08. Insomniaque

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Il faisait nuit, j'essayais de dormir en vain. J'avais une boule au ventre qui ne voulait pas me quitter. C'était sans doute dû au fait que j'étais dans un endroit que je ne connaissais pas, mais c'était aussi surtout dû aux deux gardes qui étaient dans la pièce.

Actuellement, je ne les voyais pas, il me semblait qu'ils avaient changé avec leur collègues, mais je n'avais pas davantage d'informations, ils se faisaient discrets.

Ils étaient effrayants.

Il y avait de la lumière qui entrait à travers la pièce grâce ou plutôt à cause de ces foutues baies vitrées. Je me levais doucement avec le plaid qui était sur le lit et je m'asseyais comme plutôt aujourd'hui sur le tapis et je regardais par les baies vitrées.

Est-ce qu'on était encore à Moscou ? On dirait Saint-Pétersbourg.

Je voyais des hommes en bas qui entraient et sortaient du building et d'autres en voitures circuler. Il y avait encore du monde qui sortait du building à cette heure-ci ? 


« Sasha m'avait bandé les yeux.

-Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je.

-Patience papillon.

J'entendis claquer la porte de la voiture, il ouvrit la mienne et je sentis sa main saisir la mienne.

-Essaye de sortir.

-Tu ne me lâches pas ! m'exclamais-je.

-Je ne vais pas te lâcher, Cha, me rassura-t-il avec une pointe d'exaspération.

Nous marchions, je sentais la neige craquer sous mes bottes. Il ouvrit une certaine porte et me prévint :

-Il y a des escaliers, fais attention.

Il me tenait toujours autant fermement. On montait des escaliers. Je manqua de tomber et il me retint. 

Ses mains agrippèrent mes épaules qu'il plaqua contre son torse puis nous continuâmes de monter puis il s'arrêta et je fis de même.

-Attends, deux secondes Cha.

J'entendis une serrure puis il ouvrit.

Nous entrions et il retira le bandeau de mes yeux.

-Surprise Cha.

J'étais stupéfaite, c'était un appartement meublé.

-C-C'est...

-Notre chez nous, dit-il. Je sais que ce n'est pas le rêve, mais il y a une chambre chacun pour nous trois avec Lev et on peut se barrer de chez maman.

Je sautais dans ses bras, ne pouvant contenir ma joie. J'avais tant rêvé de ce moment-là, partir de chez elle.

-Je suis trop heureuse ! Merci.

Il me tint dans ses bras plus fort puis lorsqu'il me relâcha, il n'y avait plus de sol et je tombais indéfiniment dans le vide. »

Je me réveillai en sursaut. Mon cœur battait à la chamade et je me relevais du tapis sur lequel je m'étais endormie.

La lumière agressa mes yeux, si fort que je clignai plusieurs fois avant de m'y habituer.

J'avais dû m'endormir ici hier soir. Je me levais et les deux gardes étaient là.

Encore et toujours.

Leurs regards étaient vides d'émotions. Je venais même à me demander s'ils étaient humains.

Je me levais péniblement puis je buvais dans la bouteille d'eau que m'avait donnée Salvio hier. 

°°°°

Plusieurs jours étaient passés, j'étais toujours autant seule dans cet appartement avec deux gardes qui se relayaient au fur et à mesure de la journée.

Je n'en pouvais plus, mes journées étaient atroces. Plus les jours défilaient, plus je perdais ma rationalité.

Ni Salvio, ni les autres hommes n'étaient venus me voir depuis.

J'avais des repas servis par une dame qui passait deux fois par jour. Je passais mes journées à observer la vie à travers la baie vitrée au lieu de vivre la mienne.

Aujourd'hui n'y échappait pas. Il devait être tard, car il faisait nuit et j'étais enroulé dans mon plaid par terre lorsque j'entendis l'ascenseur s'ouvrir et je me retournais et je ne vis rien.

Je plissai les yeux pour espérer voir quelque chose et mon ventre se serra. Jamais personne n'est venu un soir tard.

RenegadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant