Cinquante six - "T'angoisses pas ok ?"

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Le dîner était excellent mais c'est là que je remarquais la vieillesse qui commençait à me prendre. Je préférais manger autour d'une grande table avec mes proches que d'aller faire la fête comme à mes vingt ans.

- Tu t'améliore en organisation mon fils ! Commentait la grand-mère du cramé

- Si j'avais eu ton âge je me serais battue pour toi mon garçon, riait ensuite la mienne

Les deux femmes rigolaient ensemble alors que je me foutais de la gueule de mon rappeur qui avait l'air légèrement gêné ce qui n'était pas une réaction habituelle chez lui.

La pointe de sa basket venait taper d'un coup sec sur mon tibia vu qu'il était en face de moi ce qui m'arrachais une grimace, le maudissant sur plusieurs générations.

- D'ailleurs c'est pour quand le mariage et les enfants ? Demandait la Kabyle

C'était au tour du brun de se foutre de moi, m'aillant vu changer en une demi secondes d'expression du visage.

- Parle pas de ça Yemma, elle va fuir de chez moi, riait il de bon cœur

- Tu ferais une ci belle Akrour  et tu nous ferais de ci beaux arrières petits enfant pourtant Benti, souriait elle en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, mais ne faites pas comme ce délinquant d'Idriss qui fait des enfants hors mariage !

Elle l'avait crié assez fort pour que le concerné et sa belle l'entende parce que même si elle aimait plus que tout au monde son arrière petit fils, elle ne concevait pas les enfants hors mariage du à son implication dans sa religion.

Alors que je me pensais sortie de cette conversation, ma grand mère venait en rajouter une couche après avoir rigolé des propos de sa nouvelles copine.

- Et un beau mari comme ça t'en aura pas deux ma chérie ! Intervenait ma grand mère

- Prend ma place babouchka, marie toi avec lui je vois que t'en a envie

J'avais contourné la conversation avec brio en les faisant tous les trois rires, m'éclipsant alors pour aller voir à l'autre bout de la table si tout se passait bien.

- Comment va la reine de la résoi, dit Deen en passant son bras sur mes épaules

- Ça va, j'ai vesqui la conversation mariage et enfants avec nos grand-mère, riais je

- Elles ont raison on attend un mariage dans le crew là !

- Marie toi Papy, toi t'as l'âge moi je suis trop jeune alors évitons le sujet

J'allais prendre des nouvelles de tout le monde, restant un peu avec tous pour ne délaisser personne et plus la soirée passait plus les verres d'alcool commençaient à descendre vite, même chez les plus âgés.

Mon père ne savait limite plus comment il s'appelait ce qui forçait Julie à partir avec lui le ramenant alors à l'hôtel et ma grand mère buvait à la vodka depuis quelques heures sans même avoir un seul coup dans l'aile alors que Mathieu qui essayait de la suivre commençait à n'en plus pouvoir.

Voyant Hakim s'éclipser dehors sûrement pour fumer, je me dépêchais de sortir aussi, ayant envie de passer un petit moment seule à seule avec lui.

Je passais ma main sur son bras en arrivant à côté de lui ce qui lui faisait tourner le regard vers moi, laissant sa main libre se poser dans le creux de mon dos alors que je venais me blottir contre lui.

Nous n'avions pas besoin de mot ce soir, je n'avais jamais été aussi heureuse d'avoir un homme dans ma vie et je n'avais jamais eu aussi confiance en quelqu'un depuis bien longtemps. Passer l'étape de rencontrer les personnes qui nous sont chère dans notre famille avait encore plus concrétisé la chose ce soir.

- Yemma te kiffe, dit il simplement après avoir tiré une taff sur sa cigarette

- Baboucka te kiffe aussi, et elles s'aiment bien aussi il me semble, riais je

- Fais belek elles sont capable d'aller au marché ensemble demain matin

Nous rigolions, alors que les deux concernées sortaient de la salle en riant, bras dessus bras dessous.

- On y va les enfants, souriait la grand mère de Haks, viens Benti !

Je me décollais du brun pour aller jusqu'à elles, m'apprenant à leurs faire la bise alors que ma grand mère m'arrêtait.

- T'as oublié ton cadeau ! Tiens ma fille

Deux billets, deux billets d'avions pour Kazan en Russie que je rêvais de visiter vu que nous venions de la bas.

Je la prenais dans mes bras pendant quelques dizaines de secondes, ne voulant plus la lâcher après ce cadeau qui signifiait tellement de choses pour moi.

- Vous irez en amoureux, me souriait elle en me pinçant la joue

- Tiens Benti

La grand mère de Hakim me tendait une boîte, m'informant que son petit fils l'avait aidé à choisir et ça ne m'étonnais pas car en ouvrant la boîte je remarquais les escarpins de mes rêves, j'en avais parlé a Hakim une semaine plus tôt les ayant trouvé sublime mais le prix était hors de mes moyens pour le moment.

Après m'être confondue en remerciement les deux dames s'en allèrent, me laissant aller mettre les cadeaux dans la voiture avant de revenir vers mon barbu.

- Tu vas découvrir le froid de la Russie t'es heureux ? Demandais je en ricanant

- J'te ferais découvrir la chaleur des enfers de la Kabylie

Je riais en même temps que lui, voulant m'avancer pour revenir contre lui mais par inadvertance je venais toucher le bout brulant de sa cigarette avec le dos de ma main ce qui m'arrachais un petit cri de douleur.

- Putain, grognait le kabyle en prenant la main pour regarder, tu sais pas faire belek

- C'est toi, grognais je en reprenant ma main

- Va mettre de l'eau froide dessus t'auras moins mal

Je laissait un sourire moqueur apparaître sur mon visage malgré la douleur alors que je me séparais de lui.

- Pourquoi tu souris tu viens de te cramer

- Je sais pas, t'as des conseils de vieux père de famille un peu c'est marrant

Il levait les yeux au ciel en rigolant alors que je repartais à l'intérieur pour aller jusqu'aux toilettes.

J'y étais depuis une bonne dizaine de minutes, retournant tout mon sac pour trouver un pansement alors que Camille entrait avec Sami dans ses bras qui pleurait.

- Il a faim ? Demandais je en prenant enfin la boîte de pansement

- Non, dit elle une angoisse dans la voix, y a eu trop de mouvement d'un coup il a eu peur

Je fronçais les sourcils, m'appliquant à mettre mon pansement, essayant de comprendre ce qu'il se passait.

- Il se passe quoi ? Demandais je en me tournant vers elle

- Je te dis mais t'angoissespas ok ?

Une vague d'angoisse me submergeait, c'était évident, alors que je hochais la tête pour qu'elle continue sa phrase qu'elle avait laissé en suspend.

- Carlos est là

Disjoncté - Mekra Où les histoires vivent. Découvrez maintenant