Vingt deux - "C'est Mekra du s-crew !"

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- Non Camille tu peux pas le laisser partir un mois mois au Japon sans rien lui dire alors que t'es enceinte de six semaines ! Tu dérailles complètement ! M'énervais je

- Mais si je lui dis je vais niquer ses vacances !

- On s'en branle de ses vacances, il faut que tu saches son avis sur la grossesse !

- Vous avez pas envie d'arrêter de gueuler, grognait Riyad en sortant de sa chambre

- Toi ta gueule, dis je en même temps que Camille, tu peux pas retarder l'annonce, attend encore huit mois tant que t'y es et met lui le bébé dans les bras, ça c'est une belle annonce, ironisais je

Elle ne répondait rien, s'avouant vaincue par la dernière phrase même si j'avais compris qu'elle n'allait pas m'écouter.

Ça faisait une semaine qu'elle m'avait annoncé sa grossesse et ça faisait aussi une semaine qu'Idriss l'avait prévenue qu'il allait partir au Japon pendant une durée indéterminée. Un à quatre mois avait il dit.

Le problème n'était pas celui là, le problème était qu'ils partaient demain et qu'il fallait qu'elle lui dise avant qu'il ne s'envole à l'autre bout de la terre.

- Tu lui dis aujourd'hui

- Non, répondait elle du tac au tac

- Tu peux pas le laisser partir autant de temps sans savoir !

- Mais dans tous les cas je garde le bébé alors ça sert à quoi qu'il le sache maintenant ? Je lui dirais quand il reviendra on fera semblant que je l'ai appris après qu'il soit parti !

Je secouais la tête négativement, il en était hors de question, Hakim n'allait pas tenir sa langue aussi longtemps et ça aurait pu être un argument de taille si elle avait su qu'il était caché dans la douche quand elle me l'avait annoncé.

- Aujourd'hui, quand il arrive tu lui dis, dis je en sachant très bien qu'ils passaient la journée ensemble

Elle soufflait un grand coup en se laissant tomber sur le canapé, passant deux doigts de chaque mains sur ses tempes qu'elle massait doucement.

- Jure moi que tu vas lui dire

- Promis, grognait elle

J'avais gagné.

- Tu fais quoi ce soir ? Demandais je à Riyad

- Chez une meuf

Ça aussi c'était son nouveau truc, les meufs. Il en avait par dizaine à ses pieds et chaque week-end je pouvais être sûr qu'il était chez l'unes d'entre elles.

Ma soirée allait se résumer à être seule avant d'aller travailler, Camille chez Idriss, Riyad chez une meuf, et même Sneazz n'était pas libre, il devait finir sa valise avant de partir avec les mecs.

Ma soirée de travail commençait à dix neuf heure, ils avaient besoin de moi en renfort pour une soirée à thème.

Au file de la journée, l'appartement se vidait de mes deux colocataires, me laissant seule jusqu'à mon arrivée au bar où j'y retrouvais Louis mon patron ainsi de Sophie et Liliana les deux autres serveuses.

Petit debrief de Louis sur comment allait se passer plus ou moins la soirée, beaucoup de monde, il fallait être attentive, avoir un œil partout et tout ce qui s'en suit. Ce n'était pas la première fois que je servais pendant des soirées comme celle là alors le debrief était plus pour les deux nouvelles qui ne faisaient que la journée de base.

La soirée latina battait son plein, le bar n'avait jamais été aussi rempli pour le bonheur du patron qui voyait la caisse se remplir à vue d'œil mais pour le malheur de notre fatigue. Il était une heure du matin, le bar était aussi pleins que trois heures avant et je n'avais qu'une envie c'était de rentrer chez moi dormir.

Un peu plus d'une heure plus tard, alors que j'étais au fond du bar entrain de faire un café, les chuchotements des deux serveuses à côté de moi attiraient mon attention.

- Mais si regarde, c'est Mekra du s-crew !

- T'es sur ? Mais qu'est ce qu'il ferait ici ?

Mon attention fut vite détournée par le café qui manquait de déborder de la tasse, alors j'éteignais la machine et servais le gentil monsieur qui me tendais déjà son billet.

C'est en détournant le regard vers la droite que je voyais effectivement Hakim, casquette vissée sur la tête, remettant sa chevalière correctement.

- Monsieur je vous sers quelque chose ? Demandais je avec un sourire amusé faisant comme si je ne le connaissais pas

- J'vais prendre juste la serveuse et à emporter

- Dites moi laquelle ? Parce que j'en connais deux qui mouille leur culotte au fond du bar

- Celle que j'veux elle est russe et maghrébine, elle m'a fait faire trois cents bornes pour aller chercher son reuf et avoir envie de démembrer sa daronne alors qu'on se connaissait depuis même pas un mois, j'en rajoute ou avec la description comme ça c'est bon ?

Il avait bu et fumé, ça se sentait à l'autre bout du bar mais bizarrement ce n'est pas ça qui attirait mon attention. Il était beaucoup plus détendu et moins bressom que toutes les autres fois.

- Une qui a voulu castrer votre frère un soir en boîte c'est ça ?

Nos deux rires se mélangèrent alors que les deux filles derrière moi essayaient de se faire remarquer pour intervenir dans la conversation.

- Vous voulez quelque chose à boire ? Demandait Sophie toute souriante

- Nan, répondait il tout sec

Bizarrement ça me faisait plaisir qu'il la recale, elle faisait beaucoup trop la lèche cul à mon goût et ça commençait à me plomber.

Je restais avec Hakim encore une heure, servant les personnes qui venaient au bars de temps à autres jusqu'à ce que Louis me dise de partir.

- Du coup Camille elle a dit à ton frère qu'elle était enceinte ? Demandais je en marchant dans la rue

- Ouais, j'ai pas suivis sa réaction mais elle dort chez nous alors j'pense qu'il l'a bien prit, dit il en haussant les épaules

Déjà un poids en moins pour nous trois même si ça n'avait pas l'air de trop peser pour Hakim qui le vivait comme si on parlait d'une bête peluche à acheter.

En arrivant chez moi la bouteille de vodka qui était sur l'îlot centrale de la cuisine passait vite entre mes mains, me versant un verre pour moi et un pour le rappeur assis sur le canapé dans le salon.

Bouteilles sous le bras, deux verres dans les mains, j'arrivais au salon où je posais tout sur la table sauf mon verre, m'asseyant à côté de Hakim les jambes posées en travers des siennes.

- Ton reuf est pas là ?

- Apparemment non, sûrement chez une de ses meufs, dis je en haussant les épaules

Il hochait la tête, vidant par la suite son verre avant de s'en resservir un tout comme moi.

Ce soir la l'ambiance avait été bizarre, on avait bu, bien trop pour se souvenir de tout le lendemain, mais nous n'avions même pas couché ensemble. Juste moi le dos contre le torse du brun, un simple bisou furtif sur mon épaule en guise de bonne nuit, puis nous deux s'endormant l'un contre l'autre.

Disjoncté - Mekra Où les histoires vivent. Découvrez maintenant