Chapitre VIII

116 15 1
                                    

En rentrant dans le bureau au sommet de la tour, je repris ma lettre où je l'avais laissé mais en changeait la fin. J'avais enfin un peu d'espoir. L'espoir que cette histoire se termine plus vite finalement. Je me sentais aussi à la fois effrayée et grisée pas le sentiment de pouvoir et de puissance que je ressentais à ce post, face aux deux professeurs du bien et du mal principalement. Lesso était aussi une des sources de mes réflexions. Trop de questions restaient sans réponses. Qu'est-ce qu'elle savait sur moi ? Et pourquoi préférait-elle céder à mes demandes plutôt que d'expliquer ce qui l'avait mise dans cet état ?

Je regagnais ma chambre, une minuscule pièce presque tout en bas de la tour, et allais me coucher. J'eut du mal à dormir. Et lorsque je trouvais enfin le sommeil, ce fut pour cauchemarder toute la nuit.

Le lendemain, à l'heure du repas, il n'y eu presque aucun dérapage. Le jour suivant, Dovey m'avoua que j'avais finalement peut-être raison. Nous avions beaucoup discutés, avec Anémone aussi. Cette dernière avait vraiment toutes les qualités requises pour devenir la prochaine doyenne. J'en étais persuadée. Elle prenait des initiatives pertinentes, reprenait les professeurs dès qu'il le fallait et cadrait avec brio les élèves. Le semaine fut une belle avancée. Même si nous étions encore loin du compte. Encore une fois, je croisais à peine Lady Lesso, et à tout les coups j'avais droit à un regard assassin.

La semaine suivante partait du bon pied, jusqu'à ce qu'on frappe à la porte de mon bureau au beau milieu de la nuit. Des élèves, des Jamais et des toujours, s'étaient réunis pour une fête secrète, ils avaient fini par se battre et l'un d'entre eux était blessé au point qu'on s'inquiète sévèrement pour sa vie. Encore en robe de chambre, j'accourais à travers les couloirs jusqu'à l'infirmerie des Toujours. Là, couché dans les draps blanc de l'infirmerie, il y avait un jeune homme que je reconnus aussitôt.

- Bastian.

Le garçon ouvrit ses yeux bleus et les posa sur moi avec un air sincèrement désolé. Je soupirais en secouant la tête de dépit.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Anémone, assise sur une chaise dans un coin de la pièce, prit la parole d'une voix grave et épuisée :

- Il s'est battu contre un géant. Je ne pense pas qu'il est un seul os encore entier. J'ai puni le fautif. Mais il sera sévèrement puni aussi.

Je haussais les épaules.

- Il s'est juste cassé les os ? Et vous me réveillez pour ça ? Un os ça se répare.

La professeur d'esthétique, ainsi que l'infirmier, posèrent sur moi un regard qui en disait long. Le genre qu'on m'offrait lorsque j'étais à l'école. Le genre qu'on ne lance qu'aux Jamais. Heureusement Anémone reprit :

- C'est plus grave que ça, les os brisés ont déchirés les muscles, deux de ses côtes on percés ses poumons et sa boite crânienne a été enfoncée. Il va mieux pour le moment, mais il est ensorcelé. Il ne sent rien.

Je lève les bras en l'air et les relâche le long de mon corps en un claquement désespéré. Ce garçon était vraiment un nid à problèmes.

- Parfait. Montrez moi ce que vous avez d'utile ici.

Je me tournais vers le garçon qui me fixait depuis son lit.

- Et toi jeune homme, quand tu sera sur pied je peux t'assurer que plus aucune douleur ne te sera épargnée de ta vie. Toujours ou pas Toujours.

Il déglutit difficilement et je détournais le regard pour suivre l'infirmier dans son bureau. Après avoir fait un rapide tour et inventaire je me rendis compte qu'il manquait beaucoup de chose effectivement. J'envoyais un garde loup chercher ce qu'il fallait dans la forêt et concoctait une potion avec ce que j'avais déjà en attendant. Lorsque j'eus tous les ingrédients, je terminais le breuvage. Il n'avait pas l'air très plaisant mais il était efficace c'était certain. Je me retrouvais donc seule face au bol fumant, prête à sauver ce garçon que j'avais très envie de torturer moi-même. J'avais renvoyé tous les autres au fur et à mesure que le temps passait. Après un rapide coup d'il circulaire pour vérifier que j'étais bien seule. J'entamais un chant. Si il y avait bien une chose que j'avais appris de ma famille, c'est que le chant était porteur d'une grande magie.

- Un bol en terre, un breuvage vert. Des plantes vivace, pour qu'il ne trépasse. Donne lui sorcière, ton sang amère. Pour que vive l'enfant, tu sauve l'inconscient.

Une fois les mots prononcés, je versais une goutte de mon sang dans la préparation et me levais. Mais je manquais de renverser la mixture en entendant des claquements de mains dans mon dos.

- Bravo. Félicitation, tout ceci est vraiment charmant. Sorcière.

Je fit un effort surhumain pour ne pas lui envoyer la potion au visage. je n'avais même pas besoin de me retourner, Lesso était là. Et je ne l'avais pas entendu arriver.

- Vas t'en Lesso. Je crachais sans la regarder.

Je rejoignit Bastian qui dormait et le réveillait pour qu'il boive. Une fois qu'il eut finit, je tendis mon doigt lumineux vers lui et il s'endormit brusquement. Là, et seulement là, je me retournais. La grande rousse m'avait suivit, elle n'était qu'à une cinquantaines de centimètres de moi.

- Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans : "Vas t'en" ?

- Mmh .. . Je dirais "vas" oh non, c'est peut-être "en". Ah mais oui je sais, c'est le fais que tu me donne un ordre. Je crois que c'est ça que je n'ai pas compris.

- Je n'ai ni la force, ni l'envie de débattre avec toi Lesso, c'est mon rôle de donner les ordres. Et toi, tu te dois d'obéir.

La femme haussa un sourcil dédaigneux et pointa un doigt accusateur dans ma direction.

- Oh que non Ava Angel Gothel. Tu veux jouer à celle qui sais des choses, et bien moi aussi j'en sais des choses. Et je ne sui spas certaine que tu aimerai que j'en parle pas vrai ?

Je sentit mon coeur s'emballer en l'entendant prononcer mon nom complet. Moi qui avais passé presque dix ans à tenter de me cacher. à me faire oublier, disparaître. Et voilà que cette rousse insupportable venait tout foutre en l'air. Non. C'était hors de question. Elle pouvait être aussi méchante qu'elle le voulait, je l'anéantirai si il le fallait. Elle indiqua mon col de ses doigts vernis d'argent.

- Tu feras attention tu as une tâche ici .. . Ah non pardon, c'est ton assurance qui vient de se casser la gueule. Dit-elle avec un rire ravi.

Cette fois-ci ce fut à moi de serrer les poings.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Alors ça c'est une bonne question miss Gothel.

- Ne prononce pas ce nom.

- Pourquoi ça ? Miss Gothel .. .

Instinctivement mon doigt s'illumina, et elle se retrouva suspendu dans les airs. Mais son sourire détestable ne l'avait pas quitté.

- Qu'est-ce que tu veux Lesso ? Je te promets que si tu ne parles pas, je te tue.

- Si vite ? Oh non pitié Ava, torture moi un peu avant. Sois une Jamais.

Je la relâchais brusquement, et contre toute attente elle atterrit sur ses pieds.

- Alors c'est ça que tu veux ? Que je sois méchante.

- Oui, si on veux. Répondit-elle avec un haussement d'épaule.

- Oui j'ai eu mal en tombant dans la fontaine. car je suis une jamais. Voilà, tu es contente ?

Un nouveau haussement releva ses épaules.

- Disons que ça m'ira pour l'instant.

Elle se dirigea vers la sortie mais fit volte face juste avant de disparaître :

- Oh, et au fait, reviens me faire chanter une seule fois et c'est moi qui te tue. C'est clair comme ça ?

Elle n'attendit pas ma réponse, et heureusement car je ne comptais pas lui répondre. Une furieuse envie de tout briser m'envahit et je me dépêchais alors de rentrer dans mon bureau. Je me posais derrière la table en bois massif et commençais à écrire mon rapport pour Henrick. Il fallait que je rentre, il devait savoir que Lesso savait qui j'étais et que je ne pouvais pas rester ici plus longtemps.

L'école du Bien et du Mal IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant