Chapitre XIII

76 12 2
                                    

Anémone avait expliqué la situation à Lesso, et, après un long silence, cette dernière avait rejoint la professeur d'esthétique derrière le bureau. Elle ouvrit le tiroir d'une petite table sur laquelle trônait une plante verte et en sortit un vieux bouquin en cuire brun.

- Tiens. C'est bien ça que tu cherchais non ? Demanda-t-elle en allant s'asseoir sur la chaise à côté d'Agatha.

- Oh oui ! C'est ça. Parfais, merci Lesso.

Elle ouvrit le livre et le feuilleta avec précipitation alors que je m'étonnais de l'aisance de la rousse dans ce bureau. Elle semblait le connaître sur le bout des doigts. Sophie et Agatha échangèrent un regard et mes yeux se posèrent sur la professeur du mal. Elle évita mon regard et se tourna vers Anémone.

- Alors ?

Sophie se tourna à son tour vers elle, tendue par l'attente. Même moi qui ne saisissait pas bien ce qu'il se passait je sentais la tension me gagner. Anémone releva la tête.

- Trois.

- Trois quoi ? Demanda Agatha.

- Trois contes. En un an. Voilà tout ce qu'il y a eut en un an. Trois contes.

Je regardais tour à tour chacune des femmes.

- Et alors ? Je demandais.

Le regard que me lancèrent Sophie et Anémone me fit clairement comprendre que j'aurai dû me taire.

- C'est impossible. Souffla Lesso.

- C'est trop peu. Ajouta la professeur d'esthétique.

- Il devrait y en avoir bien plus ! Conclu Sophie.

Même Agatha hocha la tête. J'étais beaucoup trop perdue. Il fallait que je réagisse. J'avançais vers mon bureau, brisant la fixité ambiante.

- Bien. Quelque chose cloche vraiment. Anémone, tu as finis ta lettre au père de Tedros ?

La femme posa le livre sur le bureau, repris la plume qu'elle y avait laissé et signa le papier.

- Maintenant oui.

- Bien, envoie là directement. Je viendrais te voir dès que j'aurai une réponse. Sophie, Agatha, vous pouvez vous installer dans un dortoir libre. Je vous tiendrai aussi au courant. Et Lesso.. .

La rousse leva son regard vers moi. Elle n'avait visiblement pas envie que je lui donne un quelconque ordre. Je m'abstenait donc et poursuivis sans finir ma phrase :

- Je vais envoyer une lettre à Henrick. Il sait peut-être quelque chose.

Les deux jeunes femmes quittèrent mon bureau et Anémone se dirigea vers la sortie elle aussi. Mais elle s'arrêta dans le cadre de la porte pour nous regarder tour à tour Lesso et moi.

- J'espère que tu sais ce que tu fais Ava. Dit-elle d'un ton sec.

Elle ne me laissa pas l'occasion de répondre et s'en alla d'un pas rapide. Je soupirai. Décidément je m'étais mise dans un sacré bazar. J'étais la doyenne et j'étais totalement dépassée par la situation. Il me manquais en plus des informations visiblement évidentes. Je passais vraiment pour une idiote. Les talons de Lesso claquant sur le sol me firent me retourner.

- Tu venais pour quoi ?

- Laisse tomber.

Son ton était froid et sec. Je fronçais les sourcils d'incompréhension et d'agacement.

- Sérieusement ? Tu te fous de moi ou quoi ?

Elle m'ignora et passa à côté de moi sans me regarder. Je levais le doigt et la porte se claqua devant elle pour l'empêcher de sortir.

- Tu comptes m'ignorer longtemps comme ça ? Qu'est-ce que tu étais venue me dire ? Je m'énervais.

Elle mit un moment avant de se retourner. Son regard me fit froid dans le dos.

- Laisse moi sortir Ava.

J'avançais vers elle.

- Et sinon quoi ?

Elle déglutit et croisa les bras.

- Je vais vraiment finir par te tuer Gothel.

- Arrête de m'appeler comme ça.

- Et pourquoi ? Tu ne t'es pas gênée pour .. .

Elle ne finit pas sa phrase. Restant muette face à moi, les bras croisés et le regard meurtrier.

- Pour quoi Lesso ? Pour mettre les choses au clair ? Pour nous empêcher de merder ? J'ai des responsabilités Lesso ! Je ne peux pas coucher avec toi comme ça sans conséquences.

Elle ne répondit toujours pas.

- C'est quoi le problème ?! Que je t'ai proposé de l'aide ?!

- Ne recommence pas Gothel.

- Oh pardon Leonora de Gavaldon je t'ai blessée ? Je dis d'un ton ironique, de plus en plus agacée.

Elle leva la main et j'attrapais son poignet. Non, elle ne me giflera pas à nouveau.

- Ne lève pas la main sur moi Lesso ou je te la brise.

Elle se dégagea avec force.

- Pourquoi maintenant hein ?

- De quoi tu parles ?

- Tu savais tout. Tu connaissais mon nom mais tu ne l'utilisais pas. Alors que moi je me sers du tiens. Pourquoi tu l'utilises maintenant ? Pourquoi maintenant et pas avant ?!

- Tu veux que je t'appelle Leonora ? C'est ça ton problème ? C'est ça que tu venais me dire ?

- N'utilises pas ce nom.

- Qu'est-ce que tu veux alors Lesso ?! QU'EST-CE QUE TU ETAIS VENUE ME DIRE ?!

Elle recula, une de ses mains se posa au dessus de sa poitrine, là ou elle se mutilais. La colère montait en moi, je peinais à la contenir. J'avais envie de lui faire mal. Mais en même temps je devais me retenir de l'attirer contre moi.

- Ca n'a pas d'importance. Retourne d'où tu viens Ava, tu n'as pas ta places ici. Tu ne sais même pas ce que tu fais.

Trop choquée par ses mots pour réagir, je ne pu que la laisser s'en aller. J'étais en colère, très en colère. Et pourtant je savais qu'encore une fois, elle avait visé juste. Je ne savais rien. Rien du tout.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant