Chapitre IX

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J'avais envoyé la lettre en pleine nuit. Dans la panique, je me mis à faire les cents pas. La colère et la peur se mêlaient en moi et me coupaient la respiration. Je n'avais qu'une envie : tout briser. Même Lesso. Surtout Lesso. Incapable de me contenir plus longtemps, je quittais mon bureau, non sans balancer une chaise au passage. Heureusement, pour eux, je ne croisais personne sur mon chemin jusqu'à la forêt bleue. Mais là, enfin seule, je pouvais libérer la colère qui grandissais en moi. Je pouvais détruire. Le brouillard bleuté qui faisait le renom de la forêt se teinta de verre au fur et à mesure que je relâchais mes pouvoirs. Je fermais les yeux, les bras tendus de chaque côté de mon corps, savourant chaque frisson de haine qui me parcourais. Soudain j'ouvris mes yeux, devenus verts, et j'explosais. Une onde de choc dévasta la forêt sur un kilomètre autour de moi. Toute forme de vie fut anéantie. Seuls substaient les animaux que je me fis violence pour épargner. Je me lançais face à la parcelle de champs de fleur qu'il restait, ces dernières étaient encore et toujours plus agressive. J'avançais au milieux d'elle, elle me mordaient, déchiraient mes vêtements, mais chaque fois que l'une d'elle posait ses vilaines dents sur moi, elle mouraient dans des sursauts écurants. Je fis imploser quelques arbres, me battis à main nues avec un faucheur qui m'offrit une belle balafre avec sa faux qui traversait mon dos pour remonter en haut de ma nuque. C'est une fois que je l'eu fais partir en fumée que je me sentie enfin un peu plus calme. J'avais encore la formidable envie de démolir cette stupide école pierre par pierre et d'enterrer vivante Lesso sous les débris, mais je réussis étrangement à me satisfaire de ce carnage dans la forêt. Puis je rentrais à la tour, mes vêtements étaient en lambeaux, ma peau lacérée, mes yeux se fermaient tous seuls. Je tombais sur mon lit en arrivant et m'endormis instantanément.

Mon réveil une quarantaine de minutes plus tard fut des plus désagréables. des coups frappés à ma porte en continue, accompagnés de la voix altière de Dovey.

- Ava ! Ava on a un problème ! Sors de là Ava ! La forêt a été détruite ! Il ne reste presque plus rien !

J'ouvris les yeux avec un certaine difficulté et me redressais sur mon matelas. Dovey criait les mêmes mots en boucles et dans tous les sens possibles. Craignant qu'elle n'enfonce la porte, je lui avais crié que j'arrivais, qu'il me fallait seulement une minute. Là, je me rendis dans ma salle de bain pour voir l'étendu des dégâts, et non, ce n'était pas glorieux. J'étais lacérée de partout et mes vêtements étaient dans un état pitoyable. Je fonçais à la douche, me maquillais pour couvrir le carnage, et enfilai la dernière tenue qu'il me restais : une robe noire marquant mes formes et arrivant à mi-cuisses. Je n'avais pas vraiment prévue de la porter mais puis-ce qu'il ne me restait plus que ça. Je sortie enfin et toisais Dovey.

- Oh Ava .. . Tu es absolument exquise dans cette tenue tu .. .

- Dovey.

Je claquais des doigts pour la ramener dans la réalité.

- Dovey je pensais que nous étions pressées.

La femme secoua la tête et se repris. Mais je lue une certaine fierté dans son regard, comme si elle était persuadée que j'appartenais aux Toujours et qu'elle en était fière. Ensemble, nous sommes rendus devant ce qui était autrefois une forêt, et qui était maintenant une terre morte, calcinée, fumante, morcelée et parsemés de trous d'une taille improbable.

- Ah, effectivement c'est problématique.

J'avais dis ces mots sur un ton détaché et Dovey se tourna vers moi.

- C'est grave Ava ! Cette forêt était l'un des piliers de l'école. J'ai parlé avec les autres professeurs et nous avons peut-être une solution pour réparer les dégâts mais elle ne sera plus jamais pareille. Et je ne suis même pas sûre que l'on y arrive.

Son regard était plein d'espoir et ne me lachait pas. C'est ce moment que choisit Lesso pour pointer le bout de son nez. Elle poussa un petit sifflement admirateur.

- Et bien mesdames. C'est un carnage. Dites moi vite qui a fait ça que je le félicite.

Elle avait prit un air amusé mais je voyais bien à son regard brillant qu'elle aussi était heurtée. La forêt était visiblement importante. Très importante. Et je l'avais démolie. Je pris une grande inspiration pour retrouver contenance et déclarait :

- On a qu'à se servir de ça.

- S'en servir ? Pourquoi ? Et comment ? Demanda Dovey dans la plus totale incompréhension.

Lesso aussi me regardait avec curiosité.

- Les élèves ont des dons puissants eux aussi. Il suffit de remplacer un de leur cours pour les mettre à contribution. Tous ensemble nous réussiront forcément à réparer ça. Et ce sera une occasion de plus pour travailler ensemble.

Les deux femmes semblèrent hésitantes mais aucune n'alla contre mon idée. Dovey demanda cependant :

- Et pour le coupable ?

- Je m'en occupe personnellement. Ne vous inquiétez pas pour ça. J'avais répondu en rebroussant chemin.

Je laissais les femmes pour retrouver Anémone dans son bureau. Elle était visiblement tout aussi bouleversée que les deux autres professeurs et je commençais à ressentir quelque chose qui s'apparentait à de la culpabilité. J'expliquais à la professeur d'esthétique ce que j'avais proposé aux professeurs du bien et du mal, et elle eut l'air ravie de l'idée. Son visage s'emplit d'un espoir nouveau. Je quittais alors son bureau pour retourner dans le miens et m'y enfermer. Moins je sortais, moins j'avais de chance que Lesso se décide à me démasquer auprès de toute l'école. Et j'attendais avec une grande impatience la réponde d'Henrick. Ma lettre était partie d'urgence et j'y avais spécifier qu'il fallait absolument que je quitte cette école.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant