Chapitre 3

27 4 2
                                    

Le bruit des explosions et des hurlements ne fut plus qu'un lointain souvenir. Enfin, pas si loin que cela. Tout le monde ressentait encore la peur qui tiraillait leurs cœurs quand ils virent leurs maisons prendre feu. Et surtout quand ils virent qu'il manquait des membres de leurs familles à l'appel. Les femmes sanglotaient encore un peu, ainsi que les enfants, tandis que les hommes tentaient de rester fort. Même si ils étaient tout aussi anéantis que leurs épouses, leurs sœurs et leurs enfants, ils devaient être un pilier pour la famille.

Harold, quand à lui, restait silencieux en regardant l'étendue d'eau brumeuse devant eux, ses enfants dormant à quelques pas de lui. Cela faisait déjà un moment qu'ils avaient quitté le nouveau Beurk. Mais c'était sûr qu'ils étaient encore dans les mers du Nord, vue la brume épaisse qui survolait la surface de l'eau. Il ne savait pas dans quelle direction ils allaient. Tout ce qu'il savait, c'était que son peuple était sain et sauf. Enfin, à quelques points près. Son bateau ne faisait que suivre les autres devant eux.

— Varek. Appela-t-il.

Le grassouillet accouru vite vers lui, quelques feuilles jaunies en main. Varek était un des hommes les plus brillants de tout le village. Harold ne pourrait pas se retrouver dans les affaires de Beurk si il n'avait pas été là.

— Oui?

— À ton avis, où sommes-nous?

— Je ne peux pas dire exactement notre localisation. Mais vue que le port de Beurk était tourné vers le Sud, nous nous dirigeons sûrement vers  les terres anglaises.

Harold hocha simplement la tête. Arrivé sur les terres anglaises, il allait devoir mettre ses sentiments de côté. La sécurité de son peuple comptait avant tout. En tant que chef, il devait s'assurer que les gens aient un toit et de quoi se nourrir. Il fallait qu'il demande l'asile à un royaume quand il arriverait. Harold n'avait pas pour plan de s'installer clandestinement sur les terres d'un autre royaume.

— Euh, Harold?

— Oui?

— Ce ne serait pas plus prudent de changer de direction?

Harold leva un sourcil. Pourquoi Varek se comportait ainsi? Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir sur les terres anglaises pour qu'il soit aussi anxieux? Tout en regardant une carte, l'homme grassouillet bafouillait des explications emplis de vocabulaires météorologiques incompréhensibles. Harold n'y comprenait rien.

— Qu'est-ce que tu racontes, Varek? Qu'est-ce que le temps a à voir avec notre voyage?

Varek inspira profondément avant de se lancer. Ça ne servait à rien de trouver des excuses avec le chef. C'était son ami. Ça ne lui coûterait rien de lui dire le fond de sa pensée. Il déposa la carte par terre et prit une bougie pour l'éclairer. L'aube pointait déjà son nez, mais le soleil n'était pas encore présent. L'obscurité les recouvrait encore. Varek pointa un point sur la carte et débuta ses explications.

— Les terres anglaises sont divisées en trois. Tout au Sud, il y a l'Angleterre. Au centre, l'Irlande. Et au nord, l'Écosse. Nous nous dirigeons droit vers les terres écossaises.

— Oui, et?

— Tu n'es pas au courant?

— Au courant de quoi?

— La reine d'Écosse! On dit que c'est une personne impitoyable! Elle a réussi à étendre son clan pour qu'il devienne un royaume.

— Le royaume de Dunbroch. Oui, je sais.

— Elle a détruit plus d'un royaume grâce à ses trois armées. On dit qu'elle n'éprouve aucune miséricorde pour ses ennemis et les clandestins. J'ai peur pour nous. Et si elle nous tuait?

— Elle ne va pas nous tuer parce qu'on va demande l'asile. Une reine digne de ce nom ne tuerait pas sans raison un peuple qui lui demande l'asile.

