me poser les mêmes questions encore, et encore, et encore. Je n'ai pas l'énergie pour lutter et à force je finis par me taire, tout simplement. Il n'y a plus rien à dire, ils sont convaincu que je suis le mal incarné, et que je suis la menace qui pèse sur eux. Je reste là, sur cette chaise, deux jours entier d'interrogatoires inutiles.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant