Épilogue

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J'étais rentrée à pied depuis la prison quand on m'avait libérée. J'avais assez marché pour toute une vie.

Même dans mon imaginaire le plus fou, je n'aurais jamais pensé pouvoir marcher autant dans un état aussi pitoyable que celui dans lequel je me trouvais.

Cela faisait vingt-sept heures que j'étais arrivée, j'avais pris une douche et j'en avais dormi vingt-quatre.

Des témoins de ce qu'on m'avait fait pendant ces derniers jours horribles étaient imprégnés sur ma peau. Je les avais désinfectés et traités de la manière la plus précaire possible. Je ne pouvais pas faire grand-chose de plus.

Je montais ensuite dans une voiture à Lazzaro pour aller au tribunal.

C'était le jour de son jugement.

La date avait été repoussée de plusieurs jours sans aucune justification. Il aurait dû avoir lieu le jour où on m'avait libéré, mais il avait été déplacé suspicieusement. Je savais pertinemment que cela avait un lien avec le fait que j'y aille.

Ils espéraient que j'y aille, ce qui voulait dire par déduction que je ne devrais pas y aller.

Si j'avais été prévoyante, j'aurais écouté la part raisonnable de moi-même, or, je n'avais qu'une envie, le voir.

De près ou de loin.

Je voulais m'assurer qu'il était encore vivant, qu'il respirait. Donc, j'allais y aller quand même. J'écoutais mon cœur et non mon cerveau.

Et même si une partie de moi me trouvait inconsciente, l'autre se sentirait davantage abattue si elle n'y allait pas.

J'avais espoir.

Depuis la fois où ils nous avaient placés ensemble pour une courte durée, je ne lui avais pas reparlé.

Ni même vu ou aperçu.

Mon estomac était noué, il se tordait dans tous les sens. J'avais l'impression d'être dans un putain parc d'attraction.

Maintenant que j'étais confrontée au jour j, je n'avais plus envie de rien. Si je m'écoutais, j'irais dans son lit m'enfermer et me morfondre.

Or, je ne pouvais pas me le permettre.

J'avais besoin de lui.

Même si je savais qu'il y avait peu de chances qu'il soit relâché, j'espérais quand même le retrouver ce soir à la villa.

Je roulais jusqu'au lieu-dit.

Je me garais plusieurs mètres plus loin pour ne pas me faire remarquer. Mais avec un bruit du moteur pareil, il y avait peu de chances que je passe inaperçue.

Je maudissais intérieurement Lazzaro, il n'aurait pas pu acheter une voiture alibi plus discrète ?

Je descendis, j'enfilais ma capuche. J'étais bien contente qu'il pleuve, cela me permettait de dissimuler mon visage.

Je ne voulais pas me faire remarquer.

J'entrais à l'accueil et la sécurité m'intercepta. Il y avait des portiques, comme à l'aéroport.

Je n'avais pas de sac, mais je devais déposer mon téléphone et les clés de voiture pour que mes objets soient contrôlés.

Et après être passée dans les grands portiques, ils contrôlèrent que je n'apportais rien d'illégal dans ce lieu sécurisé grâce à une machine manuelle.

La dame procéda à une fouille, vérifiant que je ne cachais rien sur moi, pour enfin acquiescer d'un hochement de tête.

Enfin, je récupérais mes affaires et je fonçais en direction du tribunal. J'ouvrais la porte qui donnait à l'arrière de la salle et je fus surprise de voir qu'elle était presque pleine.

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