— Mais, et tout ce qu'on raconte sur elle? Elle s'est faite un nom dans le monde entier. Enfin, elle a juste repris le pseudonyme de son père, mais elle a fait bien pire que son père!

Fergus du royaume de Dunbroch, alias Le Roi Ours, était réputé pour être un guerrier très puissant. Et sa fille, La Reine Ours, reprit le flambeau. Mais en bien pire. C'était une reine guerrière qui n'accordait jamais de deuxième chance aux traîtres. Elle n'épargnait jamais un seul de ses ennemis. Comme les ours ne lâchaient jamais leurs proies avant de les avoir tué, Mérida ne ressentait aucune compassion envers ceux qu'elle égorge.

Le royaume de Dunbroch était très respecté dans tout le Royaume-Uni. Tout le monde savait qu'il ne fallait pas attiser la colère de la Reine Ours. Sinon, elle n'hésiterait pas à lâcher ses armées. Après les centaines de royaumes qui avaient tentés d'envahir Dunbroch, la reine a remporté toutes les batailles grâce à ses trois armées, chacune dirigées par ses trois frères, les capitaines Harris, Hubert et Hamish.

Avec les conquêtes, le royaume de Dunbroch s'était enrichi en terres, en argent et surtout en personnes. Ceux qui décidaient de se soumettre à la reine entraient dans les rangs du peuple de Dunbroch. Mais les réticents étaient condamnés à mort. Et ça, tout le monde le savait. Les armées de Dunbroch étaient donc composées de plusieurs personnes de plusieurs races différentes. Le puissance de ce royaume impressionnait tout le monde. Même les beurkiens.

— Es-tu sûr de vouloir mettre les pieds là-bas? Demanda Varek.

— Nous n'avons pas trop le choix parce que nous sommes arrivés.

Le cœur du grassouillet loupa un battement en apercevant les côtes de Dunbroch. Rien qu'en voyant l'étendue d'arbres après la petite plage, Varek s'imaginait déjà le pire. Si il échappait à la peine de mort, il allait sûrement devenir un esclave. Un grand homme de science comme lui ne méritait pas un tel sort.

Les quatre navires jetèrent l'ancre sur une plage de sable fin. Les grains dorés ne s'étalaient pas loin. À à peine quelques mètres, l'herbe faisait déjà son apparition. C'était les arbres qui prenaient beaucoup de place. Il y avait des centaines d'arbres à perte de vue. Le chef de Beurk balaya les environs du regard et donna l'ordre de construire un campement près de la mer. Cela assurerait du poisson comme nourriture à son peuple.

Le jour commençait à se lever, mais les beurkiens n'avaient presque plus d'énergie. Dormir dans les bateaux ne les avait pas aidé à se remettre de tout ce qui s'était passé. Alors, plusieurs tentes ont été installées en quelques minutes et ce qui restait du village de Beurk s'endormit. Harold prit également une tente pour ses enfants.

Les pauvres. Toute la nuit, ils n'avaient pas eu leur mère à leurs côtés. Et leur père avait été bien trop occupé à garder le cap. L'un n'avait que les bras de l'autre pour se réfugier. Cette fois-ci, Harold ne les laisserait pas dormir seuls. Ils avaient assez souffert. En un rien de temps, le chef de Beurk s'endormit près de sa progéniture, sans entendre un seul bruit provenant de dehors.

Mais ils n'étaient pas seuls. Tandis que les derniers beurkiens dormaient, des sentinelles de Dunbroch les surveillaient depuis leur arrivée.

— Qui sont-ils, à ton avis? Demanda l'un.

— Je n'en ai aucune idée. Ils n'ont pas de drapeau.

— Mieux vaut être prudent et aller prévenir la reine.

— Tu as raison. Laissons les autres continuer la surveillance. Allons-y.

LegendaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant