Chapitre 39

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Un froid polaire accueillit les deux reines dès qu'elles posèrent les pieds dans cette fameuse région des neiges. La Reine Ours se rappela de son escapade sur Beurk. Le froid qu'il y avait sur les terres vikings étaient beaucoup plus supportable que dans cette région. De plus, le vent soufflait fort et soulevait la neige au sol, brouillant la vision des deux femmes. Quand Raiponce posa les yeux sur le sol poudreux, elle y vit des traces de pas à peine effacés par la tempête.

— Mérida, regardez! Ce sont peut-être leurs pas!

— Ou ceux d'un autre monstre.

— Je vous en prie, arrêtez d'être si pessimiste!

— Je ne suis pas pessimiste!

— Si, vous l'êtes.

— Pitié, ne recommençons pas.

Pour éviter une autre conversation infinie avec Raiponce, Mérida décida de la suivre. Après tout, peut-être que ce n'était pas un monstre qui était passé. Si cette région était celle qui était la moins atteinte par le dérèglement magique, elle était forcément habitée. Si ça avait été une RM, les créatures malveillantes auraient déjà usé de cette magie à des fins personnelles. Il fallait qu'elle soit habitée.

Au fur et à mesure qu'elles avançaient, les traces de pas se firent engloutir par la neige portée par le vent. Bientôt, elles ne virent plus rien au sol, à part des feuilles mortes. Raiponce souffla et se frotta les bras. Elles venaient de perdre la seule piste qui leur restait et il n'y avait aucun abri où que ce soit. Elle ne souhaitait pas mourir de froid sans avoir atteint sa destination. Tous ses efforts n'auraient servi à rien si elle finissait comme cela. Il fallait qu'elle se batte jusqu'au bout sans rien lâcher.

Derrière elle, Mérida regardait les alentours dans l'espoir de voir quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose. Même un animal lui ferait plaisir. Elles n'auraient qu'à le suivre dans sa tanière et se réchauffer un peu sans chasser les propriétaires des lieux. Oui, situation désespérée, mesures désespérées. Mais que pouvait-il bien y avoir dehors avec ce temps? Il n'y avait même pas un seul oiseau sure les arbres. Il faisait beaucoup trop froid. Tellement que Mérida ne sentait plus ses jambes.

Soudain, une voix leur parvint. C'était une voix féminine désespérée, portée par le vent qui sifflait très fort. La reine de Dunbroch n'entendit qu'un échos, mais en écoutant mieux et en tentant de faire abstraction de la puissance sonore du vent, elle cru entendre un appel au secours.

— Vous entendez ça? Demanda-t-elle.

— Quoi donc?

— Cette voix.

Raiponce tenta aussi de percevoir une voix. Mais elle n'avait pas une très bonne ouïe, malheureusement. Contrairement à Mérida, qui se rua vers un côté. La blonde ne put que suivre, ne comprenait pas ce qui se passait. Plus elles avançaient, plus leurs bottes s'enfonçaient dans la neige. La poudreuse leur arrivait jusqu'aux mollets quand la Reine Ours vit une silhouette noire contrastant avec le blanc immaculé de cette forêt. Ce ne fut qu'à cet instant que Raiponce réagit.

— Il y a quelqu'un? Demanda-elle assez fort.

Vu comme personne ne répondait, Mérida décida d'aider.

— Hé ho!

La silhouette semblait bouger et bientôt, la même voix désespérée leur parvint.

— Mérida? Raiponce?

La reine de Corona faillit pleurer de joie en reconnaissant à grande peine la voix de sa cousine. Elle regarda la rousse qui avait l'air d'avoir également reconnu la voix d'Anna. D'un commun accord, elles se ruèrent vers la brune en tentant de ne pas tomber dans la neige. Arrivées devant elle, Raiponce se jeta dans ses bras, tandis que Mérida tomba à genoux devant le corps inanimé d'Harold. Ce dernier était pâle comme un linge et glacé comme jamais. Le cœur de la Reine Ours se serra dans sa cage thoracique en touchant les joues blanches du Viking.

Elle espérait de tout son cœur qu'il n'était pas mort en posant une oreille attentive sur sa poitrine. Et heureusement, son organe vital battait encore. Elle souffla de soulagement en se redressant et elle se tourna vers Anna.

— Que lui est-il arrivé? Demanda-t-elle.

— Nous avons été attaqué par des vendeurs d'organes. Il a reçu deux flèches empoissonnées et la fée qui nous a sauvé n'a pas pu faire grand chose.

Les lèvres de la reine d'Arendelle commencèrent à trembler et des larmes coulèrent sur ses joues rosies par le froid. Elle se jeta dans les bras de Raiponce, qui la serra fort. La pression accumulée sortait enfin, ce qui soulagea Anna un tout petit peu. Mais en même temps, elle s'inquiétait toujours pour la vie du chef Viking.

— J'ai eu tellement peur.

— Ça va aller, Anna.

Ne perdant pas de temps avec les retrouvailles larmoyantes, Mérida chercha un moyen de mettre Harold en sûreté. Si elle ne voulait pas qu'il meurt, il fallait d'abord trouver un endroit hors d'atteindre de la tempête de neige. Elle ordonna alors aux deux autres reines d'aller en reconnaissance pendant qu'elle veillait sur le blessé. Anna et Raiponce partirent sans attendre, laissant Mérida seule avec Harold. En attendant, elle tenta de le réveiller, en vain. Les petites claques qu'elle lui donnait ne lui faisait rien. Elle avait beau lui frotter la main, rien à faire. Le brun ne réagissait pas.

En le voyant dans cet état, Mérida ne put s'empêcher de pleurer. Elle n'avait jamais pleuré pour quelqu'un d'autres auparavant. C'était étrange de sentir une telle douleur au fond de sa poitrine. La rousse caressa d'une main tremblante la joue d'Harold, espérant qu'il se réveille. Mais tout ce qu'elle reçu fut la froideur de sa peau. Puis, d'un geste presque désespéré, elle posa son front contre le sien. Une larme roula de sa joue et atterri sur cette du brun.

— Je vous en prie, réveillez-vous...

Comme si on avait entendu l'appel désespéré de son cœur, un souffle chaud s'écrasa sur ses lèvres et elle cligna des paupières pour voir les yeux à moitié ouverts du Viking. Ses larmes redoublèrent d'intensité et elle serra Harold dans ses bras, tandis qu'il couina de douleur. Immédiatement, Mérida s'écarta de lui et se confondit en mille excuses. Au même moment, Raiponce et Anna arrivèrent en courant, la prévenant de la présence d'une grotte non loin de là où ils étaient. Et sans perdre un instant, les trois femmes firent de leur mieux pour trainer le brun dans cette dite grotte.

Quand il fut finalement installé au fond de l'abri de pierre, Mérida le mit dos au mur. Anna souffla, imitée par Raiponce. La reine de Corona analysa rapidement leur situation. Harold était mal en point et il faisait un froid de canard même à l'intérieur. Il serait judicieux d'aller chercher quelque chose pour faire du feu.

— Même si nous sommes à l'abri de la tempête, il fait toujours aussi froid. Je propose qu'on aille chercher du bois pour faire le feu. Dit-elle.

— Où veux-tu qu'on en trouve? Demanda Anna.

— J'ai repéré un tas de bois là où nous sommes passé. Viens avec moi, Anna.

— Mais, et eux?

— Ils se débrouilleront bien le temps de quelques minutes. Ça ne sera pas long, je te le promets.

Anna ceda finalement, comprenant qu'elles allaient également mourir gelées s'il n'y avait pas quelque chose pour les réchauffer. Les deux reines quittèrent alors la grotte, laissant le blessé aux mains de la rousse. Harold se réveilla complètement et prit appui sur ses mains pour se redresser.

— Ne faites pas trop d'efforts, vous êtes blessé.

Le brun esquissa tout de même un sourire, malgré la douleur. Vidia ne plaisantait pas quand elle disait que la guérison dépendrait de son corps. Et il savait que l'organisme humain était lent à cicatriser.

— J'ai vécu pire. Je n'ai pas d'exemple précis à l'esprit mais...

Avant même qu'il ne finisse sa phrase, Mérida l'entoura de ses bras, tentant du mieux qu'elle pouvait de masquer ses reniflement. Légèrement désarçonné, Harold répondit à son étreinte quelques secondes plus tard.

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