Chapitre 35

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Harold et Anna sortirent du portail et ne retrouvèrent personne devant eux. Ils auraient dû sauter en même temps pour ne pas se retrouver séparés. La brune appréhendait déjà une mauvaise suite à ce saut dans la spirale verte, mais elle ne s'attendait pas à un endroit aussi sombre. Tout autour d'eux était plongé dans une atmosphère lugubre. L'herbe était presque noire et une odeur de brûlé flottait dans l'air. Au loin, des lueurs vertes crachaient des nuages de fumée qui n'annonçaient rien de bon.

— Où sommes-nous? Demanda-elle à Harold.

— Je ne sais pas, mais cet endroit n'a pas l'air rassurant.

Soudain, un bruit se fit entendre derrière les arbres et le brun tira vite la reine d'Arendelle pour se cacher derrière un buisson. Anna resta pétrifiée quand une fumée noire-violette passa devant eux, produisant un bruit sinistre. Elle ne pouvait dire si c'était un soupire exagéré ou un cri lointain. Avaient-ils atterri dans un endroit pire que la forêt pastelle?

— Qu'est-ce que c'était? Demanda-t-elle, apeurée.

— Allons-y, ne restons pas ici. On doit trouver un moyen de rejoindre Mérida et Raiponce.

— Mais on ne sait pas où sont-elles allées. Et sans vouloir être pessimiste, je ne pense pas que l'on puisse trouver facilement de l'aide dans cet endroit.

Harold soupira. Les choses se compliquaient pour eux. Ils ne connaissaient rien de ce monde et étaient seuls contre tout une région sombre. Anna avait probablement raison, ils auraient des problèmes s'ils ne trouvaient pas un bon plan. Mais quoi faire? Les options étaient très limitées. Soit ils demandaient leur chemin dans l'espoir de ne pas se faire égorger, soit ils erraient dans cet endroit jusqu'à trouver un nouveau portail, ce qui n'était pas près d'arriver.

— Nous n'avons pas d'autres choix que de demander à quelqu'un. Dit-il.

Malgré tout, Anna hocha la tête, également à court d'idées. La reine d'Arendelle suivit le chef de Beurk, alors qu'il se dirigeait vers l'une de ces lueurs vertes. Elle sortit son épée et la garda en main, au cas où ils devraient se battre. Quand ils arrivèrent à une clairière, ils y découvrirent un étrange village. Ils ne pouvait même pas appeler l'endroit un village car il n'y avait que des commerces. Enfin, ce qui se rapprochait le plus d'un commerce. Les lumières vertes étaient en fait des flammes crépitant dans des lanternes, éclairant les clients et les vendeurs.

Tout les gens présents se jetaient des regards méfiants et portaient des vêtements sombres pour ne pas se faire remarquer. Les deux humains étaient des cibles très facilement repérables avec leurs habits. Mais ils ne pouvaient rien faire. Ils n'avaient pas de déguisements, ni même de cape. Déterminé de retrouver le reste du groupe, Harold prit son courage à deux mains et marcha dans les rues, Anna sur ses talons. Malgré sa peur, elle tenta tout de même d'avoir l'air féroce en gardant les yeux devant elle, ainsi que les sourcils froncés, en espérant qu'elle soit assez menaçante pour que personne ne vienne les déranger.

— Vous, là-bas! Qui êtes-vous?

C'était raté. Tous les gens avaient déjà leurs regards braqués sur eux. Et c'étaient loin d'être des regard bienveillants. Les deux souverains s'immobilisèrent en entendant la voix et Harold chercha celui qui les avait appelé. Un lion sortit de l'ombre et traça son chemin d'un pas nonchalant vers les intrus. L'animal avait étrangement une expression humaine sur le visage. Il avait l'air en colère. Son oeil vert arborait une balafre qui contrastait avec son pelage. Était-ce ce fauve qui venait de parler? Anna aurait tout vu dans ce bas monde.

— Je vous ai posé une question.

Effectivement, c'était bien le lion qui les avait appelé. Sentant l'effroi de la brune face à l'animal, ce fut Harold qui prit la parole.

— Nous ne vous voulons pas de mal, rassurez-vous. Nous sommes des humains.

Quelques exclamations s'élevèrent dans la foule et le lion sourit, une étincelle pas très rassurante brillant dans les yeux.

— Des humains, dites-vous? Intéressant.

Harold sentit du mouvement autour d'eux. Ayant l'ouïe assez fine, il entendit des lames s'entrechoquer. Le fait d'avoir révélé sa nature n'augurait peut-être rien de bon. Et c'était le cas, car tous les hommes présents se levèrent de leurs sièges pour s'approcher des deux humains. Le lion suivit le mouvement également.

