L'école du Bien et du Mal II

Chapitre XVI

Je m'étais enfermée dans la tour et l'avais scellée de maléfices. Impossible d'y entrer par n'importe quel moyen. Les fées, les gardes loups, les professeurs avaient tentés de toutes les manières d'entrer mais je tenais bon. Leurs menaces, leurs belles paroles, leurs marchandages, rien ne fonctionnait. Je compris que j'étais seule. Totalement seule. Je n'avais plus de nouvelles d'Henrick, les lettres ne pouvaient bien entendu pas arriver jusqu'à moi et personne ne me les ferai parvenir. Tout le monde dans l'école était contre moi. Et Lesso .. . elle devait souffrir le martyre, quelque part dans l'école.

Je passais mes journées à regarder la plume écrire, couchant ma détresse et ma solitude sur papier dans une calligraphie affreusement belle. Au bout de quelques jours je me mettais en action. Je devais leur prouver que j'avais ma place ici, que j'avais la solution. Je réfléchissais, je lisais, j'étudiais. Mais mes ressources étaient terriblement limitées. Mais je savais au fond de moi que je trouverai la solution. Le monde ne voulait plus des contes, ils étaient dépassés, trop stéréotypés. Moi même je n'y voyait plus d'intérêt. Mais la solution était là, sous nos yeux. Et les changements instaurés dans l'école était la clef. Il fallait que les élèves comprennent la complexité des gens, du monde. Alors les contes renaîtraient de leurs cendres. Alors le monde recommencerait à lire les contes. Et nous ne disparaîtrons comme si nous n'avions jamais existés.

Un matin, peut-être le septième ou huitième jour de mon isolement, j'avais abandonné mes recherches. J'avais la solution, j'avais envoyé un message par miroir entrecroisés à Anémone mais elle avait refusé de m'écouter. La solitude me pesais de plus en plus. Je désespérais. Soudain, un cri brisa le calme de la cours :

- TEDROS !

C'était la voix d'Agatha. Je montais voir à travers les vitraux ce qu'il se passait. Là, je vis le garçon, traîné au mieux par Anémone et quelques élèves. Il était visiblement inconscient, blessé, en sang. Je me demandais d'ailleurs si il était en vie un moment. Mais lorsqu'Agatha se jeta sur lui, il entrouvrit les yeux. Elle le serra contre elle. Sophie dans son dos lui dit quelque chose que je ne pu entendre. Il entraînèrent Tedros en direction du château des Toujours alors qu'il reprenait doucement conscience. Il se mit à se débattre maladroitement et ses camarades ainsi que la nouvelle doyenne de l'école firent de leur mieux pour le maîtriser. Je l'entendais crier mais je ne pouvais comprendre ce qu'il disait. J'étais bien trop loin. Soudain, tous les regards se levèrent vers le sommet de la tour. Je me figeait, même si je savais qu'avec la lumière du soleil réfractant les couleurs des vitraux, ils ne pouvaient pas me voir. Leur air grave me confirma que j'étais encore une fois dans les problèmes. Je vis Agatha s'avancer à grands pas rageurs en direction de la porte sur laquelle elle se mit à tambouriner de toutes ses forces.

- AVA ! TRAITRE ! JE T'AVAIS FAIS CONFIANCE ! COMMENT AS-TU PU FAIRE CA ?!

Elle continua de frapper et de hurler jusqu'à ce qu'elle se fasse entraîner par Sophie et d'autres élèves dans le château. La cours était de nouveau vide. Mon esprit aussi. Je redescendit avec lenteur les marches de l'escalier et retournais m'asseoir face au Storian pour le regarder écrire. Je n'avais rien d'autre à faire. Je ne ferais rien d'autre. J'étais seule, définitivement seule. Et visiblement j'étais encore un problème pour une autre raison que je ne connaissais même pas.