Disjoncté - Mekra

Neuf - "Arrête de guédra"

Endormie sur le canapé, seule dans l'appartement, des grands coups sur la porte me firent me réveiller en sursaut. Mon regard se portait sur l'horloge du salon qui affichait trois heure vingt du matin.

Quel enfoiré venait frapper chez les gens comme un malade a cette heure ci.

Mon kimono en soie trainait sur le bord du canapé, je l'enfilais ne sachant pas qui était derrière la porte étant seulement en top et en short.

Mes cheveux immaîtrisable étaient lâché et me revenait dans le visage ce qui avait le don de m'énerver aussi.

A peine le verrou enlevé et la porte ouverte qu'une poussette entrait en trombe dans l'appartement, me roulant sur le pied par la même occasion me laissant échapper un jurons et toutes les insulte de la planète pour le barbu qui guidait cette foutue poussette de merde.

- Putain mais tu sais pas faire attention ou quoi ! M'écriais je en sautillant sur mon pied qui n'avait pas été touché

- Aide moi avec ce mioche j'en peux plus il me fait m'arracher les veuch, grognait il a bout de nerfs

- T'en a déjà pas beaucoup, ricanais je

C'est vrai que ce mioche pleurait d'une manière qui aurait même fait chier la personne la plus calme de paris.

- T'as donné le biberon ? Demandais je

- Ouais

- T'as pris sa température ?

- Ouais

- Tu l'as promené ?

- Ouais

- Tu l'as bercé ?

- Ouais

- T'as changé sa couche ?

Un blanc s'installait. Qui avait été le con entre les deux parents pour se dire d'aller laisser un mioche de six mois à Hakim, le bébé allait repartir de son appartement avec une casquette szr, un air bressom et fan du PSG.

- Mais Hakim qui oublie de changer un bébé ?! En plus tu dois le sentir !

- J'en sais rien moi je suis pas son daron !

Je prenais alors Ismaël hors de sa poussette maladroitement, bordel j'avais plus porté un mome depuis une bonne quinzaine d'année moi.

Je prenais le sac à langer en même temps qui était accroché à la poussette et je plaçais le bébé sur le canapé.

- Tu vas pas le changer sur le canap quand même, demanda le barbu d'un air dégoûté

- Et je le change où ? Sur ton sweat ?

Il grimaçait pendant que je décrochais le lange du petit qui était effectivement bien pleins. J'avais horreur de changer les couches.

- Je te maudis sur facilement cinq génération, grognais je au maghrébin qui venait de s'assoir

Ça le faisait évidemment ricaner de me voir galérer mais apparement c'était comme le vélo ça ne s'oubliait pas vu que j'avais déjà beaucoup mieux gérer que lui.

Ismaël ne pleurait plus et faisait même des grands sourire aussi charmeur que ceux de ses oncles, je soupçonnait d'ailleurs Sneazz ou Idriss de lui avoir apprit ça.

- Arrête de guédra on a dit tu nous ramène une maghrébine, s'exclamait son oncle derrière nous

- Maintenant tu lui réponds "ferme la et sers toi de tes yeux tonton elle est à moitié maghrébine", dis je en redressant le bébé qui tenait déjà bien en équilibre sur ses pieds

Isma prit un air sérieux et criait sur son oncle un tas de paroles incompréhensible et rien que sa petite tête sérieuse me faisait penser à mon frère quand il était aussi petit.

- Et là tu lui dis "c'est pas parce que ton arrière grand père était un quart turc que t'es maghrébine sale hmara", dit il en s'adressant à son neveux qui ne comprenait plus ce qu'il devait faire

Je me retournais pour lui frapper le bras et lui montrer mes cheveux.

- C'est grâce au quart turc de mon arrière grand père ça connard ? Demandais je en grognant

Il reprit son expression favorite, lèvre pliée vers le bas et haussement d'épaule.

En voyant Isma poser sa tête dans mon cou, je me levais pour faire le tour de l'appartement en le berçant dans mes bras.

Il luttait contre la fatigue pour ne pas dormir, préférant jouer avec mon collier qui pendait sur ma poitrine, mais les bercements et les tours de l'habitacle eurent raison de lui.

Sachant que sa poussette pas confortable allait le gêner, je le mettais dans ma chambre sur mon lit, entouré de tous les coussins pour ne pas qu'il tombe. Un peu moins de dix ans que je n'avais plus endormi un enfant mais je savais toujours y faire tant que c'était les enfants des autres.

- Wesh tu l'as mis où ? Demandait Hakim quand je revenais

Il s'était endormi sur le canapé quand j'étais partie faire le tour de l'appart' avec Isma.

- Il s'est endormi je l'ai mis dans mon lit

- Il va tomber

- Culotté de s'inquiéter pour celui qui l'a laissé avec le même lange toute la journée, soufflais je en m'affalant à côté de lui, j'ai mis les coussins autour de lui il saurait pas

Il hochait simplement la tête et pendant qu'il sombrait en regardant H qui passait à la télé je mis mes jambes sur ses cuisses pour être bien installée et pouvoir sombrer à mon tour dans les bras de Morphée.

Je me réveillais une deuxième fois à cause de gros coup sur la porte, encore une fois j'étais seule dans l'appartement Hakim avait dû partir avec Ismaël. Je me levais pour aller ouvrir, chausson aux pieds et tête encore à moitié dans le coussin mais la personne que j'apercevais derrière la porte en ouvrant me glaçait le sang.

- Carlos, qu'est ce que tu fais la ? Demandais je d'une voix qui se valait être la plus rassurante possible pour moi même

- Tu croyais m'échapper aussi facilement petite pute ?

Et la j'avais à nouveau huit ans, je me revoyais lui supplier d'arrêter de frapper ma mère, lui dire qu'il allait faire mourir le bébé qu'elle portait et je le revoyais s'approcher de moi pour finir le travaille sur moi.

C'était d'ailleurs ce qu'il avait en tête à cet instant présent parce qu'il s'approchait de moi, ceinture à la main comme si il savait pertinemment que j'allais ouvrir cette porte malgré le fait qu'il frappait à cinq heure du matin.

Mes jambes étaient devenue du coton, elles avaient du mal à tenir mon corps et c'est d'ailleurs pour ça que quelques secondes plus tard je m'écroulais au sol, ramenant mes jambes contre mon buste, protégeant mon visage alors qu'il commençait à me donner des coups de ceinture.

A cet instant j'avais huit ans, pourtant de base j'en avais seize de plus et beaucoup plus d'assurance.