Chapitre XXXVII

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Je ne me réveille que le lendemain matin, avec l'agréable sensation d'être parfaitement reposée et en pleine forme. Je ne souffre plus tellement de mes blessures, et je suis maintenant plus en paix face à ce que je ressens. Dès que je suis lavée et habillée, je rejoins les professeurs à l'heure du repas. La salle remplie d'élèves est assez agitée mais tout semble bien se passer.

- Oh Ava ! Je suis contente de te voir ! Tu as meilleure mine, viens t'asseoir ! S'exclame Dovey.

Anémone me sourie et Lesso aussi. Je m'installe avec elles. Elles discutent de tout et de rien lorsque Dovey s'exclame à nouveau :

- Au fait ! Nous avons fini par ramener la forêt bleue !

- Forêt bleue tu parles .. . Lâche Lesso.

- Oui, effectivement elle est plutôt entre le vert et le bleue maintenant. Admet la professeur du bien avec un sourire embarrassé.

- Quelque chose comme bleue canard. Rajoute Anémone.

Visiblement ça, ça n'est pas passé.

- Ah bah tient, en voilà une idée, on a qu'à l'appeler la forêt bleue canard ! S'exclame Lesso ironiquement.

Silencieusement coupable dans mon coin, je ne peux retenir un petit sourire amusé.

- Mais non Lesso ! On ne peut pas changer son nom ! Elle est encore un peu bleue. Ca ne change rien du coup si ? S'indigne Dovey.

- Mais oui Clarissa. La rassure Anémone en fusillant Lesso du regard.

La normalité de cette discussion me réchauffe le coeur. Mais bien sûr, au moment où je pense ça, Anémone reprend la parole :

- Je ne compte plus reprendre le post de doyenne. Je pense que ce n'est finalement pas une bonne idée.

Nous la regardons toutes les trois surprises.

- Mais .. . Anémone ? Et qui sera doyen maintenant ? Interroge Dovey.

La professeur d'esthétique me regarde avec insistance, et je secoue instantanément la tête.

- Ah non. Non non non, hors de question.

- Tu es faites pour ce post.

- Oui c'est vrai ! Surenchérie Clarissa.

- Elles ont pas tord. Ajoute Lesso.

Je secoue encore la tête.

- Non. C'est non je vous dis. Hors de question. Ce n'est pas pour moi.

On se regarde dans le blanc des yeux, soudainement indécises. Je finis par proposer doucement :

- Mais si vous me faites confiance, je connais quelqu'un qui est totalement fait pour ce post.

Elles me regardent avec curiosité, et après quelques minutes de silence, j'ai finalement leur accord.

Après le repas je retourne à mon bureau et envoie une lettre à l'école des contes d'Allemagne pour leur parler de ma recherche d'un nouveau doyen. Je reçois la réponse dans la soirée, positive. Je cours annoncer la nouvelle à mes collègues qui semblent absolument ravie. Leur confiance en moi me fait chaud au coeur. Je leur annonce que le nouveau doyen sera là le lendemain. Puis je vais me coucher.

Ce sont des coups frappés à ma porte qui me réveillent le lendemain. J'ouvre brutalement les yeux et me lève en sursaut. Encore en chemise de nuit j'ouvre la porte en grand. Je n'ai rien à cacher cette fois, Lesso ne ma pas rejoint pour dormir. Le visage de Bastian apparaît sous mes yeux fatigués.

- Quoi ? Je demande un peu sèchement.

- Pardon Miss Ava. Mais j'avais besoin de vous parler.

Je lève les yeux au ciel et hoche la tête et lui fait signe de me suivre jusqu'à mon bureau. Je m'assieds, lui fais signe de faire de même et attends en silence qu'il parle.

- Vous vous rappelez de la fois ou j'ai faillis mourir ?

Je hoche la tête, attendant de comprendre là où il voulait en venir.

- Je me sens bizarre depuis. Je ne suis plus comme les autres Toujours. J'ai l'impression de ne pas trouver ma place.

- Et pourquoi ça ? Je demande, soudain plus douce.

Ses mots me parlent. Ils racontent ma propre histoire, dans un sens différent.

- Je souffre, constamment.

- Constamment ? Ecoute Bastian, je t'avais prévenu que pour te punir de ce que tu as fais, tu ressentirai désormais la douleur comme les Jamais et les humains. Tu ne sera plus épargné.

- Je sais. Et ça a été dur au début. Mais maintenant j'ai l'impression de souffrir tout le temps. C'est bien plus que .. .

Un bruit interrompt notre discussion. Je lève la tête, voyant un portail s'ouvrir dehors, au sommet de la tour. Je me lève pour voir de qui il s'agit, oubliant momentanément Bastian. Je vois le portail se refermer et une tête blonde s'avancer vers le bureau. Je me retourne vers l'élève qui s'était levée, dépassée par la situation.

- Heu .. . Bastian attend. Tu peux attendre ?

Je sens sa frustration mais il hoche la tête. Je m'avance pour ouvrir la porte et le vois s'éloigner.

- Non Bastian attend ! Je m'exclame.

- Ca va, on en parlera plus tard. Vous avez plus urgent.

Je hoche doucement la tête, rassurée.

- D'accord. A bientôt. Je réponds alors qu'il disparaît déjà.

La poignée de la porte m'échappe de la main alors qu'elle s'ouvre.

- Bonjour Ava. Me salue Léonie, sa voix résonnant dans la pièce désormais vide.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant