Les Racines du Saule ~5. Le Saule~

Chapitre 1

— Je les aime pas, affirma Petit Azur.

— Dis pas ça, ce sont les amis de ton frère ! Ils sont très gentils...

— Non, ce n'est pas vrai, il pense que je suis fou.

Patte de Tige lui lécha affectueusement le front.

— Mais tu ne l'es pas.

— Je n'ai pas envie d'aller avec eux.

Sa mère lança un regard à Petit Saule et aux autres apprentis qui fixaient Petit Azur.

— Ils t'attendent.

— Patte de Tige !, l'appela quelqu'un.

— J'arrive !

Elle se tourna à nouveau vers son enfant. Petit Azur boudait en fixant ses pattes.

— Je les aime pas, je te dis. Ils vont encore vouloir que je joue le rôle de Coeur de Pétale...

Des griffes serrèrent le coeur de la guerrière.

— Patte de Tige !, répéta-t-on.

Voyant du coin de l'œil qu'un attroupement s'était formé à l'entrée du camp, elle inspira un grand coup pour chasser l'anxiété qui l'envahissait, et indiqua une dernière fois au chaton.

— Tu vas jouer avec eux, Petit Azur, j'ai des choses à faire.

Elle ajouta à l'adresse de Petit Saule :

— Vois avec ton frère ce qu'il ne va pas, s'il te plaît ! Je ne serai pas longue.

Elle s'en alla, sans écouter plus longtemps les protestations de Petit Azur. La plupart des chats du Clan du Cratère s'étaient réunis autour de la patrouille frontalière du matin. Les membres de celle-ci, dirigée par Poil de Frelon, étaient tout ensanglantés.

— Tu es enfin là, Patte de Tige !, s'exclama Tempête de Calme en s'affairant autour des blessures de Cristaux de Glace.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, demanda l'autre en contemplant avec effarement les longues estafilades qui striaient les pelages d'Aile de Ronce, Museau de Caresse et Poil de Frelon.

Celui-ci répondit à la place à de Tempête de Calme :

— À ton avis ? On a essayé de franchir le blocus, et ça ne c'est pas passé comme je l'espérais.

Patte de Tige reprocha avec agacement :

— Tu aurais dû demander aux chefs avant de le faire. Être le sous-chef foudroyant ne te donne pas tous les droits, surtout ceux inconsidérés.

Le félin foudroyant lui adressa un regard noir.

— Être la sous-cheffe tournoyante ne te donne pas non plus le droit de me dire quoi faire. De toute façon, maintenant, c'est trop tard. Où sont-ils, d'ailleurs, les chefs ?

— En réunion. Je les avertirai de la situation tout à l'heure, en attendant, allez tous vous faire soigner, répliqua la femelle.