40. Jamais deux sans trois

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Mes doigts tremblaient tellement qu'ils laissèrent les papiers se déposer sur les draps. Ma bouche s'entrouvrit et mon cœur se remit en action. 

Des sueurs froides me traversèrent tout le corps. 

Je me levai à la hâte comme piquée par un crabe et je me dirigeais dans la salle de bain pour m'asperger le visage d'eau. 

Le silence le plus complet régnait dans la villa. 

Je retournais m'asseoir sur mon lit, relisant une bonne centaine de fois les mots écrits sur ces bouts de papier. 

Mon esprit s'inventait des scénarios les plus fous les uns que les autres.

Je pris un peignoir que j'enfilais par-dessus mon pyjama puis descendis à pas de loup à l'étage du dessous. 

J'arrivais dans le salon et je vis le tueur à gages avachis sur le canapé, une clope entre les doigts.
Il était silencieux. C'était le moins qu'on puisse dire. 

Il tourna le visage en entendant mes pas. 

Et moi qui me croyais discrète.

Son regard m'interrogea, mais je fis mine de ne pas comprendre. 

Je me dirigeais vers la cuisine prendre un verre d'eau avant de le rejoindre. Je vis sur la table basse à côté de son cendrier, une photo d'une fille et de lui lorsqu'il était plus jeune. 

Ils étaient assis sur un muret, Lazzaro avait une clope aux lèvres. Sa peau était immaculée, enfin ce qu'on en voyait. 

Ses cheveux avaient visiblement toujours été aussi longs et ses yeux semblaient plus innocents, plus lumineux. 

-C'est qui ? osais-je demander.

-Ma sœur.

V'

-Verena... V'

Verena. 

Elle avait un prénom élégant. 

Comme il fixait le plafond, l'esprit ailleurs, je me permis de prendre la photo dans mes mains. 

La jeune fille avait des cheveux noirs en carré court, elle devait avoir 14 ans, pas plus et Lazzaro semblait plus grand. Elle avait les mêmes yeux que lui et son sourire ressemblait étrangement à celui du tueur à gages. 

Le sourire de Verena était radieux, il illuminait la photo, comme il avait dû illuminer ce moment qu'ils partageaient.

-Vous étiez jeune, chuchotais-je plus pour moi que pour lui.

-J'avais 16 ans, clarifia-t-il. Et elle 14.

J'avais donc vu juste.

-Tu n'as pas une photo plus récente ?

-C'est la dernière fois que je l'ai vu.

Je reposais l'image sur la table basse et il écrasa son mégot dans le cendrier. 

Il se leva dans une légèreté et douceur insoupçonnée. Il se mouvait comme un fantôme.

-T'as pas envie de la revoir ?

Je ne pouvais pas comprendre le fait qu'il ait une sœur et qu'elle soit dans la nature. Elle n'était même pas venue au repas de famille. 

Tu me diras, si elle est comme ses cousins, elle peut rester où elle est...

-J'en meurs d'envie, souffla-t-il. Mais elle est morte.

Mon cœur s'arrêta et je m'en voulus. Je n'imaginais pas que cela avait prit une telle tournure. 

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