12. Je t'ai déjà menacé ?

76 6 36
                                    

J'étais dans une putain de grotte sombre, je n'avais qu'une pauvre veste qui ne me tenait absolument pas chaud. Je n'avais pas prévu de finir ici. Mes pas résonnaient lorsque je vis un homme.

Un jeune homme était au milieu de la pièce si on pouvait nommer cela de la sorte, avec un débardeur complètement déchiré, il était accroché sur une chaise autant aux pieds qu'aux mains.

Je sentais mon rythme cardiaque s'affoler, ma respiration se réduire. Il semblait faible et vulnérable, me provoquant presque de la peine pour lui.

Tout va bien Chanel.
Tout va bien Chanel.
Tout va bien Chanel.

Non, rien ne va bien Chanel !Sa tête, qu'il laissait pendre, se releva et il planta ses yeux dans les miens. Il plissa légèrement ses yeux qui étaient vitreux. Je vis une lueur passer dans ses yeux émeraude, il devait être dans l'incompréhension.

Tout autant que moi pour être honnête.

 -Tu sembles familière... Est-ce que je t'ai déjà menacé ? souffla-t-il faiblement d'une voix rauque.

Qu'est-ce qu'il raconte ?

J'entendis des pas résonner derrière moi ce qui me paralysa.

 -Ils sont là, ils vont te prendre, indiqua-t-il en levant les sourcils au ciel avant de laisser sa tête retomber lâchement.

Je ne suis pas sourde merci.

Mon cœur battait à toute vitesse et je jetais un coup d'œil autour de moi.

Non.
Non.
Non.

Ce n'est pas possible. 

°°°°

Quelques heures plus tôt.

Cela faisait plus de deux mois que j'étais arrivée dans ce foutu pays et je n'avais fait qu'être occupée. On m'avait attribué un bureau dans le bâtiment qui était réellement immense. w

Je n'avais même pas visité l'entièreté du château tant j'avais peur de m'y aventurer. Le lieu et le prince étaient accueillants, mais sous un certain angle, il me faisait peur aussi.

J'étais actuellement à l'intérieur de mon bureau, signant des papiers.

Tout était écrit en espagnol, je devais être très attentive pour essayer de bien comprendre et de ne pas faire de gaffe. J'avais dû en faire quelques-unes depuis le début, mais c'était passé inaperçu.

Devoir rester concentré toute la journée était épuisant. Mais au moins, je n'étais plus kidnappée et enfermée dans un appartement, bien que je m'infligeais cela parfois.

Mais cela restait mon choix, ce qui n'avait pas été le cas lorsque j'étais avec Salvio et ses frères plus que bizarres.

Après avoir fini de signer la paperasse, je la rangeais dans un dossier puis la glissais dans la bibliothèque murale afin de la classer. J'avais appris le métier de ministre en moins de deux mois, du jamais-vu.

Je sortis de la pièce heurtant le prince Marco. 


-Excusez-moi, dis-je embarrassé.

Il sourit pour toute réponse.

-Vous avez pris connaissance des papiers que j'ai reçu durant votre absence ? me demanda-t-il.

On m'avait envoyé au Mexique pour une conférence dont j'avais compris la moitié des mots.

J'avais été logée dans un endroit plus que luxueux, mais je n'avais pas osé sortir ou visiter comme les autres ministres.

J'étais restée à l'hôtel et me rendais grâce à un chauffeur au lieu de rendez-vous. Ma peur avait pris le dessus.

Pour être honnête, je n'avais pas compris mon utilité à cette conférence, je n'avais pas ouvert la bouche une seule fois.

Seulement pour dire que j'étais d'accord à des choses dont je n'avais même plus le souvenir.

J'avais simplement fait acte de présence.

-Oui, je viens de terminer.

-Parfait. Ce soir, il y a une soirée, j'espère que vous viendrez
, me dit-il accompagné d'un sourire qui voulait tout et rien dire.

Ce prince était indescriptible, autant charismatique que distant. 

-Je.. euh.. Je vais voir.


Il acquiesça d'un mouvement de tête puis s'éclipsa alors que je rejoignais mon appartement.

Une fois à l'intérieur, je me posais sur le lit. J'avais l'impression d'être dans une mission impossible. Je ne savais plus quoi faire. Je ne savais même plus qui être.

Je suis qui au juste ?

La fille kidnappée.
La dealeuse.
La conseillère du prince.
Je n'en savais rien.

Je ne pouvais compter le nombre de fois où j'ai voulu envoyer un message à Salvio en l'insultant de tous les noms, lui et ses putains de demi-frère et aujourd'hui n'y fait pas exception. Mais je me retenais.

Je respirais profondément, pensant à mon frère, à Lev et à Tess. Il ne passait plus une seule journée sans que je ne pensais à eux. J'avais tant envie d'être parmi Lev et Sasha.

La nuit, quand je ne parvenais pas à dormir, ce qui était souvent le cas, je m'imaginais des scénarios de retrouvailles ce qui me brisait encore plus le cœur.

Peut-être que je ne les reverrai jamais.

RenegadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant