Chapitre 15

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Trois jours plus tard, ils accostèrent sur le port de Dunbroch. Les marins étaient pétrifiés devant l'imposant dragon qui sortit du bateau aux côtés de leur reine. Harold avait l'impression que Krokmou et Mérida se connaissaient déjà depuis longtemps. Ils n'avaient pas arrêter de faire des âneries aussi bêtes les unes que les autres pendant le voyage. Le chef ne connaissait pas cette facette joueuse de la reine. Elle semblait si différente. Krokmou avait le pouvoir de mettre les gens à l'aise. Les deux étaient toujours devant lui quand il eut une idée.

— Mérida?

La reine se retourna à l'entente de son prénom. De suite, le brun s'excusa. C'était une reine et il fallait la respecter. Malgré le fait qu'il l'ait vu sous un autre jour, ce n'était pas une raison pour faire des familiarités. Elle restait toujours la Reine Ours, une reine froide et impitoyable.

— Je... Pardon, excusez-moi. C'est parti tout seul.

Mais la reine lui sourit, contente. Cela faisait des lustres que personne n'avait prononcé son nom avec autant de douceur, hors mis ses frères. Elle s'était habituée aux "votre majesté" et aux "votre altesse". Depuis son couronnement, elle n'avait plus d'amis. Ça lui faisait du bien d'entendre son prénom dans la bouche d'une personne aimable.

— Non, ce n'est pas grave. Vous pouvez m'appeler par mon prénom.

— Vous en êtes sûre?

— Oui. De plus, nous avons largement dépassé le stade de simples dirigeants alliés. Nous sommes quasiment devenus des amis.

Harold sourit. C'était vrai, tout ce qu'elle disait. Ils avaient été plus que de simples souverains en quête de la vérité. Ils s'étaient raconté leurs vies et leurs passés. Il était peut-être temps de passer à l'étape supérieure.

— Très bien. Donc, je vous autorise aussi à m'appeler Harold. Qu'en dites-vous?

— Ça me paraît juste. Vous vouliez me dire quelque chose?

— Ah, oui. Ça vous dirait une balade à dos de dragon?

— À dos se dragon?

— Oui. Vous allez voir, c'est très amusant.

Aventurière dans l'âme, Mérida ne refusa pas une balade à dos de dragon. Malgré le fait qu'il n'y ait pas de selle, elle ne semblait pas avoir peur. Harold monta sur le dos de Krokmou et tendit la main à la reine. Elle posa la sienne dans celle du brun et remarqua qu'il avait une grande main. La sienne qui était si petite pouvait disparaître sous ses doigts si il les repliait. Mérida sentait la chaleur de sa main contre la sienne. C'était une nouvelle sensation.

La reine avait l'impression qu'un courant électrique était passé dans ses doigts et s'est vite réfugié dans son cœur. Harold tira sur sa main pour qu'elle puisse s'asseoir sur le dos de Krokmou. Le dragon noir remua légèrement, ce qui la déstabilisa. Elle s'accrocha aux épaules du brun tout en retenant un cri de surprise. Devant elle, Harold rigolait. Ça lui rappelait sa première balade avec Astrid.

— Vous avez peur?

— Moi? Peur? Balivernes!

Il leva les yeux au ciel et posa ses deux mains sur celles de Mérida. Et délicatement, il lui prit les mains pour qu'elles se retrouvent autour de sa taille. Les lèvres de Mérida n'étaient pas loin de son oreille et il pouvait entendre la reine retenir son souffle. Harold tourna son visage vers elle et son nez frôla celui de la reine. Il ne pouvait plus détourner son regard des iris couleur saphir de la rousse.

Ses iris ressemblaient à une rivière déchaînée. Son regard reflétait toute sa tristesse ainsi que sa colère. Personne n'avait réussi à calmer la fureur de ses sentiments. Mérida était détruite de l'intérieur. Et c'est la même chose qu'elle vit dans les yeux du brun. Une tristesse sans nom et un désarroi si immense qu'il serait difficile de le combler. Le vert de ses yeux semblait vitreux, autant altéré par l'âge que la tristesse. Il semblait si vulnérable.

— Euh... Vous devriez garder vos mains comme ça. C'est plus sûr. Lança-t-il après un silence.

— Ou-oui. C'est sûrement plus sûr.

Harold tourna la tête et Krokmou décolla, ce qui arracha un cri de surprise à la reine. Après le départ inattendu, Mérida serra la poitrine de chef de ses bras. Elle n'osait pas regarder et posa sa joue contre son dos. Et si elle mourrait? Que deviendrait Dunbroch? Et ses frères? Devant elle, Harold profitait du vent de l'aube dans les nuages comme auparavant. Le soleil commençait à peine à se lever et donnait des reflets rosés aux nuages. Derrière lui, Mérida priait toujours pour sa vie.

— Vous pouvez relever la tête, maintenant.

— Non.

— Pourquoi?

— C'est que... Je... Je suis bien comme ça.

— La tête posée sur mon dos à sentir mon odeur?

— Quoi?! Non! Où allez-vous chercher cela?!

La reine releva brusquement la tête pour répliquer, mais elle fut frappée par le nouveau paysage. Le sol était à des kilomètres en-dessous d'elle et il n'y avait que des nuages roses à perte de vue. Plus loin, le soleil montrait timidement ses premiers rayons. C'était merveilleux. Le vent frais de l'aube fouettait gentiment son visage et lui donnait un sentiment de liberté. Elle avait totalement oublié qu'Harold était devant. Rassurée, elle reposa ses mains sur les larges épaules du brun et admira les alentours.

— C'est absolument magnifique. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi beau.

— Ça vous plaît?

— Oui, beaucoup.

Mérida ferma les yeux, le sourire aux lèvres, profitant de cette nouvelle expérience. Elle étendit les bras et le vent passa entre ses doigts. C'était une sensation très agréable. Harold tourna le regard derrière et ouvrit grand les yeux.

— Vous ne devriez pas faire ça! Lança-t-il, inquiet.

— Pourquoi?

— Vous risquerez de tomber!

— Quel rabat-joie!

— Moi, rabat-joie? Est-ce qu'un rabat-joie peut faire ça?

Une petite tape sur la nuque de Krokmou et il faisait des loopings dans les airs. Le dragon fit des zig-zags entre les nuages et Mérida avait remis ses bras autour du torse d'Harold tout en criant. Quand à ce dernier, il jubilait. Krokmou prit une altitude et une vitesse normale et les deux souverains se mirent à rire.

— Vous êtes fou. Lança-t-elle dans un rire.

— Pas autant que vous.

— C'est vrai. J'ai une soudaine envie de sauter dans le vide.

— Vous n'oserez pas.

— On parie?

Mérida lui lança un regard défiant et Harold le lui rendit. Voulait-il réellement jouer à ce jeu? Sans qu'il ne s'y attende, la rousse bascula sur le côté et tomba dans le vide, laissant échapper un cri de joie. Harold quand à lui, était au bord de la crise cardiaque. Elle n'avait tout de même pas sauté? Apparemment si, parce que le chef de Beurk se voyait descendre en piquet avec Krokmou. Le dragon rattrapa la reine à quelques mètres des arbres et entreprit un vol stable.

La reine fini assise devant Harold, les deux jambes d'un côté du dragon. Ses bras étaient autour du cou du brun qui la regardait comme si elle était réellement folle. Contrairement à lui, Mérida souriait de toutes ses dents. Jamais de sa vie elle n'avait tenté de faire une chose telle que celle-ci.

— Vous vouliez me tuer?! Demanda Harold.

— On avait parié.

— Je n'ai signé aucun pari!

Mérida roula des yeux et Krokmou ricana dans son coin. Voilà une femme qui savait tenir tête à son ami un peu trop entêté. Soudain, une lumière bleue attira le regard du dragon, ce qui le fit descendre vers le sol. Sur lui, les passagers avaient beau lui dire de remonter, tout ce qu'il voulait, c'était attraper cette chose bleue. Jetant un regard vers le bas, la rousse vit une ligne de petites lumières bleues.

— Oh non, pas ça! Se plaignit-elle.

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