— Savez-vous que le cadavre d'une créature qui ne vient pas de notre région vaut de l'or, ici?

Comprenant qu'elle devait se battre mieux que jamais, Anna brandit son épée, décidée à découper quelques têtes. Personne n'allait vendre ni son cadavre, ni celui d'Harold. Le premier à lancer l'assaut fut le lion parlant. Il sauta sans délai sur les deux étrangers, ce qui surprit le brun. Il esquiva, mais pas assez tôt pour éviter les griffes acérées du félin. Le bras du Viking fut zébré de rouge et il grogna. Mais le lion n'en avait pas fini avec lui. Il revint à l'attaque, tuant un autre adversaire. Chacune des personnes présentes semblaient se battre pour avoir les visiteurs en premier. Même s'ils mouraient, Harold était sûr qu'ils se battraient pour leurs dépouilles.

Du côté d'Anna, ce n'était pas non plus la grande joie. Ses adversaires étaient tous différents. Tandis que l'un d'entre eux était un arbre, un autre cachait des rats dans son manteau. C'était à se demander si il n'était pas entièrement fait de rats. Un autre n'avait pas de visage. La brune ésquivait chacun de leurs coups avec beaucoup de peine. Ces gens-là avaient la même technique d'attaque qu'elle. À savoir, envoyer son épée dans tous les sens avec le plus de force possible. Des mouvements aléatoires étaient très difficiles à parer. Un grognement la  déconcentra et elle se tourna derrière elle pour voir une flèche plantée dans le ventre du chef Viking.

Harold ne pouvait pas gérer autant d'adversaires. Il avait essayé de les faire s'entretuer, mais leur principale cible restait lui. La blessure causée par le lion avait l'air profonde et il ne sentait presque plus son bras. Sans qu'il ne puisse rien faire, une flèche se planta dans son ventre, le faisant grogner de douleur. Ce n'était pas une flèche ordinaire. Le brun avait déjà reçu des flèches dans sa vie, mais jamais une aussi douloureuse. Il tomba à genoux, sentant qu'il s'enflammait de l'intérieur. C'était la brèche que ses assaillants attendaient. Le lion fut le premier à sourire, après avoir arraché la tête d'un archer de ses crocs.

La reine d'Arendelle accourut rapidement, brandissant son arme et lâchant un cri de guerre. D'un geste, elle trancha la peau du cou du fauve. Ce dernier laissa échapper un rugissement puissant dû à la douleur. Malheureusement, Anna n'avait pas frappé assez fort pour lui trancher la tête. Le lion blessé se retourna vers elle, prête à la dévorer, pendant qu'elle se débattait contre un autre monstre. La brune tenta d'enfoncer son arme entre les deux yeux du lion, mais l'animal la désarma d'un seul mouvement de la patte. L'épée glissa par terre, ce qui laissa sa propriétaire sans moyen de défense.

Au moment où il sauta sur elle, il fut interrompu dans son élan par un corps qui lui tomba dessus. Le lion fut écarté à plusieurs mètres de la reine. Quand elle se retourna pour voir celui qui avait balancé ce corps, elle vit un Harold transpirant comme jamais un humain n'avait transpiré. Ses cheveux lui collaient au front et elle vit même une grosse goutte de sueur tomber par terre. Le Viking avait sa main sur sa blessure, qui semblait saigner abondamment. Mais malgré la douleur, il continuait de se battre. Ses mouvements n'étaient plus aussi précis et il reçu plusieurs coupures de la part des monstres.

Une deuxième flèche perfora son épaule, ce qui fut suffisant pour qu'il perdre conscience.  Le cœur de la brune accéléra ses battements quand elle le vit tomber, face contre terre. Il ne pouvait pas mourir de la sorte.

— Harold!! S'égosilla-t-elle.

Elle était alors seule contre des monstres vendeurs de cadavres. Une brise légère vint caresser sa peau moite et ruisselante de sueur. Puis, la brise se fit plus puissante, se changeant en une bourrasque qui souleva quelques tabourets. Les monstres avait l'air de n'avoir jamais senti le vent car ils regardèrent dans tous les sens, comme perdus. Bientôt un tourbillon se forma entre eux et Anna. De ce tourbillon de poussière apparu une femme capuchonnée à l'air aussi grave que la situation. Elle se retourna vers la brune et lui jeta une poudre au visage. L'instant d'après, elle était à terre, prête à rejoindre le monde des rêves. Anna sentit un vent puissant avant de réellement perdre connaissance.

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