Chapitre XXX

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Nous nous sommes toisés un moment, jaugeant chacun ce que l'autre savait ou non. Puis nous avons quitté la salle. Diethelm me regarde avec surprise mais je lui sourit pour lui signifier que tout va bien avant de refermer la porte dans mon dos.

- Ava, écoutes .. .

- Tu veux vraiment faire ça ici Henrick ? Je le coupe brusquement.

Il hésite mais me fait signe de le suivre. Nous avançons dans un silence lourd à travers les couloirs jusqu'à son bureau. Quand la porte se ferme, je le regarde s'asseoir sur l'angle de son bureau et croise les bras. Le silence n'est d'abord brisé que par le grattement sur le papier de la plume magique, puis par la voix grave de ce sal traitre qui me fait face :

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Demande-t-il.

Son ton est sec. Cassant. Il ne se cache plus. Et je compte bien faire de même.

- Tu es le pire des enfoirés Henrick. Depuis quand est-ce que tu joue avec moi comme ça ?

Il n'hésite même pas une seconde et répond sans me quitter des yeux, croisant les bras à son tour :

- Depuis que je suis venu te chercher.

- Avant que je n'arrive dans l'école ?!

- Oui. Ca faisait déjà un moment que nous avions remarqué des problèmes avec les contes. Depuis la mort de Rafal à vrai dire. Alors j'ai su que tu étais la solution.

Je secoue la tête et me retiens de lui hurler dessus.

- Alors je n'ai jamais compté pour toi en fait ?

- Non Ava tu te trompes. C'est tout le contraire, tu comptes plus que tout pour moi. Tu es la clef.

- La clef ?! Je te parles de sentiments ! De l'amour paternel que tu disais avoir pour moi ! Et toi tu me parle de clef ?!

- Calme toi. Tu ne sais pas à quel point tu comptes. C'est toi qui dois changer les choses. C'est toi qui doit tous nous sauver. Toi la fille de Gothel. La fille de la mort. Qui a décidé d'elle même de choisir la vie, le bien.

- Je vais te montrer ce que j'ai choisis Henrick. Et je peux t'assurer que tu n'en ressortira pas entier !

- Stop. Calme toi enfin. Tu n'es pas venue pour t'en prendre à moi.

- Oh vraiment ? Tu veux parier ?

Un sourire tord son visage et j'ai une terrible envie de le lui enfoncer dans le visage pour le ressortit de l'autre coté de son crâne.

- Oui vraiment. Parce que tu veux des réponses. Et c'est moi qui les ai.

Je soupire. Il a raison.

- Alors dis moi. Qu'est ce qui est vraiment arrivé à Tedros ?

- Le gamin d'Arthur ?

- Oui ! Tu en connais beaucoup des gosses avec un nom pareil ?!

Il ose rire et je serre les poings pour me contenir.

- Effectivement. Et bien, si tu veux savoir ça, je l'ai fait enlevé. Puis je l'ai moi-même torturé durant .. . je dirais un mois ou deux. Puis je l'ai relâché quand il me semblait que c'était le bon moment.

- Quand tu avais Anémone totalement de ton côté c'est ça.

- Oui, c'est ça.

- Et je peux savoir pourquoi tu as fais ça ?

- Pour te faire accuser voyons.

- Mais pourquoi moi putain ?! Tu n'avais pas besoin de ça pour avoir la larme de Raiponse !

- Alors elle te l'a vraiment envoyé hein ?

- Ca ne te regarde pas. Pourquoi moi ? Et pourquoi tu veux à ce point cette larme ?

- Ce sont deux questions très distinctes.

- Parfait. N'hésite pas à développer alors.

- Pourquoi toi ? Une question idiote à laquelle j'ai déjà en grande partie répondu. Parce que tu est l'élue, parce que tu es la Jamais la plus faible que je n'ai jamais rencontré, et que tu étais donc la mieux placée pour changer les choses. Grace à toi les contes revivrons. Je n'avais qu'à t'envoyer les embûches, créer malgré toi ton conte. De la même manière qu'avec Tedros. Je suis notre sauveur, je suis le Créateur des contes renaissants.

- Tu es complètement cinglé Henrick. Ce n'est pas le manque de contes le problème, c'est que personne n'y porte plus d'intérêt !

- Je sais bien ! Mais grâce à moi les contes prennent une dimension nouvelle. Je suis .. .

- Oui oui, tu es le "Créateur", j'ai bien compris ça. Mais tu te rends compte d'à quel point tu es stupide ou pas ?!

Je le sens s'énerver. Ses pommettes se teintent de rouge et ses yeux s'assombrissent.

- Et pour la larme alors ? Pourquoi est-ce que tu la voulais ?

- Pour que ce que j'avais raconté sur ta mère soit cohérent.

- C'est tout ? C'est pire que ce que je pensais.

Il se met alors à rire.

- Non ce n'est pas tout. Je la voulais aussi pour l'immortalité qu'elle m'apporterai. Et pour que tu n'es plus aucune chance de venir m'emmerder une fois que Lady Lesso t'aurai réglé ton comptes.

Je me crispe. Qu'est-ce qu'il vient de dire ?! Pas le truc sur l'immortalité, ça je m'en fou, c'est son délire de Créateur cinglé. Non non, à propos de Leonora.

- Pourquoi est-ce que Lesso m'aurait tué ?

- Oh ça te surprends ? Mais parce que c'est dans sa nature Ava. Parce que j'avais fais de toi son ennemie. Et parce qu'un vrai Jamais doit tuer ses ennemis.

Je commence à avoir sérieusement envie de lui exploser la tête. Tout ce qu'on avait vécu, la torture, l'isolement, la haine, le bras que je lui avait cassé. Tout ça c'était sa faute.

- Oh non Ava .. . Ne me dis pas que tu l'aimes !

- Ferme la.

- Vraiment ? Alors tu es bien plus faible que je ne le pensais !

- Ta gueule putain !

Il explose de rire.

- Elle ne ressentira jamais rien pour toi. Tu peux être aussi mièvre que tu veux, aussi bonne au lit que tu le souhaite, elle est et restera une Jamais, une vrai elle. Et tu ne sera toujours qu'un jouet pour elle ma pauvre.

Je ne peux me contenir plus longtemps. Mes yeux virent au vert, la salle aussi, et je me jette sur lui.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant