Treize - "On se taille"

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Seize appels manqués, vingt deux messages non lus, tous de Riyad, et tous du même style.

"Blanche répond", "c'est urgent", "putain Blanche décroche", "s'il te plaît je flippe".

Mais c'est le dernier qui m'avait donner le plus gros choque électrique. "Putain il est revenu il va nous tuer".

Tout le monde à l'intérieur étaient complètement éclaté sous boisson ou sous joint, aucun était en état de conduire je le savais plus que bien parce que je les avais vu se défoncer toute la soirée.

Je n'avais plus qu'une solution.

Mes jambes me dirigèrent vers le toit que je venais de quitter quelques minutes plus tôt, complètement essoufflée d'avoir couru dans les escaliers, il avait un sourire amusé sur son visage.

- Alors on revient sur ses décisi...

- Je t'en supplie dis moi que tu n'as pas bu, ou du moins que tu sais conduire

Sûrement déboussolé de m'entendre le supplier il reprenait son sérieux, fronçant ses sourcils en essayant de détailler une quelconque émotion sur mon visages mais tout ce mélangeait tellement dans ma tête que je ne savais même pas si il allait savoir déceler quelque chose.

- Ouais je saurais conduire, pourquoi ?

- J'en sais rien, mon frère m'a supplié de venir sans me dire pourquoi, il est avec ma mère à Calais et...

- Bouge toi, on se taille

J'avais débité tout ça à une allure folle, même moi j'avais eu du mal à me comprendre, mais dès que Hakim m'avait entendu dire que mon frère m'avait supplié de venir, il s'était levé de sa chaise en reprenant ses affaire pour partir de ce toit pourris.

Il se dépêchait autant que moi dans les escaliers pendant que moi j'essayais de rappeler mon frère qui ne décrochait pas et ça me rendait malade.

Je me retrouvais quelques minutes plus tard dans une BM noir qui roulait déjà à plus de cent alors qu'on était toujours dans les petites rues de Paname.

- Entre l'adresse dans le gps, me dit il en prenant le périph qui était totalement vide de voiture

Je faisais tout ce qu'il me disait sans même sentir que c'était moi qui le faisait. Mon corps répondait parfaitement à mon cerveau mais mon esprit était plus qu'absent.

Quatre putains d'heures.

Je tenais mon frère le plus au courant possible, dans combien de temps j'allais arriver, avec qui pour ne pas qu'il s'attende à voir Camille, j'essayais de savoir où ça en était mais il ne répondait toujours pas.

- Il se passe quoi ? Demandait Hakim ne tournant pas une seconde le regard vers moi

- Je sais même pas moi même, il est chez ma mère et je savais qu'il avait pas envie d'y être, il a peur de son mec qui est normalement en taule mais je pense qu'il est sorti, dis je à demi voix ne voulant pas m'admettre à moi même c'était bien ça le problème

- Qu'est ce qu'il a foutu pour être en taule

Gros silence dans la voiture, seul la voix de booba dans les baffles recouvrait le silence. Il était hors de question que je lui dise tout ça, c'était bien trop intime et familiale. D'ailleurs il avait bien comprit qu'il ne saurait rien parce qu'il ne redemandait pas.

Il nous restait deux heures de trajets quand mon frère prit la peine de répondre à mes nombreux sms que j'envoyais depuis plus de deux heures également.

Riyad
Je suis chez Tom viens là bas en arrivant je t'expliquerai

J'étais soulagée comme jamais je ne l'avais été dans ma vie. Tom était le fils de la voisine et là bas j'étais certaine que Riyad était bien en sécurité.

- Il est en sécurité chez la voisine, dis je d'une voix soulagée

Ce n'était pas forcément pour Hakim que je le disais, c'était plus pour l'entendre de vive voix et être soulagée à cent pour-cent. Malgré tout le barbu hochait la tête signe qu'il avait entendu même si j'avais parlé très bas et au final je me sentais bien d'avoir du soutiens sans pitié.

Il n'avait eu aucune pitié, ni quand je lui avais dis qu'il fallait que j'y aie, ni quand j'étais au bord de la crise de larme en partant, ni quand je lui avais dis que mon frère avait peur. Il avait réagi comme si on parlait de son frère, il n'avait pas hésité à me tirer dans sa voiture pour m'amener là-bas sans broncher.

Putain merci Hakim.

Si il n'avait pas été là j'aurai sans doute payé un taxi une fortune pour l'aller et le retour, je n'aurais jamais su conduire après avoir bu tout ça de vodka.

Une fois arrivé devant chez Tom je sautais hors je la voiture pour aller toquer à la grande porte en bois, il était cinq heure du matin, son père dormait sans doute, mais je n'en avais rien à foutre.

Une grande tête brune que je connaissais plus que bien m'ouvrait, des griffes sur le visage et quelques traces rouge. Sans rien dire je l'étouffais dans mes bras et même si c'était ridicule parce qu'il faisait une bonne tête de plus que moi, j'avais l'impression de retrouver mon petit frère de six ans qui était terrorisé quand son beau-père frappait sa mère le soir.

- Désolé de t'avoir appelé mais il...

- Arrête de t'excuser parce que c'est ridicule, heureusement que tu m'as appelé

Je séchais ma seule larme qui avait coulée d'un revers de main et j'allais dire bonjour à Tom et sa mère.

- Ton ami ne veut pas rentrer ? Demandait cette dernière

Hakim était adossé à sa voiture et me faisait signe de la main d'y aller. Dans tous les cas je ne l'aurais jamais fais entrer c'était bien trop intime et je n'avais absolument pas envie qu'il connaisse mes histoires de famille.

- Non il m'attend dehors, dis je en me forçant à sourire

Après m'être installé sur le canapé face à mon petit frère et à côté de Tom, il prit le temps avant de m'expliquer ce qu'il venait de se passer dans la maison d'à côté.

- J'étais entrain de jouer à la play dans ma chambre et là j'ai entendu quelqu'un frapper à la porte, c'était bizarre parce qu'à minuit personne frappe comme un malade chez toi normalement

Si, Hakim.

- Bref j'ai pas fais attention à tout ça j'ai continué à jouer jusqu'à ce que j'entende maman rire et tout alors je suis sorti voir qui c'était. Carlos était assis sur le canapé à côté d'elle, comme si il ne s'était jamais rien passé, c'était le grand amour. Alors j'ai demandé ce qu'il faisait ici, elle m'a répondu qu'il était sorti de taule il y a deux semaine et qu'elle l'avait invité pour dormir, sauf que j'ai dis non. Elle a essayé d'apaiser les tensions parce qu'elle voyait déjà bien qu'il me regardait d'un air mauvais, puis il a peter les plombs quand j'ai parler de la mesure d'éloignement. Je me suis défendu comme je pouvais, je l'ai pas laissé sans égratignures mais il m'a bien plus amoché que je ne l'ai fais.

Dans dix minutes ça allait être la guerre à côté.

- Puis quand il a eu fini, maman avait tout regardé et elle m'a dit "là tu l'as mérité, t'aurais dû te taire"

Ça allait être la guerre tout de suite.

Disjoncté - Mekra Où les histoires vivent. Découvrez maintenant