Chapitre XXIX

64 11 0
                                    

Je mis un moment à comprendre qu'il fait noir parce qu'il fait nuit. Mon regard s'habitue lentement pour me dévoiler une ville dans une vallée en contrebas. Il s'agit de Salzhemmendorf, cité près de laquelle trône le château Stauffenburg. Je me retourne pour voir le portail disparaître, me laissant voir le début d'un immense escalier à l'air infini. Je soupire. Il va falloir monter pour atteindre l'école des contes d'Allemagne. Chez nous, impossible d'ouvrir un portail. Nous avons depuis des siècles déjà détournés tous les portails au bas de cet indescriptible escalier de pierre, seul moyen d'arriver jusqu'à l'école. Nous avons eut trop de problèmes avec le portail, nous les considérons comme un danger pour la sécurité des élèves. Je prends une profonde inspiration et me met à monter. Je déteste ces escaliers. Chez nous, pas besoin de balancer les élèves du ciel à l'aide d'un oiseau à moitié mort, non, il suffit de voir leur tête à l'arrivée au sommet des marches. Les Jamais sont essoufflés, épuisés, à bout de nerf. Les Toujours n'ont même pas vue le temps passer.

J'arrive donc au sommet essoufflée, épuisée et à bout de nerf. Je m'assieds sur un banc posé dans l'immense cours qui borde le seul et unique château qui forme l'école. En reprenant mes forces, j'observe l'incroyable bâtiment en pierre blanches dans lequel j'ai passé ma scolarité. Les fenêtres sont toutes ornées de vitraux magnifiques, et des colonnes en font ressortir les volumes faramineux. Un sourire éclaire mon visage et je me relève à peine quand quelqu'un sort du château. C'est un grand homme aux cheveux poivres et sels, les yeux bruns et habillé presque entièrement en doré. Il se fige en me voyant, visiblement très surprit.

- Diethelm ! Je m'exclame avec ravissement.

- Oh Ava ! Ma belle ! Vient dans mes bras ! S'écrit-il en se hâtant dans ma direction.

Je le prends dans mes bras, le serrant fort contre moi. Un éclat de rire nous anime alors que nous nous lâchons. Il m'éloigne de lui, les mains sur mes épaules, pour me regarder de la tête au pieds.

- Tu es magnifique chérie ! Mais tu es bien pâle ! S'exclame-t-il en secouant sa tête comme si c'était trop pour lui.

J'explose de rire à nouveau.

- Toi, tu n'as pas changé ! Toujours aussi charmant !

Il me fait un clin d'il et entoure mes épaules de son bras pour m'entrainer dans l'école.

- Ah tu m'avais manqué. Alors, tu reviens c'est ça ?

- Non, désolé Diethelm, je ne suis que de passage.

Il me jette un coup d'il. Visiblement il est déçu. Je lui sourit. Depuis que j'étais arrivée en tant que professeur dans cette école nous ne nous étions pas lâchés. Il était, et est d'ailleurs toujours mon confident. Le seul et unique dans le corps enseignant à tout savoir de moi. Et je sais que c'est réciproque. L'ironie de notre relation résidait dans le fait que nous soyons tous les deux du bord opposé, mais que tout le monde était persuadé qu'il se passait quelque chose entre nous.

- Tu es venu voir Henrick ?

- Oui.

- Tu ne comptais quand même pas oublier de passer me dire bonjour ?

- Non, certainement pas ! Comment aurais-je pu rater l'occasion de voir ton magnifique .. . corps ? Je dis sur un ton malicieux.

Il éclate de rire à son tour, m'entraînant tranquillement dans les couloirs.

- Je sais, tu ne peux pas te passer de moi fillette.

Je lui donne une tape joueuse dans le dos. Puis mes pas m'entraînent instinctivement vers le bureau du doyen. Diethelm me retient.

- Quoi ?

- Il n'est pas encore rentré. Il est partit chercher je ne sais quoi. Mais il sera de retour demain matin je pense. M'explique-t-il.

- Ah .. . d'accord.

Nous nous installons dans l'un des nombreux jardins que l'on peut trouver en plein coeur du château et commençons à discuter. Nous passons la nuit à parler. Je lui confie tout, omettant seulement mon conflit avec Henrick. Il s'extasie de ma relation avec Lesso, menaçant tout de même de la tuer lui-même si elle lève encore une fois la main sur moi. Il me parle de ses amourettes lui aussi, de l'école, m'invite à la réunion des professeurs, ce que j'accepte.

Le soleil fini par se lever lentement.

- Oh d'ailleurs ! Devines de qui j'ai eu des nouvelles il y a quelques jours ? S'exclame-t-il soudainement.

- J'en sais rien dis moi !

- Leonie, la lectrice, ton .. .

- Oui, je vois qui c'est merci. Je le coupe, soudainement tendue.

- Ok, et bien on a eut une lettre d'Isidor, son frère disant qu'ils étaient tous deux apparus dans un nouveau conte !

- Oh. Parfait écoute.

- On dirait que tu es fâchée. Je suis désolée de t'avoir parlé d'elle mais je pensais que .

- Ca n'a pas d'importance Diethelm.

Je levais la tête vers le cadrant solaire.

- Ce ne serai pas l'heure de la réunion par hasard ?

Il se met sur pieds avec précipitation.

- Mince ! Si ! On va être en retard. Aller viens, je sui sûr que tout le monde sera ravi de te revoir !

Je me mets en route à sa suite, même si je ne suis pas convaincue comme lui.

Nous arrivons effectivement en retard à la réunion, alors que tout le monde est installé autour de l'immense table ronde. Heureusement pour moi, ou pour lui, Henrick n'est pas là. Les enseignants nous dévisagent alors que nous nous installons. Tout le monde me salue poliment. Ils ne sont pas aussi heureux que Diethelm, mais ils ne sont visiblement pas mécontents de me voir. La réunion suit son cours normal. Ici, c'est un moment plutôt agréable où l'on bois ensemble en débriefant sur un ton léger. J'attrape mon verre et tends la main vers la bouteille que vient d'ouvrir l'un de mes anciens collègues lorsque la porte de la salle s'ouvre brusquement.

- Désolé pour mon retard, mais j'ai de bonne nouvelles. Annonce Henrick en entrant dans la pièce.

Son visage se décompose rapidement quand ses yeux noisettes se posent sur moi. Il repousse ses cheveux blonds en arrière et m'offre un sourire crispé.

- Ava. Quel plaisir.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant