L'école du Bien et du Mal II

Chapitre XXXIII

Je reste un long moment silencieuse face à mon ami. Etre doyenne dans cette école avait été durant longtemps un rêve pour moi. Les lieux étaient magnifiques, je m'y sentait plutôt bien, et j'avais Diethelm. J'étais tentée d'accepter la proposition, mais d'un autre côté je sentais que je n'en avais pas finis avec l'Ecole du Bien et du Mal. Et puis, j'ai fais une promesse. Je dois retourner là-bas.

Diethelm semble comprendre que je vais refuser, alors il me coupe l'herbe sous le pied.

- Tu n'es absolument pas obligée de répondre tout de suite. Je vais te laisser le temps d'y réfléchir tranquillement.

Je hoche la tête doucement.

- D'accord. On en reparle plus tard alors.

Il semble un peu plus rassurer, puis il me laisse me reposer.

Je sors de l'infirmerie le lendemain. J'ai encore un peu de mal à rester debout longtemps, mais je peux marcher au moins. Je suis soulagée de quitter ce lit. Décidément, j'avais passé beaucoup de temps alitée cette année. J'envoie régulièrement des nouvelles aux trois femmes qui gardent l'école du bien et du mal, par le biais d'une lettre en commun. Et même si Diethelm me rabâche qu'il faut que je parle à Lesso, je ne le fais pas. Et oui c'est de la pure lâcheté. Et non je ne compte pas prendre mon courage à deux mains.

Il y a ensuite une réunion avec tous les professeurs, durant laquelle je donne ma réponse. Non, je ne serai pas leur prochaine doyenne. Je m'en veux quelque peu, mais je ne peux vraiment pas. S'ensuit un débat pour savoir qui sera donc le futur doyen. Mais impossible de le désigner parmi les personnes présentes car, soit elles ne sont pas dignes de confiances, soient elles sont trop attachées à leur post de professeur pour le lâcher. C'est alors que Diethelm a une idée lumineuse. Il propose de faire une réunion des anciens élèves, nous pourrions élire tous ensemble le prochain doyen. Et je trouve l'idée géniale.

Les préparatifs de la fête, car oui chez nous réunion signifie fête, commencent presque immédiatement. Le lendemain, toutes les invitations ont été envoyées et le surlendemain tout est prêt. Il nous faut encore attendre deux jours pour être fin prêts. Je suis encore quelque peu affaiblie, mais je m'en sors plutôt bien, et une nouvelle balafre vient rejoindre les autres sur mon corps.

Je me rends compte d'à quel point mon coeur est meurtrit en me changeant pour aller à la fête qui a certainement déjà commencé d'ailleurs. On avait encore discuté durant des heures avec Diethelm et nous sommes désormais en train de nous préparer avec précipitation.

- Ce vert ou celui là ? Me demande-t-il en me montrant deux gants.

Je hausse les épaules. Je n'avais même pas remarqué qu'ils n'avaient pas la même couleur.

- Accorde avec ta cravate. Je propose hasardeusement.

Son visage s'illumine.

- Mais oui ! Ava tu es un génie !

J'explose de rire en m'efforçant de détourner mon regard du miroir pour enfiler ma robe. C'est une longue pièce de tissue noir manche longue près du corps, qui dévoile mes épaules et offre un décolleté des plus prononcés. Je me regarde dans le miroir quand mes yeux tombent dans ceux de Diethelm qui sourit en me regardant.

- Tu es sublime ma belle.

Un petit sourire étire mes lèvres et je fais un geste du menton dans sa direction :

- Et toi, toujours aussi élégant.

Il m'offre une petite révérence avant de s'avancer vers moi pour remettre en place ma robe. Il passe mes cheveux sur l'une de mes épaules, les empêchant de repasser sur l'autre à l'aide d'une petite pince discrète. Puis il attache un long collier en argent, une chaine fine qui tombe dans le décolleté.

- Voilà. Là tu es parfaite. On y vas ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête et nous traversons deux couloirs avant d'entrer dans l'immense salle de bal.