Trente deux - "Plus rien à foutre"

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Les peines étaient tombée pour ma mère et mon beau père. Carlos retournait trois ans en prison alors que la plainte contre sa femme était classée sans suite. J'étais hors de moi.

Pour me changer les idées j'étais partie à la boutique pour peaufiner les dernières déco et les derniers rangement avec Rose.

La brune m'attendait déjà à l'intérieur ayant un double des clefs depuis maintenant une semaine, elle rangeait les derniers vêtements que nous n'avions pas mît sur penderie la dernière fois alors que j'entrais avec un carton encore rempli de vêtement.

- Promis c'est les derniers de cette collection, ricanais je en voyant sa tête dépitée

- On va plus du tout avoir place Blanche, rit elle

Ne rien répondre était la meilleure solution parce qu'elle avait bien raison. Les penderies allaient déborder si je mettais encore un vêtement dessus alors j'optais pour la première idée qui me passait en tête.

- Je viendrai remettre une penderie avant l'ouverture

Rose rigolait sachant très bien que même avec une penderie en plus nous n'aurions jamais assez mais il fallait que je trouve une solution avant mercredi, nous étions samedi.

La journée était passée à une allure folle, jusqu'à dix-neuf heure nous avions apprêté la boutique pour qu'elle soit parfaite à l'ouverture puis nous étions rentrée chez nous.

Mon plan pour ce soir était clairement naze, j'allais ramener deux pizzas à l'appartement et manger la mienne devant un film pendant que Riyad allait encore rester dans sa chambre. Si la soirée était folle il allait y avoir une engueulade en plus entre nous deux.

Depuis le nouvel an il est privé de toutes sorties possible et imaginable jusqu'à ce que j'en décide le contraire.

Et évidemment en rentrant ça éclatait.

- Je vais voir Mathieu , dit il en sortant de sa chambre

- Comment ça "je vais voir Mathieu" ? T'as oublié ta phase du nouvel an ? Tu restes ton cul dans cet appartement

- J'te dis que je vais voir Mathieu t'as rien à me dire, dit il en enfilant sa veste

Je rêvais là ?

- Tu t'es pris pour qui toi au final ? T'es nourris, logé, blanchis et tu me parles comme une merde ? Met un pied en dehors d'ici et tu reviens plus jamais

- Tant mieux, j'comptais partir, dit il en haussant les épaules

Une rage très rare s'était emparée de moi.

Alors qu'il partais je venais retenir la porte pour passer sur le palier et lui balancer ses chaussures qui étaient à l'entrée.

- Plus jamais tu remettras un pied dans cet appart ! Criais je en claquant la porte

Les voisins allaient me prendre pour une dégénérée mais c'était clairement le cadet de mes soucis.

Mon premier réflexe en entrant de nouveau chez moi était la chambre de Riyad. En une heure tous ses cartons étaient fait et vraiment peu importe où il allait, je n'en avais plus rien à foutre. J'avais tellement donné, je m'étais tellement bouffée de l'intérieur pour lui que ça en devenais invivable et si il voulait faire sa crise d'ado il avait un parent capable de l'éduquer au Maroc et il avait deux tantes dans le sud qui se feraient une joie de le recadrer à chaque petit mot de travers.

En sortant mon portable de ma poche, un message d'un destinataire dont je ne m'attendais pas me surpris mais le message en lui même me faisait monter encore plus les nerfs.

De Hakim
C'est normal que ton reuf est au stud avec Polak ?

De moi à Hakim
Plus rien à foutre

De Hakim
J'viens

De moi à Hakim
Ramène à boire

J'avais l'impression que depuis l'arrivée du crew dans ma vie je buvais trois fois plus qu'avant, mais j'avais surtout trois fois plus de problème qu'avant.

En vingt minutes Hakim était entrain de se déchausser dans mon entrée pour arriver au salon avec un sac plastique et deux bouteilles à l'intérieur.

- J'ai repris du jack comme t'as sifflé ma teille avec les mecs quand j'étais à L.A, dit il en se laissant tomber à côté de moi

- On à rien sifflé, elle est là, dis je en regardant la vitrine avec les quelques bouteilles d'alcool

Il se retournait vers la vitrine, haussant les épaules après avoir vu la bouteille alors que je me levais pour aller chercher deux verres.

Je venais me rassoir à côté de lui, lui servant un verre de whisky et me servant à moi un verre de vodka.

- Alors, pourquoi ton reuf est avec polak alors que normalement il est comme au hebs ?

- Attend on boit un peu puis je t'explique

Il hochait la tête déviant alors sur une autre conversation.

Il m'expliquait alors les quelques problèmes qu'ils avaient au stud, la fatigue de Fram à cause de sa femme enceinte qui le réveillait en pleine nuit pour du chocolat, les galères de préparation de mariage pour Théo et la belle vie de Nek et la sienne.

- J'ai foutu Riyad à la porte, commençais je pendant quelques secondes de blanc après quelques verres

Il me regardait, m'encourageant à continuer à parler sans même dire un seul mot.

- Depuis qu'il est ici on se dispute tout le temps, y a des fois ou il est irrespectueux avec moi alors que je le nourris, je le loge et je le blanchis, je dis pas que je suis toute gentille avec lui aussi mais là j'en peux plus, le coup qu'il m'a fait au nouvel an ça a été la goutte de trop, j'endosse un rôle de mère que je devrais même pas avoir, si j'ai choisi de pas faire d'enfant c'est pas pour en avoir un qui est déjà en crise d'ado

Le kabyle écoutait attentivement mes explications en hochant la tête à la fin.

- T'as bien fais, dit il seulement en buvant son verre

- C'est tout ? Je croyais que t'allais reprendre pour lui, dis je soulagée

- Non, il a dix-sept piges à son âge il sait ce qu'il fait, si il se casse la gueule ça lui apprendra la vie et si il se reprend en main c'est tout benef pour lui mais tu peux pas être derrière son cul jusqu'à ses cinquante ans, haussait il les épaules

Juste entendre ça me soulageait, j'étais peut être une soeur indigne pour certaine mais j'avais au moins une personne qui comprenait mon ressentis.

- Sah j'crois que si Idriss était comme ça je l'aurais tej aussi

- Il a jamais fais de conneries comme ça ?

- Jamais, ma grand-mère l'aurait hagar

- C'est ta grand-mère qui vous a élevé ? Osais je demander

Il hochait la tête en finissant le fond de son verre pour directement s'en resservir un alors que moi je le regardais, l'encourageant à continuer ce qu'il remarquait.

- En gros nos darons ont jamais su s'occuper de nous, ma grand-mère l'a vite remarqué et on a été placé chez elle par le juge, c'est la seule chose que la justice a bien faite

- C'est pour ça que tu veux pas d'enfants ?

- Ouais, dit il avant de marquer une pause, comment tu sais ça toi

- Idriss à une grande bouche, dis je avec un sourire amusé

Disjoncté - Mekra Où les histoires vivent. Découvrez maintenant