Quarante six - "Qu'est ce que vous faites ?"

614 30 1
                                    

Ce soir tout le monde était parti en boite sauf Camille et moi. On avait reçu un message d'Idriss complètement déchiré qui nous disait que Mathieu était arrivé et qu'il était venu les rejoindre en boîte, nous savions donc qu'à partir de cette nuit nous n'étions plus douze dans la maison mais treize.

Ça nous enchantait très peu la blonde et moi, Mathieu était le coureur de jupons par excellence et ça en était lourd par moment. Mais si les garçons l'aimaient nous n'avions plus qu'à faire de même.

Le film a l'eau de rose que Camille avait mis avait eu raison de nous, nous nous étions endormie comme des merdes sur le canapé après s'être enfilé une tonne de chips et de gâteaux.

C'est seulement vers six heures du matin que la porte d'entrée claquait et qu'un boucan d'enfer se faisait dans le hall d'entrée.

- Blanche, entendais je doucement, faudrait que t'aie voie Hakim, il est toujours dehors

Adèle se tenait face à moi, me souriant doucement alors que je m'étirais sur le canapé.

Je ne comprenais pas grand chose, pourquoi Hakim était dehors alors que tout le monde était rentré dans la maison ?

J'arrivais dans le hall d'entrée après avoir mis mes chaussons, retrouvant les têtes complètement bourrées de tous les garçons.

- Rouge ! S'écriait Ken, tu vas voir ton mec ?

- Ouais, baillais je, il est dehors ?

Ils me répondirent tous à l'affirmatif, me laissant passer pour atteindre la porte d'entrée.

Je ne me doutais pas une seule seconde qu'en ouvrant la porte je n'allais pas tomber sur une personne mais bien sûr deux.

- Riyad ? Demandais je en plissant les yeux pour bien voir dans la pénombre, qu'est ce que vous faites ?

- Ouais, dit il froidement

- Maintenant tu dis à ta reuss ce que t'étais entrain de faire, tonnait la voix du kabyle

Mon frère n'avait pas l'air de coopérer, gardant ses bras croisé sur son torse et soutenant le regard de Haks qui allait exploser à tout moment.

- Du coup je peux savoir ? Grognais je, il est six heure du matin j'aimerai bien aller pioncer

- Tu vois elle s'en bas la race, grognait Riyad, j'peux aller pioncer moi aussi ?

- Tu bouges pas d'ici tant que tu t'es pas expliqué, grognais le rappeur, ton hmar de frère tape dans de la coke

Douche froide pour Blanche.

Toutes drogues plus forte que la beuh m'angoissait, Carlos était dans tout ça et je savais à quoi ce genre de substance pouvait mener.

- Hakim on va dormir, tranchais je après quelques secondes de blanc

- T'es sah ?! Ton reuf prends dans son nez et...

- On va dormir je t'ai dis, dis je sèchement, il est assez grand pour faire ses merdes tout seul c'est lui qui finira comme notre beau-père pas moi

Je savais comment piquer le brun, et insinuer qu'il allait devenir comme Carlos était le plus gros pique que je pouvais envoyer.

- Tu t'es pris pour qui toi au final ?! S'énervait il, tu suis les mêmes pas que ta daronne avec ton vieux mec et tu me dis que je vais être comme Carlos ?!

Je sentais Hakim se tendre à côté de moi mais il savait que j'allais me défendre seule, je n'avais pas besoin de lui pour ça.

- Moi je suis les pas de ta mère ?! Je me suis battue corps et âme pour toi y a jamais personne qui t'as détrôné, c'est toi qui a décidé de partir en couille pas moi et Hakim n'y est pour rien là dedans, m'énervais je

- Je parle pas de ça Blanche, sourit il étant bien trop calme, t'as pas la sensation de refaire le même chemin que nos parents ? Tu rencontre un mec, il a un taff prenant, tu fais que l'attendre, vous brûlez les étapes, vous emménagez vite ensemble, vous allez vite vous marier et avoir des gosses et puis boum, il se barre avec une nana plus jeune qu'il a rencontré "pendant ses heures de taff" et toi tu vas finir comme elle

Il savait comment me piquer lui aussi, il me connaissait bien trop.

N'ayant plus rien à répondre je faisais signe à Hakim que nous rentions et lui qui semblait à la limite plus énervé que moi me suivait jusque dans la chambre.

Tout le monde était parti dormir, même Camille était partie du canapé pour regagner son lit.

- Sah il s'est prit pour qui ton clochard de reuf la ?! S'énervait Hakim en claquant la porte de la chambre, il fait le mec vénère il sait même pas pisser droit

Il continuait à s'énerver seul dans notre salle de bain alors que j'étais assise sur le matelas, le dos posé contre la tête de lit.

Il avait raison sur toute la ligne, on avait avancé à une vitesse folle avec Hakim et à tous les coups j'allais finir comme ma mère.

- Oh tu m'écoutes ? Me demandait mon rappeur en se couchant à côté de moi

- Peut être qu'il a raison au final, haussais je les épaules

Il se redressait, le regardant avec les sourcils froncés comme si il venait de croiser une folle dans son lit.

- T'es conne ou quoi ? Le seul truc qu'il a fait là c'est qu'il a cherché à te retourner le veaucer pour pas se faire tuer pour la coke

- J'en sais rien, on avance super vite et j'ai trop peur de finir comme elle

Son regard changeait, il était déjà différent de d'habitude dû à l'alcool mais là de l'énervement et une forme d'inquiétude était apparue.

- T'es sah ? Tu vas croire un p'tit con de dix sept piges qui a dit de la merde pour se sauver du feu ? Tu vas remettre en doute ce qu'on fait pour ça ?!

Je n'avais pas envie de répondre, la façon dont il traitait Riyad commençait à m'énerver parce que dans tous les cas ça restait mon frère.

Il n'avait pas l'air de comprendre ce que je voulais dire, pourtant j'avais déjà cette peur bien avant que Riyad aborde le sujet ce soir.

Son regard me transperçait, il cherchait une réponse à toutes les questions qui devaient se bousculer dans sa tête a lui aussi.

Après quelques dizaines de secondes il se levait, prenant son oreiller et il se dirigeait vers la porte.

- Tu fais quoi, m'empressais je de demander

- J'pionce pas avec une go qui change d'avis comme de sappe et qui fou nos projets à l'eau pour deux phrases que son reuf lui a sorti

- T'es sérieux ?! Commençais je à m'énerver

- Bien plus que tu le crois

En dix secondes la porte s'était ouverte et refermée, laissant disparaître le kabyle. Mon coussin s'était écrasé contre celle ci, l'ayant balancé avec toute ma rage avant de me coucher sur mon lit.

Disjoncté - Mekra Où les histoires vivent. Découvrez maintenant